© Equateurs // Statue de Montaigne à Bordeaux, place des Quinconces. Œuvre du sculpteur Domenico Maggesi (1801-1892).
Félicitations pour votre admission en Lettres supérieures !
Vous allez recevoir, lors de votre inscription au lycée Pierre d'Ailly, une brochure dans laquelle vous trouverez, pour chaque discipline, une bibliographie et des consignes de lecture. Après un repos bien mérité, vous aurez à cœur de faire ces lectures nécessaires pour aborder sereinement la rentrée.
Je rappelle ci-dessous le programme d'étude en Lettres, auquel il faudra ajouter de nombreux extraits pour chaque genre littéraire, poésie, roman, théâtre, essai et un programme de lecture pour les colles, c'est-à-dire les interrogations orales (voir ci-dessous et dans la brochure en question).
Je vous souhaite de belles vacances, reposantes et studieuses !
PROGRAMME D’ÉTUDE
• Montaigne, Essais, tome I, éd. Gallimard, coll. « Folio classique » n° 4893. ISBN : 978-2070423811.
• Corneille, Cinna, éd. Gallimard, coll. « Folio classique » (édition de Georges Forestier). ISBN : 978-2070318636.
• Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire,éd. GF-Flammarion n°1296. ISBN: 978-2081275263.
• Victor Hugo, Les Misérables, tome 1, éd. Gallimard, coll. «Folio ». ISBN: 978-2070409228.
• Guillevic, Terraqué, éd. Gallimard, coll. « Poésie » ISBN: 978-207030133.
L’œuvre qui nous occupera dès la rentrée, après une réflexion sur la littérature du Moyen Age et de la Renaissance, est la suivante :
Les Essais, de Montaigne, tome 1(œuvre intégrale). A acquérir impérativement dans cette édition : éd. Gallimard, coll. « Folio classique » n° 4893. ISBN : 978-2070423811.
Si la lecture complète de ce fort volume n’est pas obligatoire, elle est vivement recommandée. Comment lire ? On peut suivre le conseil de Senancour, disciple de Rousseau, lui-même grand lecteur de Montaigne, qui fait dire ceci au personnage éponyme de son œuvre, Oberman (1804) : «On ne trouve point dans Montaigne ce que l’on cherche, on rencontre ce qui s’y trouve. Il faut l’ouvrir au hasard et c’est rendre une sorte d’hommage à sa manière. » (éd. GF-Flammarion, p. 170). Il faudra lire au moins une douzaine de chapitres (travail vérifié à la rentrée). Voici quelques titres, pour ceux qui seraient indifférents aux charmes du hasard : « Que philosopher c’est apprendre à mourir » (ch. XX) ; « De l’Amitié » (ch. XXVIII) ; « De la solitude » (Ch. XXXIX) ; « De la force de l’imagination » (ch. XXI) ; « Des pronostications » (ch. XI) ; « Des Menteurs » (ch. IX) ; « De la coutume de ne changer aisément une loi reçue » (ch. XXIII) ; « Des Cannibales » (ch. XXXI) ; « De l’institution des enfants » (ch. XXVI) ; « Du jeune Caton » (ch. XXXVII) ; « De Democritus et Heraclitus » (ch. L) ; « De la vanité des paroles » (LI), etc.
Vous pourrez préparer votre lecture de la pièce de Corneille, Cinna, en étant particulièrement attentif à ce que Montaigne dit de la clémence d'Auguste au chapitre XXIV, intitulé «Divers événements de même conseil» (Montaigne a lu et se souvient du De clementia de Sénèque - I, ix, 2-11 - qui évoque cet épisode historique) . Il ne fait pas de doute que l'étude des Essais préparera également votre lecture des Rêveries du promeneur solitaire, car Montaigne et Rousseau appartiennent - pour le dire vite - à une même tradition littéraire, même si celui-ci se distingue de celui-là à plus d'un titre. Et en lisant Victor Hugo, il ne sera pas impossible de retrouver, ici et là, des traces de Rousseau, que l'auteur des Misérables a cependant moins révéré que Voltaire : la responsabilité de la société dans la perpétuation du mal, un certain sentiment de la nature, la religion du cœur, que Mgr Myriel a en partage avec le vicaire savoyard (cf. le livre IV de l'Emile) sont autant de points de convergence qui montrent que Hugo n'a pas été insensible à la lecture de Rousseau. Quant à Guillevic, vous serez surpris de découvrir avec lequel (lesquels ?) de nos auteurs son œuvre a des assonances profondes... Ce sera ainsi l'occasion de constater que les siècles et les œuvres se répondent dans ce dialogue infini qu'est la littérature.
