Il sera question de montrer que si toute la littérature classique est « imprégnée » de rhétorique, pour des raisons historiques et culturelles, notre modernité littéraire n’y a pas renoncé pour autant.

Je souhaiterais affirmer, avec Albert Henry, que « La rhétorique est comme une catégorie kantienne, dans laquelle l’écrivain, inéluctablement, naît emprisonné ». HENRY, Albert : Métaphore et métonymie, Klincksieck, 1971, p. 7. Quelle que soit sa conception de la poésie, quelle que soit sa défiance à l’égard des mots et des images, le poète « œuvre » dans la langue, et le poème est une mise en figures. Ou, mieux dit :

Parlant, le dire se met en frais de figures précieuses. Il n’y a pas de discours neutre, arhétorique, isotrope. Et quand bien même le concept empirique d’écart pourrait servir à mesurer la préciosité, on pourra mesurer que la tournure de référence, dont « s’écarte » d’un ou plusieurs tours le tropisme analysé, n’est pas d’elle-même atropique. DEGUY, Michel : La Poésie n’est pas seule - Court traité de poétique, éditions du Seuil, coll. « Fictions & Cie », p. 78

Et Jean Paulhan montre bien dans son essai intitulé Les Fleurs de Tarbes (Gallimard, coll. « Folio », 1990 1941, p. 158) que le refus de la Rhétorique tente d’occulter une « rhétorique qui ne dit pas son nom » (accordons néanmoins à cette rhétorique le mérite de la nouveauté dans la réorganisation des figures).

La suite, en cours...