Construit en quinze tableaux splendides, l’album traite d’un sujet délicat : le mal-être. Avec beaucoup de finesse, Shaun Tan arrive à
donner corps aux sentiments contradictoires
et mélancoliques qui atteignent leur paroxysme
lors de l’adolescence : le manque de confiance en soi, la solitude, l’incommunicabilité, l’ennui, la quête d’identité. En une poignée de mots, l’Australien parvient à cerner ces “matins où l’on n’attend plus rien”, où “tous les
ennuis surgissent en même temps”.
Sans forcer le trait, ces pages disent le malaise, l’inquiétude, l’enfermement de sa jeune héroïne. L’auteur australien impressionne par son pouvoir de suggestion et sa force évocatrice.
Il réussit à coucher sur le papier cet insaisissable idéal
de bonheur qui nous anime, aussi difficile à définir qu’à concrétiser , sous les traits d’un arbre rouge éclatant, qui jure avec les tons ternes et sombres envahissant peu à peu les pages du livre. Avec des images simples et inattendues, comme celle-ci
Un splendide album plein de poésie et de profondeur pour les plus jeunes Un album pour les plus grands, à recommander vivement aux adultes
car il est aussi un véritable livre d'artiste dans lequel
chaque page tournée révèle un univers pictural différent (ville tentaculaire, chambre emplie de feuilles mortes, etc.). A signaler également du même auteur illustrateur "Là où vont nos pères", un très bel album sans texte sur l'immigration et l'exil.