lundi, mai 22 2017

Plan détaillé du Cours sur la Perception TL 2

La perception s’éduque-t-elle ?

Pour l’intro :

Education : processus de médiatisation : apprentissage suppose de passer par une expérience , qui produit un résultat à partir duquel on a accès à d’autres expériences ; Perception = expérience qui semble être celle de quelque chose d’immédiat , elle est réputée constituer notre accès au monde ; le contenu qu’elle nous apporte est non conceptuel et les concepts seraient élaborés à partir d’éléments donnés , bruts (les sensations) ; Donc à première vue la perception ne s’éduque pas, perception et éducation sont opposés ; Mais en même temps, les cultures ne classent pas les couleurs de la même manière (voir Manuel Grateloup). Le musicien perçoit mieux l’harmonie que le non musicien, le peintre sait voir là où le profane ne voit rien, ou voit mal, etc. En quel sens , en quoi y aurait-il au sein de la perception une élaboration , un travail débouchant sur la possibilité de nouvelles expériences ? En quoi ce processus consiste-t-il ? L’éducation des sens est-elle le fait d’une faculté supérieure aux sens, ou bien dérive-t-elle d’un travail que les sens effectuent eux-mêmes ?

« Nous voyons les choses mêmes… Il est vrai que le monde est à la fois ce que nous voyons et que pourtant nous devons apprendre à le voir » citation de Merleau-Ponty

Partie I : L’éducation de la perception permet d’augmenter , de développer nos connaissances

A/ de l’observation d’objets ou d’événements je peux retirer des expériences qui vont modifier la manière que j’aurai d’appréhender ces objets ; je peux par exemple, devenir plus apte à discerner certaines propriétés des objets dans la perspective de mieux m’en servir (par exemple me servir d’un ordinateur : j’apprends à distinguer et donc à percevoir les différentes icônes, etc.) Il semble que se déroule un processus inconscient dans lequel des sensations (physiques) deviennent des pensées, ou débouchent sur des pensées (psychique). On peut se demander alors comment ceci se produit-il ? (Matière / Esprit). Les animaux ne perçoivent que ce qu’ils ont besoin de percevoir : la perception est intégralement pragmatique. Par conséquent, ce qu’ils perçoivent est ce qui est utile pour eux. Les sujets humains développent en plus leur perception dans d’autres perspectives , en particulier, ils cherchent à connaître les choses dans le seul but de les connaître. Alors que les animaux ne distinguent pas les propriétés utiles des propriétés objectives , et qu’ils n’ont pas besoin de la distinction entre propriétés relatives à eux (à leurs besoins) et propriétés des choses elles-mêmes (objectives), les sujets humains sont capables de faire cette distinction. L’exercice de la perception constitue donc une éducation à l’objectivité, à la connaissance objective des choses perçues. Nous apprenons à distinguer l’objectif du subjectif notamment en approfondissant la distinction entre perception et imagination / mémoire : la perception possède une vivacité que ne possède pas l’image mémorisée (thème empiriste). Nous pouvons aussi distinguer les qualités premières (étendue, figure, mouvement) et les qualités secondes (couleur, chaleur, odeur).

B/ La question qui se pose est de savoir si cet apprentissage de l’objectivité est le produit de la perception sensible, ou bien d’une autre faculté : l’entendement (la raison). La perception éduquée est en effet apte à distinguer différentes classes de perceptions, alors , l’entendement étant une capacité de rassembler et de juger, n’est -ce pas lui (et non la perception au sens habituel = perception sensible) qui produit ce résultat  ? (= la perception S’éduque -t-elle.. elle-même ? ).

Descartes : il y a une tendance des sens et de l’imagination à nous faire croire faussement que les qualités secondes (relatives à nous) des objets en sont des qualités premières (leur appartenant en propre). (voir texte cité dans le bouquin page 129) Les illusions des sens (optique par exemple) , les erreurs de la perception ne peuvent être corrigées que par la raison : cf. le bâton dans l’eau : cf. La Fontaine : « ma raison le redresse », cf. Tintin , l’Etoile mystérieuse ; Comme la perception dépend en définitive d’un jugement de l’esprit, (et non l’oeuvre de la sensation), il faut que les impressions issues des sens soient adaptées à l’esprit par l’esprit ; Descartes propose alors un modèle de la perception dans lequel les impressions sont chiffrées par l’esprit les empiristes refusent de supposer une dualité dans le sujet humain (refus de séparer l’esprit en deux parties : comment ensuite les réconcilier?) ; Condillac imagine la production de l’ensemble des facultés de l’esprit à partir du toucher (exemple de la statue) ; et parmi les sens, le toucher a un rôle primitif et pédagogique : c’est lui qui en effet distinguer le mieux ce qui relève de l’extériorité, donc d’apprendre l’objectivité ;

