UN MANGA POÉTIQUE ET ÉMOUVANT : LE CHEMINOT de TAKUMI NAGAYAMI

Texte posté par Mme SEGERS, documentaliste.

Dans un paysage enneigé, l’histoire se déroule tantôt au rythme saccadé de vieux trains qui passent ou s’arrêtent pour la dernière fois, tantôt à celui de la mémoire, celle du héros, solitaire dans la gare de campagne qui va bientôt fermer. A la veille de son départ en retraite, Oto revit et revoit des moments tristes ou gais, dramatiques ou conviviaux, mais toujours accompagnés par l’amitié. C’est la fin douce d’un monde rural déserté, c’est aussi la fin d’un homme qui, parfois aux dépens de sa propre famille, a consacré sa vie entière au chemin de fer. Des univers disparaissent - le village, les hommes de devoir -, peu à peu sous la neige qui engloutit le passé. L’album s’ouvre par quelques planches en couleurs : elles semblent introduire le lecteur dans un album pour enfants ou un conte de fées. Puis la palette du dessinateur s’épure et le noir et blanc prend en main la narration, pour dévoiler l’essentiel, dans un découpage qui va et vient entre l’intimité du héros et les paysages extérieurs, où le train tient un rôle à part entière. Le bruit des rails, le cliquetis des roues, le glissement des tissus ou des vêtements introduisent une musique douce dans ce ballet mémoriel qui mène à pas de loup, pudiquement, à la mort.

Pour compléter : Haiku'', anthologie du poème court japonais
Génération manga.'' Petit guide du manga et de l’animation japonaise
Dessiner des mangas pour les nuls


Au milieu de la vie
Au milieu de la mort
La neige sans répit

Taneda Santôk
(Anthologie du poème court japonais Poésie/Gallimard)

Commentaires

1. Le mardi, janvier 31 2012, 18:33 par JF

J'ai l'oeil qui me pique.... J'ai du me prendre une escarbille tant on se croirait monté dans le train avec toi Nelly... Merci pour la contribution.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet