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Vincent Van Gogh, Autoportrait (1889). (C) RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Gérard Blot. (Avec l’autorisation de l’agence photographique de la RMN-GP) // Première de couverture de Van Gogh le suicidé de la société , œuvre d'Antonin Artaud. (© éditions Gallimard).

Présentation du Musée d'Orsay :

«Quelques jours avant l'ouverture d'une rétrospective Van Gogh à Paris en 1947, le galeriste Pierre Loeb suggéra à Antonin Artaud (1896-1948) d'écrire un texte sur le peintre. Prenant le contrepied de la thèse de l'aliénation, Artaud s'attacha à démontrer comment la lucidité supérieure de Van Gogh gênait les consciences ordinaires. En voulant l'empêcher d'émettre "d'insupportables vérités", ceux que sa peinture dérangeait le poussèrent au suicide.

En s'appuyant sur les catégories ou les désignations singulières mises en avant par Artaud dans Van Gogh le suicidé de la société, le parcours de l'exposition se déroule à travers une quarantaine de tableaux, un choix de dessins et de lettres de Van Gogh ainsi qu'une sélection d'oeuvres graphiques du poète-dessinateur.

Lecture dans l'exposition, tous les jeudis entre 19h et 20h30, du Suicidé de la société d'Antonin Artaud par Jean-Luc Debattice, comédien.»

Source : http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/au-musee-dorsay/presentation-generale/article/van-gogh-artaud-37162.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=254&cHash=602ad3b13e

Sur cette page, une visite virtuelle de quatre minutes vous est proposée.


Antonin ARTAUD, Van Gogh le suicidé de la société (1947)

«Et il avait raison, Van Gogh, on peut vivre pour l'infini, ne se satisfaire que d'infini, il y a assez d'infini sur la terre et dans les sphères pour rassasier mille grands génies, et si Van Gogh n'a pas pu combler son désir d’en irradier sa vie entière, c’est que la société le lui a interdit.

Carrément et consciemment interdit.

Il y a eu un jour les exécuteurs de Van Gogh, comme il y a eu ceux de Gérard de Nerval, de Baudelaire, d'Edgar Poe et de Lautréamont.

Ceux qui un jour ont dit :

Et maintenant, assez, Van Gogh, à la tombe, nous en avons assez de ton génie, quant à l'infini, c’est pour nous, l'infini.

Car ce n'est pas à force de chercher l'infini que Van Gogh est mort,

qu’il s’est vu contraint d’étouffer de misère et d’asphyxie,

c'est à force de se le voir refuser par la tourbe de tous ceux qui, de son vivant même, croyaient détenir l'infini contre lui ;

et Van Gogh aurait pu trouver assez d'infini pour vivre pendant toute sa vie si la conscience bestiale de la masse n’avait voulu se l'approprier pour nourrir ses partouses à elle, qui n’ont jamais rien eu à voir avec la peinture ou avec la poésie.»

Antonin Artaud, Œuvres, éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2004, pages 1461-1462.


Deux émissions sur Antonin Artaud que l'on peut écouter gratuitement sur le site de l'INA. Dans ces deux documents sonores, on entend la voix impressionnante d'Artaud :

1. 10ème anniversaire de la mort d'Antonin Artaud (1958) :

http://www.ina.fr/audio/PHD98048311/10eme-anniversaire-de-la-mort-d-antonin-artaud-audio.html

2. Monsieur Van Gogh, vous délirez ? (1987) :

http://www.ina.fr/audio/PHD98042973/monsieur-van-gogh-vous-delirez-audio.html