C/ Transition :

peut-on trancher entre empirisme et rationalisme ? La réponse au problème de Molyneux permettrait de trancher cette question : que se passe-t-il si un aveugle né , à la suite d’un opération réussie, parvient à voir , pour la première fois ? Si on lui montre une sphère et un cube, peut-il les reconnaître immédiatement ? Si la réponse est « oui », c’est que l’esprit humain dispose d’un « logiciel » de traduction automatique des données sensibles (que l’aveugle a en mémoire) qui lui permet de reconnaître la sphère visible et le cube visibles comme les équivalents de la sphère et du cube touchés ; (rationalisme) : l’esprit, l’entendement = une sorte de « 6ème sens, de sens commun aux 3 sens, mais qui n’est pas un sens sensible) Si la réponse est non, il faut que l’aveugle procède à la mise en correspondance par l’expérience des données de chacun des deux sens avant de pouvoir reconnaître le cube et la sphère vues ; (empirisme) ; (la réponse à cette question a été que l’aveugle ne pouvait pas immédiatement reconnaître les formes vues ; mais cette « réponse » est trop partielle : c’est peut-être parce que l’aveugle doit d’abord exercer son sens visuel, et non parce que ce sens visuel n’est pas corrélé directement au sens du toucher) ;

passage de l’éducation comme développement des connaissances à l’éducation comme affinement de notre rapport au monde ; 

II/ L’éducation de la perception comme processus immanent à la vie du sujet comme être vivant

A/ limites de la thèse empiriste et de la thèse rationaliste :

la thèse empiriste suppose que la perception nous donne des sensations = des données brutes, atomiques, séparables les unes des autres (comme un lego), et que nous construisons notre expérience par associations des images mémorisées des sensations (processus d’attente d’une même suite ou d’un même complexe de sensations) ; Or cette conception est fausse : nous saisissons des objets ; la perception = intentionnalité ; les perceptions portent leur sens avec elles-mêmes ; la Gestalt = théorie qui montre que nous appréhendons des « touts » , des figures, des blocs de figure sur fond ; voir Barbaras ;

quant à la thèse rationaliste, son défaut est de mettre le monde à distance de nous-mêmes, du sujet : le sujet n’a affaire qu’à des représentations (des transpositions de l’expérience sensible dans le langage de la raison, de l’esprit) , qui font l’intermédiaire entre le sujet et le réel ; elle a donc comme la thèse empiriste le défaut de poser que le sens que les choses ont dans notre perception ne leur est pas adhérent, qu’il vient de l’esprit ;

B/ la théorie de la Gestalt peut se comprendre par le fait que l’être humain est un vivant :

Bien que le sujet humain dispose d’une faculté (qui le distingue des animaux) , de saisir le monde de façon théorique (de chercher à connaître la vérité objective pour la vérité elle-même) , il est d’abord un être vivant ;

la perception est une manière de vivre le monde, elle est une modalité du débat que l’organisme entretient avec ce monde (voir Barbaras) ;

plutôt que de supposer que cet être vivant doive corriger ses erreurs (sa subjectivité) pour pouvoir atteindre la vérité cachée dans la perception, il faut parvenir à penser qu’il y a déjà une vérité dans la perception sensible , et que la connaissance objective n’est qu’une destinée possible, porteuse d’un autre type de vérité, correspondant à une autre dimension de notre être au monde (et non porteuse exclusive de la vérité) ; il y a une forme de « vérité » correspondant à la vie ; il y a donc bien un apprentissage, une éducation possible de la perception consistant à apprendre à accueillir les expériences données par la perception ; ici l’apprentissage consiste non à échafauder une nouvelle connaissance , mais à savoir laisser une place pour ce que nous apporte la perception ; notre tradition philosophique a en effet produit une forme de mise à l’écart de la perception vive, pour lui substituer une perception instruite par la raison, par la réflexion ; il nous faut (ré)apprendre à voir : « Il est vrai que le monde est à la fois ce que nous voyons et que pourtant nous devons apprendre à le voir » Merleau-Ponty

III/ L’expérience esthétique est-elle une éducation de la perception (et par quoi exactement), ou bien a-t-elle quelque chose à apprendre de la perception ?

A/ Mais alors le travail de l’art consiste paradoxalement à nous apprendre à voir le monde en nous reconduisant à l’expérience primitive de la perception

1/ La perception nous donne des « essences sauvages » : Merleau-Ponty ; nous comprenons ce que nous voyons et en même temps nous ne pouvons pas toujours dire ce que c’est (il ne s’agit pas de concepts comme dans la connaissance claire et distincte) ;

2/ Le jugement esthétique correspond bien à cette situation de la perception : « est beau ce qui plaît universellement sans concept », Kant  : nous ne pouvons pas réduire le spectacle que nous avons devant les yeux à des concepts, etc ;

3/ Ceci s’oppose à la conception de Hume, selon qui la distinction entre experts et non experts en matière d’art repose sur le fait nous apprenons à percevoir certaines propriétés dans les œuvres en affinant notre goût, goût qui s’affine par l’exposition réitérée à ces propriétés, (voir texte dans mes documents anciens)

B/ Mais doit-on, comme semble le dire Merleau-Ponty, faire abstraction de nos connaissances sur les objets du monde pour pouvoir enfin percevoir le monde directement ? (médiation de la philosophie pour revenir à cet immédiat, à l’originel) ? Merleau-Ponty ne récuse pas le rôle (même le rôle positif) de la culture dans la formation de l’expérience esthétique ; mais il semble supposer que nous pourrions nous diriger vers un regard neuf, et originel… Or il semble au contraire que nous ne pouvons jamais nous débarrasser de ce que notre époque, notre mode de vie, etc. produit comme moyens de discernement du réel ; cf. Benjamin : l’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique : esthétique du choc, apportée par l’apparition de nouveaux médias, contre esthétique de la contemplation = disparition de l’aura

C/ Ce que nous pouvons faire est faire œuvre d’esprit critique pour tenter de prendre conscience de la manière dont le monde social, technique, économique construit pour nous une manière de percevoir, et ceci peut-être plus souvent pour le pire que pour le meilleur (voir Industrie culturelle chez Adorno) REM qu’Adorno ne se place pas simplement d’un point de vue de sociologue, mais qu’il était lui-même musicologue, musicien et même compositeur

vendredi, mai 19 2017

Sujets de remplacement TL2

Sujets de remplacement TL2

les sujets portent

1) sur Autrui,

2) sur la vérité et la conscience (et la philosophie) et 3) sur l’interprétation

Traitez un des 3 sujet,s au choix

Sujet 1 : La relation avec autrui est-elle nécessairement conflictuelle ? (exploitez entre autres le cours sur le Léviathan)

Sujet 2 : En quoi mes opinions sont-elles vraiment les miennes ? (vous pouvez exploiter entre autres le cours sur Marx)

Sujet 3 : Expliquez le texte suivant : (sur l’interprétation) « Si, par exemple, une pierre est tombée d'un toit sur la tête de quelqu'un et l'a tué, ils (1) démontreront de la manière suivante que la pierre est tombée pour tuer cet homme. Si elle n'est pas tombée à cette fin par la volonté de Dieu, comment tant de circonstances (et en effet il y en a souvent beaucoup) ont-elles pu se trouver  réunies seulement par hasard ? Peut-être direz-vous : cela est arrivé parce que le vent soufflait et que l'homme passait par là. Mais, insisteront- ils, pourquoi le vent soufflait-il à ce moment ? pourquoi l'homme passait-il par là à ce même instant ? Si vous répondez alors que le vent s'est levé parce que la mer, le jour avant, par un temps encore calme, avait commencé à s'agiter, et que l'homme avait été invité par un ami, ils insisteront de nouveau, car ils n'en finissent pas de poser des questions :  pourquoi la mer était-elle agitée ? pourquoi l'homme a- t-il été invité à telle heure précisément ? et ils continueront ainsi de vous interroger sans relâche sur les causes des événements, jusqu'à ce que vous vous soyez réfugié dans la volonté de Dieu, cet asile de l'ignorance (2) (…) . Ils savent bien que détruire l’ignorance c’est détruire l’étonnement imbécile, c’est-à-dire leur unique moyen de raisonner et de sauvegarder leur autorité (voir note 1) »                                                             SPINOZA, Ethique, I, Appendice (1) les gens que Spinoza combat dans ce texte, par exemple  les théologiens (ceux qui étudient la nature de Dieu) ; les théologiens assoient leur autorité sur les populations ignorantes en prétendant posséder certaines connaissances (sur Dieu, et notamment sur les volontés de Dieu) (2) l’asile est un lieu où l’on peut se réfugier ;  que la volonté de Dieu constitue « l’asile de l’ignorance » signifie  que les ignorants , lorsqu’ils ne peuvent pas apporter de raison valable à ce qu’ils supposent , pensent pouvoir échapper à cet embarras en invoquant le fait que Dieu a voulu (pour des raisons inconnaissables pour les hommes, en poursuivant des fins, des buts impossibles à connaître pour les hommes) que les choses se produisent comme elles se sont produites REM :  Dans ce texte, il est utile de recourir à l’opposition entre cause et fin ; une cause est simplement efficiente lorsqu’elle produit un effet sans qu’aucune intention  ; une cause est finale lorsqu’on peut supposer qu’une sorte d’intention , que la visée d’un but (d’une fin) est ce qui permet d’expliquer les événements             La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

vendredi, mai 12 2017

Deux textes au choix pour Zélia Desmoulins TS 1

SUJET 1 : «  Il faut considérer que la félicité (1) ne consiste pas dans le repos d’un esprit satisfait. Car n’existent en réalité ni ce but dernier (2) ni ce souverain bien (3) dont il est question dans les ouvrages des anciens moralistes (4). Celui dont les désirs ont atteint leur terme ne peut pas davantage vivre que celui chez qui les sensations et les imaginations sont arrêtées. La félicité est une continuelle marche en avant du désir, d’un objet à un autre, la saisie du premier n’étant encore que la route qui mène au second. La cause en est que l’objet du désir de l’homme n’est pas de jouir une seule fois et pendant un seul instant, mais de rendre à jamais sûre la route de son désir futur. Aussi les actions volontaires et les inclinations (5) de tous les hommes ne tendent-elles pas seulement à leur procurer, mais aussi à leur assurer une vie satisfaite. Elles diffèrent seulement dans la route qu’elles prennent  : ce qui vient, pour une part, de la diversité des passions chez les divers individus, et, pour une autre part, de la différence touchant la connaissance ou l’opinion qu’a chacun des causes qui produisent l’effet désiré.

