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John Martin (1789-1854), The Bard (1817). Détail.


HISTOIRE LITTÉRAIRE

GENRES/NOTIONS

Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe (1848)

« Chateaubriand, poète du souvenir »

Pour aider à aborder avec rigueur le «Romantisme», voici quelques textes et citations - il y en aura d'autres - à méditer. La lecture et l'étude de l'introduction au volume de l'Histoire de la littérature française (GF-Flammarion), « de Chateaubriand à Baudelaire », par Max Milner et Claude Pichois, constituent un préalable indispensable.


Romantisme, revue de la Société des études romantiques, n°1-2, 1971

Pour «Romantisme»

«Fonder une société des études romantiques aux visées internationales pouvait paraître une gageure : comment assurer la concordance de tant de romantismes divers, selon les pays ou les moments, dès lors, surtout, que nous entendions ne pas restreindre a priori la notion de romantisme, faute d'une définition qui est toujours en question et en devenir? Incertitudes sur la nature du phénomène, disparité de ses manifestations, contradictions dans ses effets, ambiguïté de ses formes spécifiques d'expression, étendue de son aura sémantique, à travers métamorphoses et résurgences: le fait romantique échappe à toute prise sûre. On sait, d'instinct ou d'habitude, qu'il est ce qui prend nom au dix-neuvième siècle et pourrait bien en constituer la réalité, en dehors de toute école; mais comment lui assigner des dates un peu précises, sans déjà choisir son romantisme ? Le mot — et la chose —, qui ne cesse d'être nourri des conflits où l'histoire l'a fait vivre (disons, par provision, du milieu du dix-huitième siècle à la naissance de notre siècle), ne trouve assise que dans le mouvant, équilibre que par un jeu d'oppositions : énergie/nostalgie, avenir/passé, révolution/réaction, solidarité /solitude, optimisme/désespérance, nature /civilisation, pour ne citer que quelques couples éponymes. Il recouvre toutes les aventures de l’esprit; ses points de fuite sont, hors du temps, le mythe et l'utopie, hors du monde, les paradis artificiels ; ses points d'ancrage, le quotidien, l'espace humain, rural et citadin, l'expérience du social. Lieu du clos et de l'ouvert, de l'ombre et de la lumière, de l'absolu et du relatif, il dit les puissances et les fêtes de l'imaginaire, les chatoiements du pittoresque, la quête spirituelle, les rêveries du repos et de la volonté, l'héroïsme mais aussi le grouillement de l'informe, l'extase matérielle, l'ironie radicale, la révolte sans cris. Serait-il aujourd'hui la simple survivance lexicale ď un signifié résiduel, qu'il faudrait encore s'interroger sur les raisons de son emploi et la persistance de son effet, ou même savoir discerner, sous des vocables plus récents, la permanence de ce qu'il désignait : le mal et l'enfance d'un autre siècle, Prométhée et ses chaînes, la recherche d'un absolu et la perte des illusions. (...)» Suite du texte en cours, au moment de l'étude.


Novalis, Poéticismes (1798) :

«Le monde doit être romantisé. C’est ainsi que l’on retrouvera le sens originel. (...) Cette opération est encore totalement inconnue. Lorsque je donne à l’ordinaire un sens élevé, au commun un aspect mystérieux, au connu la dignité de l’inconnu, au fini l’apparence de l’infini, alors je les romantise (...).»

Traduction d'Olivier Schefer (éd. Allia)


Chateaubriand, Génie du christianisme (1802) :

II, III : De la poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions

IX : «Du vague des Passions»

«Il reste à parler d'un état de l'âme qui, ce nous semble, n'a pas encore été bien observé : c'est celui qui précède le développement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières, mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet. Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d'exemples qu'on a sous les yeux, la multitude de livres qui traitent de l'homme et de ses sentiments rendent habile sans expérience. On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l'on n'a plus d'illusions. L'imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l'existence pauvre, sèche et désenchantée. On habite avec un cœur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout. L'amertume que cet état de l'âme répand sur la vie est incroyable ; le cœur se retourne et se replie en cent manières, pour employer des forces qu'il sent lui être inutiles.»

II, IV : Du merveilleux, ou de la poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels

I : «Que la mythologie rapetissait la nature ; que les anciens n'avaient point de poésie proprement dite descriptive.»

