DISSERTATION LITTÉRAIRE GÉNÉRALE

Le Théâtre

Devoir à faire à la maison : à rendre mardi 05 mars 2013

Vous commenterez et discuterez ces propos du philosophe Henri Bergson, extraits de son livre intitulé Le Rire, en vous appuyant sur des exemples précis et en ne vous limitant pas au théâtre classique.

« La comédie vise à mettre sous nos yeux des types. Elle créera même, au besoin, des types nouveaux. Par là, elle tranche sur les autres arts. Le titre même des grandes comédies est déjà significatif. Le Misanthrope, L’Avare, Le Joueur, Le Distrait, etc., voilà des noms de genres ; et là même où la comédie de caractère a pour titre un nom propre, ce nom propre est bien vite entraîné, par le poids de son contenu, dans le courant des noms communs. Nous disons « un Tartuffe », tandis que nous ne dirions pas « une Phèdre » ou « un Polyeucte ».

Surtout, l’idée ne viendra guère à un poète tragique de grouper autour de son personnage principal des personnages secondaires qui en soient, pour ainsi dire, des copies simplifiées. Le héros de tragédie est une individualité unique en son genre. On pourra l’imiter, mais on passera alors, consciemment ou non, du tragique au comique. Personne ne lui ressemble, parce qu’il ne ressemble à personne. Au contraire, un instinct remarquable porte le poète comique, quand il a composé son personnage central, à en faire graviter d’autres tout autour qui présentent les mêmes traits généraux. Beaucoup de comédies ont pour titre un nom au pluriel ou un terme collectif. Les Femmes savantes, Les Précieuses ridicules, Le Monde où l’on s’ennuie, etc., autant de rendez-vous pris sur la scène par des personnes diverses reproduisant le même type fondamental. »

Le Rire (1900), éd. Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 1995 1940, pp.125-126.