       Ainsi, je mets au premier rang, à titre d’inclination (5) générale de toute l’humanité, un désir perpétuel et sans trêve d’acquérir pouvoir après pouvoir, désir qui ne cesse qu’à la mort. La cause n’en est pas toujours qu’on désire un plaisir plus intense que celui qu’on a déjà réussi à atteindre, ou qu’on ne peut pas se contenter d’un pouvoir modéré  : mais plutôt qu’on ne peut pas rendre sûrs, sinon en en acquérant davantage, le pouvoir et les moyens dont dépend le bien-être qu’on possède présentement.  De là vient que les rois, dont le pouvoir est le plus grand de tous, tournent leurs efforts vers le soin de le rendre sûr.”
  HOBBES  : LEVIATHAN,  Livre I  : De L’homme, Chapitre 11, pp.95 – 96. Ed. Sirey

(1) félicité = bonheur (2) but dernier : le but ultime de la vie humaine : c’est ce en vue de quoi on vit et on agit, et par rapport à quoi tout le reste est un moyen , ce qui est suffisant pour combler nos désirs (3) souverain Bien : c’est le Bien suprême , qui est la norme de nos actions (permet de les évaluer) donc but dernier et souverain Bien sont une seule et même chose par exemple chez Epicure : « La santé du corps et la sérénité de l’âme… sont ces deux éléments qui constituent la vie heureuse dans sa perfection. Car nous n’agissons qu’en vue d’un seul but : écarter de nous la douleur et l’angoisse. Lorsque nous y sommes parvenus, les orages de l’âme se dispersent, car l’être vivant ne s’achemine plus vers quelque chose qui lui manque, et ne peut rien chercher de plus pour le bien de l’âme et du corps » selon Epicure , le Souverain Bien réside dans la garantie de pouvoir éprouver le plaisir , en effet : ce que l'on désire par dessus tout et au fond toujours c’est le bonheur or le bonheur = le plaisir et le plaisir = l'évitement de la douleur (ne pas souffrir = ressentir le plaisir d'exister) et la douleur résulte du manque il faut donc désirer ce dont la satisfaction est assurée (idéal d'autarcie, autosuffisance) pour éprouver le plaisir, et donc être heureux

(4) anciens moralistes : les philosophes de l’Antiquité qui proposaient une sagesse, un art de vivre qui rendaient l’individu à la fois heureux et vertueux (ayant une valeur morale), dont Epicure est un exemple

(5) inclinations : penchants : ce qui nous attire, nos motivations

Consigne du Bac : La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

SUJET 2 : texte de Schophenhauer dans le manuel , chapitre sur le Désir

Consigne du Bac : La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

lundi, mai 1 2017

Questions et Réponses Révisions Marx Idéologie Allemande 1ère série

Questions révisions Idéologie Allemande 2017 Marx

Questions et Réponses Révisions Marx Idéologie Allemande 1ère série

Ces questions portent sur l'Introduction du Cours sur l'Idéologie Allemande

Attention, la première question est aussi la plus difficile. N'hésitez pas à la passer le cas échéant . Nous la reverrons de toute façon en détail en classe. N'hésitez pas à me signaler des erreurs ou des "trous" dans ce document, car je n'ai pas le temps de tout relire une dernière fois.

1er point : Hegel 1/ Définir « effectif » / à Réel (Effectif = ce qui se traduit par des effets, ce qui produit des effets qui sont durables); Si une idée produit des effets durables, c'est qu'elle a sa raison d'être ; c'est pourquoi "ce qui est effectif est rationnel"; Et réciproquement : ce qui a une raison d'être finit toujours par produire des effets durables, c'est pourquoi "ce qui est rationnel est effectif": ce qui a sa raison d'être se manifeste (il n'y a donc plus d'opposition radicale entre l'essence et l'apparence: l'essence, la raison d'être d'une chose doit se manifester): l'essence (ce qui est , en profondeur ) est dans une unité avec le phénomène (ce qu'on appelle "les apparences", la surface); Réel : c'est l'être-là (ce qui est là, "comme ça") et avec l'évidence trompeuse de sa présence (présence qui suggère qu'il y a là quelque chose qui a sa raison d'être); le réel ce sont des phénomènes qui en tant que simples faits se révèlent n'avoir aucune consistance , être réellement de simples effets de surface, de simples apparences . Ces faits peuvent cependant être compris , à condition qu'on ne se contente pas de les regarder comme de simples faits, et donc en cherchant la logique qui les produit. Mais le réel empirique (les faits) est souvent tout sauf rationnel. Les faits sont souvent là "comme ça", sans plus. C'est le travail de la raison que de chercher à déterminer si un fait est plus qu'un simple fait, s'il a une raison d'être... Mais comme (ce qu'affirme Hegel) tout ce qui est rationnel est effectif (autrement dit, tout ce qui est rationnel se manifeste) il ne faut pas chercher cette raison d'être "derrière" ce fait, mais en montrant comment il est lié à d'autres choses qui se manifestent.