« Il a fallu que le christianisme vînt chasser ce peuple de faunes, de satyres et de nymphes, pour rendre aux grottes leur silence et aux bois leur rêverie. Les déserts ont pris sous notre culte un caractère plus triste, plus grave, plus sublime : le dôme des forêts s’est exhaussé. les fleuves ont brisé leurs petites urnes, pour ne plus verser que les eaux de l’abîme du sommet des montagnes : le vrai Dieu, en rentrant dans ses œuvres, a donné son immensité à la nature. »


Leopardi, Zibaldone (1817-1832)

« Rien de poétique ne sera jamais découvert par la raison pure, simple et mathématique. Tout ce qui est poétique se ressent avant de se connaître et de se comprendre, ou mieux : c’est en ressentant ce qui est poétique qu’on le connaît et qu’on le comprend, car cela ne peut être connu, découvert et compris qu’en étant ressenti. La pure raison mathématique ne peut rien ressentir. Il appartient à l’imagination et à la sensibilité de découvrir et de comprendre toutes ces choses (…). »

Traduction de Bertrand Schefer (éd. Allia)


Lamartine, Méditations poétiques (1820) : Extrait de la préface de l’édition de 1849

« Il fallait avoir un dictionnaire mythologique sous son chevet, si l'on voulait rêver des vers. Je suis le premier qui ai fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ai donné à ce qu'on nommait la muse, au lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du cœur de l'homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l'âme et de la nature. »


Shelley, Défense de la poésie (1821)

« Les poètes sont les hiérophantes d’une inspiration indistincte, les miroirs des ombres géantes que l’avenir jette sur le présent, les paroles qui expriment ce qu’elles ne sont pas en mesure de comprendre, les clairons qui appellent au combat mais ne sentent ce qu’ils inspirent, l’influence qui n’est pas animée, mais qui anime. Les poètes sont les législateurs secrets du monde. »

Traduction de Franck Lemonde (éd. Rivages poche / Petite Bibliothèque)


Baudelaire, extrait du Salon de 1846

«Le romantisme n'est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. Ils l'ont cherché en dehors, et c'est en dedans qu'il était seulement possible de le trouver. Pour moi, le romantisme est l'expression la plus récente, la plus actuelle du beau. Il y a autant de beautés qu'il y a de manières habituelles de chercher le bonheur. La philosophie du progrès explique ceci clairement; ainsi, comme il y a eu autant d'idéals qu'il y a eu pour les peuples de façons de comprendre la morale, l'amour, la religion, etc., le romantisme ne consistera pas dans une exécution parfaite, mais dans une conception analogue à la morale du siècle. C'est parce que quelques-uns l'ont placé dans la perfection du métier que nous avons eu le rococo du romantisme, le plus insupportable de tous sans contredit. Il faut donc, avant tout, connaître les aspects de la nature et les situations de l'homme, que les artistes du passé ont dédaignés ou n'ont pas connus. Qui dit romantisme dit art moderne, - c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l'infini, exprimées par tous les moyens que contiennent les arts.»


Victor Hugo, Proses philosophiques (1860-1865)

PROMONTORIUM SOMNII

LE PROMONTOIRE DU SONGE

« Le poëte complet se compose de ces trois visions : Humanité, Nature, Surnaturalisme. Pour l’Humanité et la Nature, la Vision est observation ; pour le Surnaturalisme, la Vision est intuition. » (…)

« Donc songez, poètes ; songez, artistes ; songez, philosophes ; penseurs, soyez rêveurs. Rêverie, c’est fécondation. L’inhérence du rêve à l’homme explique tout un côté de l’histoire et crée tout un côté de l’art. Platon rêve l’Atlantide, Dante le Paradis, Milton l’Éden, Thomas Morus la Cité Utopia, Campanella la Cité du Soleil, Hall le Mundus Alter, Cervantes Barataria, Fénelon Salente. Seulement n’oubliez pas ceci : il faut que le songeur soit plus fort que le songe. Autrement danger. Tout rêve est une lutte. Le possible n’aborde pas le réel sans on ne sait quelle mystérieuse colère. Un cerveau peut être rongé par une chimère. » (…)

« La rêverie est un creusement. Abandonner la surface, soit pour monter, soit pour descendre, est toujours une aventure. La descente surtout est un acte grave. Pindare plane, Lucrèce plonge. Lucrèce est le plus risqué. L’asphyxie est plus redoutable que la chute. De là plus d’inquiétude parmi les lyriques qui creusent le moi que parmi les lyriques qui sondent le ciel. Le moi, c’est là la spirale vertigineuse. Y pénétrer trop avant effare le songeur. Du reste toutes les régions du rêve veulent être abordées avec précaution. » (…)

« L’Homme a besoin du rêve. » (…)