Pour vous familiariser avec Montaigne, vous pouvez lire le petit livre intitulé Un été avec Montaigne (1), d'Antoine Compagnon, professeur au Collège de France. Voici ce qu'il en dit lui-même au début de son livre :
« Les gens seraient étendus sur la plage ou bien, sirotant un apéritif, ils s’apprêteraient à déjeuner, et ils entendraient causer de Montaigne sur le poste. Quand Philippe Val m’a demandé de parler des Essais sur France Inter durant l’été (2), quelques minutes chaque jour de la semaine, l’idée m’a semblé très bizarre, et le défi si risqué que je n’ai pas osé m’y soustraire. D’abord, réduire Montaigne à des extraits, c’était absolument contraire à tout ce que j’avais appris, aux conceptions régnantes du temps où j’étais étudiant. À l’époque, l’on dénonçait la morale traditionnelle tirée des Essais sous la forme de sentences et l’on prônait le retour au texte dans sa complexité et ses contradictions. Quiconque aurait osé découper Montaigne et le servir en morceaux aurait été aussitôt ridiculisé, traité de minus habens, voué aux poubelles de l’histoire comme un avatar de Pierre Charron, l’auteur d’un Traité de la sagesse fait de maximes empruntées aux Essais. Revenir sur un tel interdit, ou trouver comment le contourner, la provocation était tentante. Ensuite, choisir une quarantaine de passages de quelques lignes afin de les gloser brièvement, d’en montrer à la fois l’épaisseur historique et la portée actuelle, la gageure paraissait intenable. Fallait-il choisir les pages au hasard, comme saint Augustin ouvrant la Bible ? Prier une main innocente de les désigner ? Ou bien traverser au galop les grands thèmes de l’œuvre ? Donner un aperçu de sa richesse et de sa diversité ? Ou encore me contenter de retenir certains de mes fragments préférés, sans souci d’unité ni d’exhaustivité ? J’ai fait tout cela à la fois, sans ordre ni préméditation. Enfin, occuper l’antenne à l’heure de Lucien Jeunesse, auquel je dois la meilleure part de ma culture adolescente, c’était une offre qui ne se refuse pas. »
(1) Editions des Equateurs.
(2) On peut réécouter ces émissions sur le site de France Inter : http://www.franceinter.fr/reecouter-diffusions/384649
Voici les œuvres sur lesquelles les colles porteront :
Théâtre : Molière, L’Ecole des femmes, Tartuffe, Le Misanthrope/ Corneille, Le Cid, Suréna / Racine, Britannicus, Andromaque, Phèdre/ Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard, Les Fausses confidences / Beaumarchais, Le Mariage de Figaro / Hugo, Ruy Blas, Hernani / Musset, Fantasio, On ne badine pas avec l’amour / Jarry, Ubu roi / Sartre, Huis-clos / Ionesco, La Leçon, Rhinocéros / Genet, Les Bonnes. *ŒUVRES À LIRE POUR OCTOBRE.
Romans/Récits/Nouvelles : Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves / Abbé Prévost, Manon Lescaut / Diderot, Jacques le fataliste/ Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses (la 2e partie) / Chateaubriand, René /Benjamin Constant, Adolphe / Stendhal, Le Rouge et le noir/ Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes (1re partie) / Maupassant, Les Contes de la bécasse / Zola, La Faute de l’abbé Mouret / Mauriac, Thérèse Desqueyroux / Céline, Voyage au bout de la nuit (1re partie) / Richard Millet, L'Angélus, suivi de La Chambre d'ivoire et L'Ecrivain Sirieix (Folio, 288 pages). * ŒUVRES À LIRE POUR LE 31 JANVIER 2015.
Poésie : Du Bellay, Les Regrets (les 15 premiers sonnets) / Rousset, Anthologie de la poésie baroque française (à lire au CDI) : Poèmes de la partie III, 1 « L’Eau en mouvement » / Lamartine, Méditations poétiques (« L’Isolement », « Le Vallon », « Le Lac ») / Baudelaire, Les Fleurs du mal (« Spleen et Idéal ») / Musset, Poésies (« La Nuit de mai », « La Nuit de décembre ») / Rimbaud, Poésies / Verlaine, Poèmes saturniens (quelques sonnets) / Apollinaire, Alcools (« Zone », « Le Pont Mirabeau », « La Chanson du Mal-Aimé ») / Ponge, Le Parti pris des choses (« Le Cageot », « Le Pain », « Végétation »). * ŒUVRES À LIRE POUR AVRIL 2015.