2/ Selon Hegel l’Histoire paraît chaotique, mais … , (Complétez) (elle est en réalité gouvernée par une logique profonde : la Raison gouverne le monde)

3/ Selon Hegel l’Esprit entre dans le monde : a/ qu’est-ce qui anime le mouvement de l’Esprit dans le Monde (prendre conscience de soi ; la Vérité et la Liberté , qui est l’essence de l’Esprit) b/ à quelles réalités ce processus donne-t-il lieu ? (Culture, Politique, Histoire, Sociétés…) c/ comment Hegel qualifie-t-il le mouvement par lequel l’Esprit s’examine, se critique et se surmonte lui-même ? (dialectique)

2ème point : les deux interprétations divergentes de la philo de Hegel (« Ce qui est effectif est rationnel , et ce qui est rationnel est effectif »)

4/ En partant du fait que rationnel signifie (ou implique) « justifié », montrez qu’il y a une interprétation conservatrice et une interprétation réformatrice – révolutionnaire de la phrase de Hegel citée, parce qu’il est difficile de distinguer ce qui est effectif et ce qui ne l’est pas (Si la plus grande partie de ce qui est donné à notre expérience est effective , cela signifie que la plus grande partie de ce qui se produit dans le monde est justifiée , et l’attitude correcte à avoir vis-à-vis de la réalité est le conservatisme ; C’est l’inverse si l’on pense que la plus grande partie de ce qui se produit dans le monde n’est pas effective. Il y a donc une difficulté pour déterminer ce qui est rationnel, effectif, justifié dans le monde, dans notre expérience: c'est pourquoi la formule de Hegel peut prêter à deux interprétations opposées)

5/ Donnez les noms des jeunes hégéliens et indiquez à quelle interprétation de la phrase de Hegel ils se rattachent (Feuerbach, Bauer, Stirner, Marx)



3ème  point : Bauer :

6/ Pour Bauer, la Conscience produit les valeurs à laquelle elle adhère, mais celles-ci lui apparaissent ensuite comme transcendantes : a/ Définir « transcendantes » ( existant au-delà de … - ici, au-delà de la Conscience, donc « en soi ») b/ Quelle est alors la tâche de la Conscience de soi ? (prendre conscience du fait que ces valeurs sont ses créations et donc de son aliénation lorsqu’elle voue un culte à ces valeurs , et donc se libérer ; autrement dit, il s’agit de critiquer toute chose) c/ En quoi l’explication que Bauer donne de l’Histoire est-elle idéaliste ? d/ Pourquoi Bauer se définit-il comme critique critique ? (L’activité de la conscience de soi = la critique permanente de toute chose, y compris de soi-même, de façon à ne rien admettre qui ne soit reconnu par la Conscience , la critique)

4ème point : Feuerbach :

7/ Que signifie que Hegel pense pouvoir parler du Réel sans présuppositions ? (parler en dehors de tout point de vue particulier, pouvoir parler de l’Absolu = sans rien admettre qui ne soit accepté et reconnu par l’Esprit ou la Raison)

8/ Qu’est-ce que Feuerbach objecte à cette vision des choses de Hegel ? (la réalité est précisément ce qui s’oppose à l’Esprit, à la Conscience, et s’impose à lui de l’extérieur, et qu'il ne peut pas "comprendre", mais doit admettre comme un fait)

9/a/ Quelle conséquence Feuerbach en tire-t-il pour sa philosophie ? (celle-ci doit partir du corps – ce qui s’oppose et s’impose à l’esprit - , et donc partir de l’individu humain sensible, et de ses sentiments et sensations et de sa relation sensible à autrui) b/ Donnez la citation de Feuerbach qui exprime un peu autrement cette conséquence (« Il faut que la philosophie introduise dans le texte de la philosophie la part de l’homme qui ne philosophe pas, bien plus, qui est la philosophie »)

10/ Définir « aliénation » : dépossession de soi-même, perte de soi-même, perte de sa liberté

11/ Restituez les étapes du processus de l’aliénation religieuse selon Feuerbach , dans sa perspective matérialiste : (*/ L’être humain par essence doué de Conscience au sens strict (science), conçoit l’Universel ; **/ A la suite de l’expérience de ses limites (souffrance) , l’individu imagine, en prenant pour référence l’Universel , un être idéal qui échapperait à ces limites ; (cet être n'est nul autre que l'Homme, un homme débarrassé de toutes les limites des hommes particuliers) ***/ Mais l’individu souffrant se compare aussi l’être parfait qui échapperait à ces limites et à sa souffrance ; Il constate le décalage entre lui et cet être parfait , et en conclut que ce dernier est radicalement différent de lui-même, est un être autre : un Dieu … alors que c’est l’imagination de l’individu lui-même qui a créé cet être = un renversement s’opère . ****/ ce que l’individu prête à Dieu, il se le retire à lui-même ; devenu croyant en son Dieu, l’individu se sacrifie à lui, se méprise, etc.,)

