Numéro des Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française consacré à Victor Hugo (Janvier 2013) // Galerie centrale du Musée d'Orsay.
Cette sortie de fin d'année est, comme les précédentes, une fête de la culture et de l'amitié.
Au musée d'Orsay, les élèves des classes préparatoires littéraires seront particulièrement attentifs à la période qui va de l'académisme à l'impressionnisme (dans le cadre du cours d'Histoire assuré par Sabine Peiffert) :
«La période 1848-1914 est l'une des plus riches de l'histoire de la peinture. Réagissant à l'académisme des salons, des peintres réalistes comme Courbet ou de jeunes artistes impressionnistes avec Manet, s'échinent à renouveler formes et sujets, dans une ébullition extrême de talents divers. Ils bousculent les critères traditionnels du bon goût et jettent les bases de la peinture moderne». (Source : Musée d'Orsay)
A la Comédie-Française, ils assisteront à la représentation de la Lucrèce Borgia de Victor Hugo, dans une mise en scène de Denis Podalydès, avec Guillaume Gallienne dans le rôle-titre et Eric Ruf dans le rôle de Don Alphonse d’Este. Les Hypokhâgneux, qui ont lu et étudié Les Contemplations, et les Khâgneux, qui ont Cromwell au programme de l'ENS cette année (cours de Catherine Raucy), pourront ainsi méditer sur l'esthétique hugolienne grâce au spectacle vivant.
Comme l'année dernière, nous prendrons le temps de nous promener dans les jardins du Palais-Royal. Quelques informations sur ce lieu de mémoire, qui a autant marqué la littérature que la politique. Et pour finir, une citation fameuse de l'auteur du Neveu de Rameau, Diderot :
« L'origine du Palais-Royal n'a rien de merveilleux. Richelieu, qui avait une cour et des sujets, voulut avoir un palais; n'osant pas régner en public, il aimait à trôner chez lui : il chargea donc son architecte Jacques Lemercier, de lui construire un logis royal ; pour l'élever, on choisit un emplacement près du mur d'enceinte de Paris, vers la rue Saint-Honoré. Commencées en 1629, ces constructions ne furent achevées qu'en 1636. Ce fut à cette époque seulement qu'on leur donna le nom de Palais-Cardinal. (…)Le Palais-Royal prend soin lui-même de ses titres historiques ; les pages qu'il conserve dans ses galeries de tableaux, forment le sommaire des différents chapitres de son existence. Ainsi, la Messe du cardinal de Richelieu, la Fondation de l'Académie française et la réception des premiers académiciens, en février 1635 ; la Mort, le testament de Richelieu et le legs de son palais au roi Louis XIII; l'Arrivée du cardinal de Retz, suivi d'une foule immense qui réclame à grands cris la liberté de Brousset, en 1640 ; deux épisodes à cette réclamation qui est le pire des évènements de la Fronde ; l'Arrestation des Princes, et enfin Anne d'Autriche montrant au peuple son fils endormi, disent les évènements dont le Palais-Royal fut le théâtre. Au mois de septembre 1715, la Régence de Philippe d'Orléans s'installa au Palais-Royal, et commença pour lui une ère nouvelle de luxe, de splendeur et de tumulte. Après avoir triomphé des premiers obstacles qui s'opposaient à l'établissement de sa Régence, Philippe, duc d'Orléans, s'arrangea pour donner à son Palais un aspect presque royal ; il embellit l'édifice et le dota d'une galerie de tableaux, dont il reste à peine aujourd'hui le catalogue, et quelques petites anecdotes qui ont longtemps charmé les loisirs des brocanteurs. La Cour, qui se pressait autour du Régent, n'avait rien des allures de celle qui avait entouré Anne d'Autriche et les deux cardinaux ; le règne de Louis XIV et de madame de Maintenon venait de finir, et ce qu'on redoutait le plus, c'était l'austérité et la dévotion dont on avait secoué le joug ; Philippe fit de sa demeure un lieu de plaisirs et de délices ; il voulut que tout y respirât le luxe et la volupté ; ses intentions ne furent que trop bien secondées. Le Palais-Royal affecta dès ce moment une liberté de mœurs, dont il a longtemps conservé le souvenir et les traces. »
Source : http://www.paris-pittoresque.com/monuments/46b.htm
Sous les arcades, autour du jardin :
« De très nombreux cafés, tripots et boutiques florissaient, sous les arcades, attirant jeunes soldats et filous de toutes sortes : " Le Véry ", premier restaurant à prix fixe (englobé dans le Grand-Véfour en 1859), le " Café des Aveugles ", où les quatre musiciens victimes de ce handicap échappaient ainsi à des spectacles outrageants pour les bonnes mœurs, la boutique du coutelier où Charlotte Corday acheta le couteau qui ôta la vie à Marat (1793), la salle de bal " Le Pince-Cul ", le " Café Méchanique " devant lequel s'agglutinaient les curieux pressés d'assister au spectacle inédit d'un service assuré par des monte-plats qui débouchaient au centre de chacune des tables, mais aussi des cafés qui marquèrent l'histoire. Au Grand-Véfour (1740), qui a résisté aux assauts du temps, les chaises accueillirent des séants respectables : Murat, l'explorateur Humboldt, le duc de Berry, Lamartine, Thiers ou Sainte-Beuve… Tandis que dans les appartements perchés au-dessus du café, se croisaient Danton, Robespierre ou Fabre d'Eglantine, car les galeries abritaient aussi des cabinets littéraires et de savants libraires. On y perdait des fortunes au biribi, au trente-et-quarante et à la roulette, on écoutait le ventriloque, découvrait le théâtre d'ombres chinoises, la Prussienne de 2,20m ou l'homme de 238 kilos... »
Source : http://www.paris.fr/
Diderot fait la confidence suivante, au début de son œuvre Le Neveu de Rameau (dont la rédaction fut commencée en 1762) :
« Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d'Argenson. Je m'entretiens avec moi-même de politique, d'amour, de goût ou de philosophie. J'abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l'allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d'une courtisane à l'air éventé, au visage riant, à l'œil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s'attachant à aucune. Mes pensées, ce sont mes catins.»
Il paraît que, selon l'abbé Desfontaines (1745), Diderot avait «autant d'ardeur pour les voluptés de l'esprit que les princes asiatiques pour celles du corps.»...