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Lagrenée dit l’aîné, Louis-Jean-François (1725-1805) : La Magistrature représentée par la Justice que l’Innocence désarme. La Prudence l’en félicite. 1766, The Art Museum, Princeton.

SIXIÈME ENTRETIEN :

Samantha D.

Ancienne Elève en Classe Préparatoire Littéraire à Pierre d’Ailly, de 2010 à 2012 :

2010-2011 : Hypokhâgne.

2011-2012 : Khâgne Spécialité Histoire-Géographie.

Sous-admissible au concours de l’ENS Lyon Lettres et Sciences humaines, session 2012.

1. Après l’obtention du Bac, saviez-vous à quel type d’études vous souhaitiez vous consacrer ?

A cette époque, je n’avais aucune certitude quant à mon avenir – c’était d’ailleurs source de grandes préoccupations et de profondes réflexions. J’oscillais entre l’enseignement des lettres, la magistrature, et l’audit.

2. Comment avez-vous découvert l’existence des classes préparatoires littéraires, Hypokhâgne (Lettres supérieures) et Khâgne (Première supérieure)?

Déjà très soucieuse de mes études et de ma future carrière, j’avais, dès la Première, envisagé toutes les possibilités qui s’offraient à moi. Concrètement, j’avais sollicité plusieurs conseillers d’orientation afin d’être guidée. Malgré cette démarche, je demeurais sans inclination particulière pour une filière. En revanche, ma réticence à l’encontre de l’université était avérée – univers, il est vrai, anonymisé, grouillant d’étudiants plus ou moins diligents.

N’aimant pas rester à la surface des choses, et désireuse de nourrir mon insatiable appétit pour la connaissance, je me suis naturellement tournée vers la prépa : cette structure était la plus adaptée à mes attentes.

3. Arrivée en Hypokhâgne, quelles ont été vos premières impressions ?

Je me suis sentie immédiatement à l’aise dans ce milieu. L’envie de travailler, d’écrire, d’approfondir, de m’élever intellectuellement m’a frappée dès le premier contact avec les professeurs. La quantité et la qualité de travail ne m’ont pas effrayée : elles m’ont stimulée.

4. Quelles sont les exigences de la classe d’Hypokhâgne ? Qu’attend-on des élèves qui veulent y entrer ?

La prépa, en tant qu’institution élitiste, exige une certaine disposition de l’élève. Nombreuses sont les qualités attendues (curiosité, rigueur, minutie, notamment), mais deux me semblent cruciales. Ainsi, faudra-t-il de la sensibilité, évidemment, et de la persévérance, assurément.

5. Comment êtes-vous parvenue à organiser votre travail pour répondre à ces exigences ? Avez-vous rencontré des difficultés dans ce domaine?

L’organisation est, selon moi, l’une des clés de la réussite. C’est pourquoi, j’essayais (et je continue de le faire) de respecter une certaine discipline : chaque soir, je relisais les cours de la journée. Je les reprenais également le week-end, tout en les fichant. Quant aux devoirs à rendre, je m’y prenais toujours à l’avance afin d’en capter toutes les facettes et de les peaufiner.

6. Certains prétendent que la classe préparatoire est un « enfer »… Qu’en pensez-vous ?

Je n’ai jamais apprécié les rumeurs. Si l’on se contente des apparences, alors, oui, la prépa est un cadre de travail intense, « concentré ». Il faut y assimiler une multitude de connaissances, et être capable de structurer sa pensée de manière cohérente et pertinente. Ces opérations intellectuelles prennent du temps et nécessitent de la patience. Mais résumer la prépa à cela n’est pas correct et est surtout simpliste. La prépa est une véritable opportunité d’apprendre, de s’ouvrir, de façonner son esprit.

7. Que vous ont apporté vos deux ans de prépa ?

J’ai surtout constaté les fruits procurés par mes deux ans de prépa à l’Université. Avant cela, je n’avais pas pris la mesure des progrès accomplis. Ma troisième année de droit – au terme de laquelle des exercices complexes doivent être maîtrisés des étudiants, comme la dissertation, le commentaire – m’a fait prendre conscience de mon niveau d’analyse, de structuration des idées et de rédaction par rapport aux autres étudiants. Mes notes se sont alors envolées, ce qui m’a permis d’accéder au master que je convoitais.

8. Pourquoi avez-vous choisi le lycée Pierre d’Ailly, à Compiègne ? Quels sont, d’après vous, ses atouts ?

Je n’avais eu que des échos positifs au sujet de cette prépa. Je savais les enseignants qualifiés, patients, à l’écoute. En somme, le caractère « humain » de cette prépa a joué un rôle déterminant dans mon choix.

Par ailleurs, le cadre de travail (effectifs enviables, internat, parc) me semblait idéal pour mener à bien mon apprentissage.

9. Où en êtes-vous de vos études aujourd’hui ? Quels sont vos projets ?

Après deux ans de prépa, j’ai rejoint le monde du droit, en première année, à l’Université Panthéon-Assas (Paris). En effet, mon inclination pour le droit ne m’avait jamais quittée.

Je me suis rapidement spécialisée en droit privé, domaine dans lequel j’ai effectué divers stages pour concrétiser mes connaissances : cabinet d’avocats, étude d’huissiers.

Actuellement en master II, j’envisage désormais de me consacrer à l’élaboration d’une thèse. Le passage par la prépa confortera certainement ma candidature en doctorat.

10. Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux nouveaux Hypokhâgneux, ainsi qu’à ceux qui se demandent s’ils feront ou non ce choix en 2017 ?

L’orientation n’étant pas chose aisée, les nouveaux Hypokhâgneux devront s’interroger dès la rentrée sur la portée de leur motivation. Au premier abord, la prépa peut intimider, voire effrayer. Je crois qu’il faut néanmoins persévérer afin de dépasser cette première impression. Au surplus, je leur préconise de travailler sans relâche : la persévérance est toujours fructueuse.

Pour ceux qui hésitent à intégrer cette belle institution, je les invite à concevoir tous les bénéfices qu’ils pourraient en retirer, sur le court et particulièrement sur le long terme.