12/ Montrez comment Feuerbach conçoit la sortie de l’aliénation, la libération, et que cette solution procède de façon idéaliste : (pour sortir de l'aliénation, il faut que l’individu prenne conscience que l’objet qu’il se donne quand il pense à Dieu n’est rien d’autre que l’être humain accompli, que la projection de l’être Humain « universel » -générique – Il peut alors comprendre que l’objet de ses préoccupations ne devrait être nul autre que le Genre humain  -et non Dieu; Fiinalement cette libération du genre Humain s’effectue donc dans la conscience des individus, par un travail de la conscience ou de la pensée sur elle-même, donc de façon idéaliste)

5ème point : Stirner :

13/ Feuerbach affirme qu'il existe une essence humaine, Stirner est nominaliste : expliquez ceci en mentionnant le titre du livre de Stirner. Un nominaliste est quelqu'un qui pense que les seules réalités existantes sont des individus (aussi bien les individus humains que toutes les choses individuelles) et que les individus sont uniques. (Le livre de Stirner se nomme "L'Unique et sa propriété"). Par conséquent, il n'existe par exemple que CE stylo (puis CET autre stylo) , CETTE chaise (puis, CETTE autre chaise) , et donc il n'existe pas de "stylo en général".ni de chaise en général, et l'idée de chaise en général ne fait que refléter l'usage de noms communs (le mot "stylo" ou le mot "chaise". Autrement dit, le mot "stylo" n'est qu'un NOM (d'où "nominaliste"), et il n'y correspond aucune réalité. A l'inverse, Feuerbach pense que le GENRE humain (l'Homme avec un grand H, ou encore l'Humanité) existe, autrement dit que l'HOMME est une réalité (d'où l'appellation des philosophes comme Feuerbach: i=on les appelle des "réalistes"). Le plus célèbre et le premier des "réalistes" est Platon , avec sa doctrine des Idées (Idées Formes existant dans le Monde intelligible, le seul monde vrai = l'extérieur de la caverne dans l'allégorie de la caverne).

14/ En quoi peut-on rapprocher Feuerbarch de l'altruisme formulé par Auguste Comte ? En quoi Stirner refuse -t-il donc à la fois Feuerbach et Comte ?

Feuerbach affirme que ce que les hommes posent comme étant Dieu n'est en fait que le Genre Humain. Il en conclut que la religion n'est pas mauvaise en elle-même, et qu'il faut simplement faire porter son dévouement sur l'Homme à la place de vénérer Dieu. Il faut donc aimer Autrui. Auguste Comte (première moitié du XIXème) a cherché à fonder une "religion de l'Humanité", un culte rendu à l'Homme, avec ses prêtres, et son cathéchisme. Comte est aussi l'inventeur du terme "altruisme", qui signifie qu'il faut "vivre pour autrui".

15/ Qu'est-ce que Stirner reproche : a) à l'idée de Démocratie (et même à l'idée de Liberté) ? Les individus sont trompés par l'impression que les idées qu'ils ont produites désignent des réalités existant réellement en dehors de leur propre esprit. Donc se dévouer à une Idée, quelle qu'elle soit, c'est se sacrifier à un "fantôme", être aliéné par lui. Et le fait qu'une idée de Liberté soit en principe positive pour l'individu ne change rien au fait qu' en définitive l'individu sera conduit à se sacrifier pour elle. Le même raisonnement vaut pour l'idée de pouvoir du peuple, de Démocratie. b) à plus forte raison, au Socialisme et au Communisme ? Montrez qu'en un sens les événements du Xxème siècle lui ont donné raison. D'après Stirner, le Socialisme et le Communisme, en plus d'être des idées auxquelles on peut se sacrifier, sont des idées dont le contenu implique directement que le groupe est plus important que l'individu. Elles appellent donc deux fois au sacrifice de ce dernier.

16/ Quelles sont les étymologies de "hiérarchie" et de "anarchie" ? Quelle est la position de Stirner relativement à ces deux réalités ? Étymologie de "hiérarchie" = hiéros = sacré ; arché = commandement , principe, cause première : le mot désigne une organisation sociale ordonnée de haut en bas par des pouvoirs qui vont du plus élévé jusqu'au plus petit ; Étymologie de "anarchie": le "a" intial est privatif : le mot signifie donc "absence de principe premier" et donc "absence de pouvoir". Stirner est un des inspirateurs de l'anarchisme , doctrine politique et sociale qui consiste à supprimer tout pouvoir, et en premier lieu, le pouvoir de l'Etat, pour libérer l'individu de toute contrainte.

