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Affiche du spectacle pour une retransmission au cinéma. Mais nous irons bien voir la représentation de Britannicus à la Comédie-Française...

Visite du musée du Louvre :

PROGRAMME :

LES CHEFS-D'ŒUVRE DU LOUVRE :

Le Sphynx, la Vénus de Milo, la Victoire de Samothrace, la galerie d'Apollon, la Joconde et les grands formats du XIXème siècle de l'aile Denon : les salles rouges face à la Victoire.

L'exposition Delacroix sera présentée en classe avec La Liberté guidant le peuple et Les Massacres de Scio qui ont été déplacés de l'aile Denon et placés en bas dans les salles de l'exposition Delacroix.

Les élèves sont invités à aller voir cette exposition avant les visites guidées avec conférenciers, prévues à 15h30 et durant 1h30. (S. Peiffert)


Nous irons tous ensuite à la Comédie-Française, salle Richelieu, voir Britannicus de Racine, dans une mise en scène de Stéphane Braunschweig:

Lire le passé à l’aune du présent, voilà sans doute ce que Stéphane Braunschweig sait faire mieux que quiconque : regard affûté qui renouvelle la lecture des textes pour nous les faire réentendre, respect absolu des mots et de l’auteur, vision de l’espace où se déploie le verbe.

Figure de proue du théâtre contemporain, il met en scène pour la première fois la Troupe en 2016 avec Britannicus de Racine. Et de s’attaquer ainsi à un répertoire qu’il n’avait encore jamais abordé, celui de la tragédie classique française. Mis en scène par Jean-Pierre Miquel en 1978, Jean-Luc Boutté en 1990 et Brigitte Jaques-Wajeman en 2004, Britannicus est un tissu d’intrigues entre professionnels de la politique. Leurs ambitions affichées sont étroitement mêlées à la sphère intime par les liens filiaux, par les haines ou les amours qu’ils se vouent. Racine choisit un épisode particulier de l’histoire romaine, ce moment où émerge un monstre, Néron, véritable héros d’une œuvre qui porte le nom de sa victime. C’est le récit d’une prise de pouvoir dont les ressorts sont contenus dans la personnalité du jeune empereur.

Dans un espace évoquant un « lieu de pouvoir moderne, réel, où se tiennent des discussions auxquelles le peuple n’a pas accès et où se prennent des décisions», Stéphane Braunschweig met en lumière « l’intrication étroite des données psychologiques et des données politiques ».

Avec Clotilde de Bayser, Albine ; Laurent Stocker, Néron ; Stéphane Varupenne, Britannicus ; Dominique Blanc, Agrippine...

Source : Programme de la Comédie-Française.


Pour se préparer à la promenade dans Paris, on peut lire et méditer les belles pages d'Aragon sur la «métaphysique des lieux» qui préludent à l'évocation poétique de ces derniers. Il y est notamment question de la singulière lumière des passages parisiens, ces galeries ou «couloirs dérobés au jour»...

Aragon, Le Paysan de Paris (1926)

« Le Passage de l’Opéra »

1924

«On n’adore plus aujourd’hui les dieux sur les hauteurs. Le temple de Salomon est passé dans les métaphores où il abrite des nids d’hirondelles et de blêmes lézards. L’esprit des cultes en se dispersant dans la poussière a déserté les lieux sacrés. Mais il est d’autres lieux qui fleurissent parmi les hommes, d’autres lieux où les hommes vaquent sans souci à leur vie mystérieuse, et qui peu à peu naissent à une religion profonde. La divinité ne les habite pas encore. Elle s’y forme, c’est une divinité nouvelle qui se précipite dans ces modernes Éphèses comme, au fond d’un verre, le métal déplacé par un acide; c’est la vie qui fait apparaître ici cette divinité poétique à côté de laquelle mille gens passeront sans rien voir, et qui, tout d’un coup, devient sensible, et terriblement hantante, pour ceux qui l’ont une fois maladroitement perçue. Métaphysique des lieux, c’est vous qui bercez les enfants, c’est vous qui peuplez leurs rêves.

Ces plages de l’inconnu et du frisson, toute notre matière mentale les borde. Pas un pas que je fasse vers le passé, que je ne retrouve ce sentiment de l’étrange, qui me prenait, quand j’étais encore l’émerveillement même, dans un décor où pour la première fois me venait la conscience d’une cohérence inexpliquée et de ses prolongements dans mon cœur.

Toute la faune des imaginations, et leur végétation marine, comme par une chevelure d’ombre se perd et se perpétue dans les zones mal éclairées de l’activité humaine. C’est là qu’apparaissent les grands phares spirituels, voisins par la forme de signes moins purs. La porte du mystère, une défaillance humaine l’ouvre, et nous voilà dans les royaumes de l’ombre. Un faux pas, une syllabe achoppée révèlent la pensée d’un homme. Il y a dans le trouble des lieux de semblables serrures qui ferment mal sur l’infini. Là où se poursuit l’activité la plus équivoque des vivants, l’inanimé prend parfois un reflet de leurs plus secrets mobiles : nos cités sont ainsi peuplées de sphinx méconnus qui n’arrêtent pas le passant rêveur, s’il ne tourne vers eux sa distraction méditative, qui ne lui posent pas de questions mortelles. Mais s’il sait les deviner, ce sage, alors, que lui les interroge, ce sont encore ses propres abîmes que grâce à ces monstres sans figure il va de nouveau sonder. La lumière moderne de l’insolite, voilà désormais ce qui va le retenir.

Elle règne bizarrement dans ces sortes de galeries couvertes qui sont nombreuses à Paris aux alentours des grands boulevards et que l’on nomme d’une façon troublante des passages, comme si dans ces couloirs dérobés au jour, il n’était permis à personne de s’arrêter plus d’un instant. Lueur glauque, en quelque manière abyssale, qui tient de la clarté soudaine sous une jupe qu’on relève d’une jambe qui se découvre. Le grand instinct américain, importé dans la capitale par un préfet du second Empire, qui tend à recouper au cordeau le plan de Paris, va bientôt rendre impossible le maintien de ces aquariums humains déjà morts à leur vie primitive, et qui méritent pourtant d’être regardés comme les recéleurs de plusieurs mythes modernes, car c’est aujourd’hui seulement que la pioche les menace, qu’ils sont effectivement devenus le paysage fantomatique des plaisirs et des professions maudites, incompréhensibles hier et que demain ne connaîtra jamais.» (éd. Folio / Gallimard, p. 19-21).

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Photos (c) RAC 2007


Sortie organisée par Mme Peiffert (musée du Louvre), professeur d'Histoire, et M. Chalard (Comédie-Française), professeur de Lettres .

Jóhann Jóhannsson, extrait de son album Orphée, Deutsche Grammophon, 2016.