« Rêves, rêves, rêves. Les uns grands, les autres chétifs. L’habitation du songe est une faculté de l’homme. L’empyrée, l’élysée, l’éden, le portique ouvert là-haut sur les profonds astres du rêve, les statues de lumière debout sur les entablements d’azur, le surnaturel, le surhumain, c’est là la contemplation préférée. L’homme est chez lui dans les nuées. »

PRÉFACE DE MES ŒUVRES ET POST-SCRIPTUM DE MA VIE

« Comme l’antique Jupiter d’Égine à trois yeux, le poëte a un triple regard, l’observation, l’imagination, l’intuition. L’observation s’applique plus spécialement à l’humanité, l’imagination à la nature, l’intuition au surnaturalisme. Par l’observation, le poëte est philosophe, et peut être législateur ; par l’imagination, il est mage, et créateur ; par l’intuition, il est prêtre, et peut être révélateur. Révélateur de faits, il est prophète ; révélateur d’idées, il est apôtre. — Dans le premier cas, Isaïe ; dans le second cas, saint-Paul. » (…)

« C’est la science académique et officielle qui, pour avoir plus tôt fait, pour rejeter en bloc toute la partie de la nature qui ne tombe pas sous nos sens et qui par conséquent déconcerte l’observation, a inventé le mot surnaturalisme. Ce mot, nous l’adoptons, il est utile pour distinguer, nous nous en sommes déjà servi et nous nous en servirons encore, mais, à proprement parler et dans la rigueur du langage, disons-le une fois pour toutes, ce mot est vide. Il n’y a pas de surnaturalisme. Il n’y a que la nature. La nature existe seule et contient tout. Tout Est. Il y a la partie de la nature que nous percevons, et il y a la partie de la nature que nous ne percevons pas. Pan a un côté visible et un côté invisible. Parce que sur ce côté invisible, vous jetterez dédaigneusement ce mot surnaturalisme, cet invisible existera-t-il moins ? X reste X. L’Inconnu est à l’épreuve de votre vocabulaire. » (…)


Victor Hugo, William Shakespeare (1864) :

«Ce mot, romantisme, a, comme tous les mots de combat, l’avantage de résumer vivement un groupe d’idées ; il va vite, ce qui plaît dans la mêlée ; mais il a, selon nous, par sa signification militante, l’inconvénient de paraître borner le mouvement qu’il représente à un fait de guerre ; or ce mouvement est un fait d’intelligence, un fait de civilisation, un fait d’âme ; et c’est pourquoi celui qui écrit ces lignes n’a jamais employé les mots romantisme ou romantique. On ne les trouvera acceptés dans aucune des pages de critique qu’il a pu avoir l’occasion d’écrire. S’il déroge aujourd’hui à cette prudence de polémique, c’est pour plus de rapidité et sous toutes réserves.»


HISTOIRE LITTÉRAIRE

GENRES/NOTIONS

Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe (1848)

« Chateaubriand, poète du souvenir »

Programme de travail

Travaux : L’édition de référence est celle de Jean-Claude Berchet, aux éditions Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », n°16050.

Textes à lire minutieusement :

a) «Avant-propos », en entier, p. 33-36 ; b) Livre II, ch. 8 : « Fantôme d’amour », p.94-96 ; c) Livre II, ch. 9 : « La Grive de Montboissier », texte donné en photocopie ; d) Livre III, ch. 10 : « Mes joies de l’automne », p. 98-99 ; e) Livre III, ch. 11 : « Incantation », p.99-101 ; f) Livre III, 14 : « C’est dans les bois de Combourg… » ; g) Livre XXXV, ch. 16 : « Les Montagnes », p. 336-369 ; h) Livre XXXVI, ch. 12 : « Entrée en Bohème » (Conversation avec la lune), p. 398-400 // XXXVIII, ch. 5, «Invocation à Cynthie», p.411-414 // XXXVIII, ch. 7, «Dialogue avec une hirondelle», p. 418-420 ; i) Livre XXXIX, ch.4 : «Venise», p.424-427 ; j) Livre XXXIX, ch. 10b (chapitre retranché) : «Beaux génies inspirés par Venise», p. 429-431 ; k) Livre XXXIX, ch. 18 : «Rêverie au Lido», p. 438-441 ; l) Livre XLII, ch. 9 : «Mort de Charles X», p. 466-469 ; m) «Conclusion», p. 469-490, en particulier le chapitre 18, p. 486-490.

1. Sur le romantisme : lecture de l’introduction de Max Milner et Claude Pichois : «Problématique du romantisme», dans Histoire de la Littérature française. – de Chateaubriand à Baudelaire, 1985. Lecture des textes de poètes romantiques français et européens (cf. ci-dessus) : synthèse requise.

2. En guise d’introduction, écoutez les deux séquences vidéo sur Chateaubriand qui figurent sur le Blogue des Lettres en HK (sur cette page même) et prenez des notes : il vous est demandé de bien comprendre, avec Jean-Paul Clément et Julien Gracq, comment Chateaubriand se fait, à travers les Mémoires d’outre-tombe, un poète «d’ailleurs», qui juge de cet autre monde l’Histoire des hommes et sa propre histoire. Poète, plus qu’historien ou mémorialiste purs, il veut être l’homme de la fin d’un monde. Dans ce sens, les Mémoires peuvent être lus comme une œuvre à la fois épique et lyrique qui «poétise» l’Histoire… Inventoriez tous les régimes politiques que Chateaubriand a traversés, et relevez les grandes dates de sa chronologie, dans votre édition, pages 491-502. La lecture de l’introduction de Jean-Claude Berchet, pages 5 à 30 est également requise. Pour mieux saisir enfin le rapport complexe qui unit Chateaubriand à l’un de ses illustres prédécesseurs dans le domaine de l’écriture autobiographique, il convient de se renseigner précisément sur Jean-Jacques Rousseau et ses deux œuvres majeures, Les Confessions et Les Rêveries du promeneur solitaire. En ce qui concerne le « genre » de l’œuvre, faire une fiche sur les notions suivantes : autobiographie, mémoires, journal.

3. Synthèse. Texte 1 : «Avant-propos». Il éclaire le titre choisi, Mémoires d’outre-tombe, dont le caractère paradoxal a quelque chose d’intrigant. Interrogez-vous donc sur sons sens, dans cet avant-propos, a) en questionnant le projet et la démarche de Chateaubriand dans cette entreprise autobiographique, b) mais aussi en réfléchissant sur la préoccupation esthétique qui gouverne cette œuvre, dont on voit bien qu’elle est inséparable d’une réflexion métaphysique sur le sens de l’existence.

(...)

10. Exposés : 1) Chateaubriand et Proust : « La Grive de Montboissier » et « La Madeleine ». Etude comparative sur la signification esthétique et éthique de ces expériences de mémoire involontaire (Du côté de chez Swann est au programme cette année !). 2) Le mythe de la Sylphide dans les arts : musique et littérature. 3) L’ennui et le désabusement dans les Mémoires d’outre-tombe. 4) La mort dans les Mémoires d’outre-tombe.

11. Bibliographie (quelques titres, qui seront commentés en cours) : a) Pour une initiation : CLÉMENT, Jean-Paul, Chateaubriand: « Des illusions contre des souvenirs», Gallimard, coll. « Découverte », 2003. DIDIER, Béatrice, Chateaubriand, ellipses, 1999. LE GUILLOU, Philippe, Chateaubriand à Combourg, éd. Christian Pirot, 1997. b) Pour aller plus loin : GRACQ, Julien, Préférences, Paris, Corti, 1961 («Le Grand Paon») FUMAROLI, Marc, Chateaubriand. - Poésie et Terreur, Gallimard, coll. « TEL », 2006 (2003, pour l'édition originale). RICHARD, Jean-Pierre, Paysage de Chateaubriand, Paris, Seuil, 1967. BARBÉRIS, Pierre, Chateaubriand, une réaction au monde moderne, Paris, Larousse, 1976. MOUROT, Jean, Le Génie d'un style. Rythme et sonorité dans les Mémoires d'outre-tombe, Paris, A. Colin, 1969. RIFFATERRE, Michael, La Production du texte. Chapitre VIII : « De la structure au code : Chateaubriand et le monument imaginaire », Paris, Seuil, 1979. BÉNICHOU, Paul, Le Temps des prophètes. Doctrines de l'âge romantique, Paris, Gallimard, 1977. VADÉ, Yves, L'Enchantement littéraire. Écriture et magie de Chateaubriand à Rimbaud, Paris, Gallimard, 1970. C) Sur le poème en prose : BERNARD, Suzanne, Le Poème en prose. De Baudelaire jusqu’à nos jours, Nizet, 1959 (Etude fondatrice). SANDRAS, Michel, Lire le Poème en prose, Dunod, 1995. VADÉ, Yves, Le Poème en prose, Belin, 1996. (« Lettres sup. »). (Brillante synthèse assortie d’une anthologie de poèmes en prose. A consulter de préférence).


Emission sur Chateaubriand, en compagnie de Jean-Paul Clément :


Quelques mots de Julien Gracq sur Chateaubriand :