17/ Selon Stirner, qui peut me libérer ? Pourquoi ? Je suis le seul à pouvoir me libérer, puisque la cause de mon oppression n'est rien d'autre que le pouvoir que je donne aux idées sur Moi.

REM: Les questions 18 à 24 concernent la critique de Stirner par Marx :

18/ Marx admet avec Stirner que les individus sont le point de départ, maisil se sépare de Stirner en disant que..... : Complétez Stirner ne voit pas que les individus sont dépendants les uns des autres, qu'ils ne peuvent pas exister en tant qu'individus à l'état isolé, et donc que la force de l'individu dépend de la richesse de ses relations avec les autres. "L'essence humaine" n'est rien d'autre que "l'ensemble des rapports sociaux" = thèse n°6 de Marx sur Feuerbach Finalement, Stirner ne peut pas voir non plus que la libération des individus doit aussi se faire collectivement.

19/ Quelle est la cause réelle de l'aliénation de l'individu selon Marx ? (montrez l'opposition avec Stirner) La libération de l'individu signifie pour Marx l'épanouissement de toutes ses capacités . La cause de l'aliénation de l'individu , c'est pour Marx, la division du travail qui s'impose de façon "aveugle" en suivant des impératifs de rentabilité et qui conduit les individus à perdre leurs relations vivantes avec le reste de la société pour se figer dans une activité uniforme, hyperspécialisée, et même abrutissante et pour opposer les individus les uns aux autres, (chacun ne voit que son métier) et en particulier dans la concurrence, mais aussi dans l'exploitation.

20/ Quelle est la position de Marx sur l'idée de Stirner que l'individu est foncièrement égoïste ? Les hommes ne sont naturellement ni égoïstes ni altruistes: ils sont les deux, et l'un ne l'emporte sur l'autre que du fait de l'organisation sociale , qui, privilégie l'un ou l'autre.

21/ Comment Marx explique-t-il le fait que la Justice soit devenue pour les philosophes une simple Idée, séparée du monde réel ? Tant que les rapports entre individus n'étaient pas excessivement des rapports de domination, le sentiment d'injustice ou d'injustice pouvait être limité. C'est dans des situations historiques où la domination est devenue trop lourde, où la violence a pu se déchaîner, et où il n' a plus été possible d'obtenir que justice soit faite, que l'impression que la Justice était d'abord et essentiellemement une Idée (et non une réalité appartenant au monde réel, le monde quotidien, ou "profane") a pu apparaître. L'Idée de Justice est au coeur de la doctrine de Platon. L'origine de cette idée se trouve donc dans les rapports sociaux qui structurent le monde "ordinaire" (qui devient excessivement injuste), et non dans l'esprit.

22/ Que signifie la formule de Marx (dans l'Introduction à la Critique de la philosophie du droit de Hegel): "la religion est l'opium du peuple"? L'opium est une plante d'abord employée pour soulager les douleurs. Il est devenu une droogue progressivement et celle-ci a commencé à gagner en importance au XIXème. Cette drogue donne à ses usagers la possibilités de s'évader (très provisoirement et très illusoirement) des difficultés de la vie quotidienne. Mais comme toute drogue, elle se paie cher. La religion est un ensemble de croyances qui permet d'oulier sa misère en promettant la libération dans un au-delà, en parvenant même à conduire le croyant à s'y projeter de façon imaginaire. Elle agit comme une drogue, mais elle a l'avantage sur l'opium de ne rien coûter, raison pour laquelle le "peuple" (la plèbe, les pauvres) en fait un grand usage.

23/ Quel point commun y a-t-il entre la méthode de libération proposée par Stirner et la méthode stoïcienne ? Le stoïcien part du principe qu'il faut nettement séparer les choses qui ne dépendent que de nous et les autres. Il ajoute à cela l'idée que ce qui ne dépend pas uniquement de nous doit être considéré comme fatal ou plutôt comme providentiel. Il faut donc être assez sage pour reconnaître le bien qu'elles nous apportent. Le pouvoir sur les choses qui ne dépendent que de nous est le pouvoir sur nos représentations. Nous pouvons leur donner le sens que nous voulons. De même, pour Stirner, si nos idées nous aliènent, il dépend de notre volonté de les chasser. Mais contrairement aux stoïciens, Stirner ne demande pas d'accepter le réel et d'y consentir en fondant ce consentement sur l'existence d'un ordre providentiel du monde, et encore moins de se plier à l'ordre social. Pourtant Stirner, en seréfugiant dans le pouvoir de la pensée, renonce à transformer le monde. La "solution" de Stirner comme celle des stoïciens exprime en fait une impuissance à transformer le monde.

