NICOLAS P.

Hypokhâgneux

n.m., du grec hypo, "sous", et du potache littéraire khâgneux, ne signifiant en soi absolument rien.

L’hypokhâgneux est un être humain, majoritairement de sexe non masculin. Comme la plupart de ses congénères, il a développé la bipédie, encore qu’elle ait pris chez lui une forme particulière : nostalgique de l’époque où la race se déplaçait à quatre pattes, mais trop imbu de lui-même pour y retourner, c’est dans le compromis idéal de la station assise qu’il a jeté son dévolu.

La chaise et le bureau, partenaires symbiotiques de l’hypokhâgneux qui l’accompagnent dans tous ses déplacements lui permettent de chasser de jour comme de nuit sa proie de prédilection : le livre. Animal dénué de motricité, semblable à la moule, mais pas pareil quand même, le livre constitue le seul aliment que le fragile appareil digestif de l’hypokhâgneux semble apte à digérer. Sa consommation de livres frise, d’ailleurs, parfois l’excès. C’est ainsi qu’il cède souvent à des délires orgiaques durant lesquels il ingurgite par milliers les pages blanches d’ouvrages qui, finalement, n’avaient rien demandé à personne. Ces lieux où il se livre à la débauche la plus complète – en groupe, qui plus est – portent le nom de bibliothèques. On en trouve dans nombre de grandes villes où leur existence est encore tolérée à ce jour, encore qu’elles tendent à disparaître au profit des salons de coiffure, plus rentables sur le plan capillaire.


SARAH M.

Qu’est-ce qu’un Hypokhâgneux ?

Question substantielle…comment y répondre ? (encore une autre question). Mais finalement un Hypokhâgneux ne fait rien d’autre que de se poser des questions. Il questionne…pardon, il préfèrera le verbe « problématiser »… donc l’Hypokhâgneux problématise des textes, des grands thèmes, et même l’actualité afin d’en tirer la substantifique moelle. « Rigueur » est son maître mot, Ricœur son maître à penser ; le courage est son arme permettant de combattre les heures de travail et de devoirs. Enfin l’Hypokhâgneux est conscient …oui, il est conscient que ce travail n’est pas vain, qu’il lui permet d’acquérir, avec un certain plaisir, un savoir et une culture personnelle assez étendue pour toucher au but.

Et c’est maintenant que, comme dans tout développement, un autre questionnement surgit : quel est ce but, cette fin, qui selon Spinoza serait la cause d’un nouveau cycle1, un autre début d’aventure ? Il faut partir du fait qu’un Hypokhâgneux se voit embarqué dans une aventure de deux ans. En effet, le terme « Hypokhâgneux » vient du mot grec hypo qui signifie « en-dessous » et Khâgne qui est la deuxième année de classe préparatoire littéraire (pour faire durer le plaisir !). Donc, il lui faut passer le cap de la Khâgne. Au terme de cette deuxième année, tel un héros d’épopée, l’Hypokhâgneux doit affronter le monstre plus communément appelé « Concours de l’ENS ». Pour voir le bon côté de cette épreuve déterminante, l’Hypokhâgneux peut se voir comparer aux grands héros légendaires (qu’il connait si bien après ces deux années). Ainsi, en abordant les différents sujets (Lettres, philosophie, langues, histoire…), comme Thésée, il essaie de sortir de chaque labyrinthe grâce à son fil conducteur, son fil d’Ariane, sa problématique.

Alors à la question « qu’est-ce qu’un Hypokhâgneux ? » il est possible de répondre que c’est un héros qui, armé de courage, et de patience, faisant acte de rigueur et surtout en prenant plaisir, sortira grandi et victorieux de ses deux années de dur labeur.

1 Dans l’Ethique, (Spinoza) le principe de causalité s’explique comme étant une succession de causes et d'effets, ceux-ci devenant à leur tour causes d’autres effets. Il n'y a pas de fin en soi.


AMANDINE L.

Qu’est-ce qu’un hypokhâgneux?

Lorsqu’un nouveau bachelier arrive en classe préparatoire littéraire, on l’appelle un «hypokhâgneux». Au début, il trouve cette appellation étrange et personne de son entourage ne comprend ce que cela signifie - sauf que, par la suite, il sera plutôt fier de dire qu’il est un hypokhâgneux.

Au commencement de ses études, nous pouvons comparer l’hypokhâgneux à une sorte de coquille vide. La tête de cet hypokhâgneux pouvait sonner creux à cause - non pas du manque de savoir - mais à cause d’un potentiel manque de solidité de ce savoir. A force d’apprendre et de se nourrir du savoir des autres - que ce soit celui des professeurs ou des autres hypokhâgneux - cette coquille se remplit abondamment. Un hypokhâgneux forge ses connaissances. Un hypokhâgneux est humain. Un hypokhâgneux a de l’ambition. Un hypokhâgneux est studieux. Un hypokhâgneux aime apprendre et apprendre aux autres. Un hypokhâgneux est un épicurien du savoir - se cultiver est un plaisir, et il en redemande. Un hypokhâgneux a des valeurs et des principes, ceux-ci variant d’un hypokhâgneux à l’autre. Un hypokhâgneux est courageux - il ne s’effondre pas devant les difficultés - il grandit grâce à elles. Un hypokhâgneux, tel un homme dans le désert, voit la connaissance comme une oasis où il peut s’abreuver. Cette culture est donc réellement la richesse même de l’hypokhâgneux - elle constitue son fondement pour le futur. Ainsi, cette coquille creuse et vide du début est dorénavant bien pleine - grâce à une année d’enrichissement culturel. Lorsque l’on tape sur la tête d’un hypokhâgneux, celle-ci ne sonne plus creux, bien au contraire.

En définitive, un hypokhâgneux est une cacahuète.