24/ Que peut-on reprocher , avec Marx, à l'idée émise par Stirner d'une "association d'égoïstes" ? C'est une contradiction pure et simple. Toute association implique des compromis. L'idée que l'on peut sortir d'une association à tout moment pour absolument n'importe quelle raison (puisque chacun a le droit absolu d'e n'obéir qu'à son égoïsme) empêche de passer le moindre contrat. Même en acceptant l'idée que toute relation humaine serait fondée sur des contrats , cela ne fait rien d'autre que prolonger ou d'expirmer l'ordre social de l'organisation capitaliste, où les règles tendent à se limiter toujours plus à des contrats entre individus "libres" (libéralisme et même aujourd'hui néoloibéralisme). Bien que revendiquant une rupture avec l'ordre social, Stirner ne fait donc selon Marx qu'exprimer ce qu'il a de plus profond (noter que le titre du livre de Stirner est "L'unique et sa propriété", et que le capitalisme pose la propriété comme fondement essentiel de la vie sociale).

6ème point : Critique de Feuerbach par Marx et Engels:

25/ Certes Feuerbach prend en compte le fait que l'être humain a d'abord des besoins "senisbles", matériels, mais il réduit ses besoins de rapports à autrui à quelque chose de trop étroit et en l'idéalisant. a) De quoi s'agit-il ? L'essence des rapports à autrui se trouve selon Feuerbach dans les relations d'amour et d'amitié. Or le tissu des relations dans lequel les individus se trouvent est bien plus contraignant et vaste: il concerne d'abord les rapports qu'on entretient avec les autres pour produire et reproduire sa propre existence (le "travail", l'activité de production matérielle de la vie). b) Pourquoi cette conception ne peut-elle pas prendre en compte les rapports réels existants à l'époque ? Les relations d'amour et d'amitié ne peuvent englober les rapports d'exploitation.

26/ Montrez la présence d'un idéal chrétien dans ces rapports tels que conçus comme les "vrais rapports" entre humains. Puisque pour Feuerbach, Dieu n'est que la projection de l'être humain parfait (l'essence humaine, le Genre humain) et que Dieu est amour, l'essence de l'homme est d'être amour.

27/ La conception que Feuerbach se fait de l'Homme est "anhistorique". Expliquez en quoi Marx modifie complètement l'idée d'essence humaine. Chez Feuerbach , les hommes = l'Homme = le Genre humain = l'Humanité: elle est toujours la même quelque soit l'époque . . Cela est conforme à la notion traditionnelle d'essence ("ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est). Or Marx montre que la particularité de l'être humain est que son "essence" '(ce qui fait ce qu'il est) varie avec les conditions dans lesquelles il noue ses relations aux autres et avec le monde extérieur. Ce qui fait ce qu'un idividu est , c'est l'ensemble des conditions concrètes dans lesquelles ces relations ont lieu "L'essence humaine" n'est rien d'autre que "l'ensemble des rapports sociaux" = thèse n°6 de Marx sur Feuerbach (cf; quesiton 18).

28/ Quelle est la conséquence de ce renouvellement de la conception de "l'essence humaine" sur la conception de la morale selon Marx ? : Pour Marx, il est vain de vouloir prêcher une morale pour transformer les hommes , car ce qu'ils sont dépend d'abord d 'autre chose que de leur volonté ou de leur esprit) .... surtout si cette morale prétend valoir pour toutes les époques.

7ème point : Critique de Bauer par Marx:

29/ Comment Bauer conçoit-il le principe qui anime le cours de l'Histoire ? L'Histoire est celle de la lutte d'Idées les unes contre les autres, et surtout, l'histoire de la lutte de l'esprit (ou de la critique) contre les préjugés, les idées qui se figent en dogmes , et finissent par enfermer l'esprit en l'empêchant les remises en question, la critique.

30/ a) Comment selon Bauer l'opposition entre la critique et les préjugés se traduit-elle concrètement ? a) C'est l'opposition entre la masse (la plupart des gens, le grand nombre, qui est incapable de penser) et la critique (quelques intellectuels,.. dont Bauer pense être bien sûr le meilleur représentant). b) Et comment Marx récuse-t-il cette opposition ? En montrant les causes matérielles et économiques de l'abrutissement, de l'ignorance, etc. On n'explique rien quand on explique le "manque d'esprit" par ... le manque d'esprit !

vendredi, avril 28 2017

Texte proposé pour Sidonie

Bonsoir Sidonie, voici enfin le texte attendu. Bon courage ! et bon week-end malgré tout...

« Est-ce qu’il existe aucun fait qui soit indépendant de l’opinion et de l’interprétation ? Des générations d’historiens et de philosophes de l’histoire n’ont-elles pas démontré l’impossibilité de constater des faits sans les interpréter, puisque ceux-ci doivent d’abord être extraits d’un chaos de purs événements (et les principes du choix ne sont assurément pas des données de fait), puis être arrangés en une histoire qui ne peut être racontée que dans une certaine perspective, qui n’a rien à voir avec ce qui a eu lieu à l’origine ? Il ne fait pas de doute que ces difficultés, et bien d’autres encore, inhérentes1 aux sciences historiques, soient réelles, mais elles ne constituent pas une preuve contre l’existence de la matière factuelle, pas plus qu’elles ne peuvent servir de justification à l’effacement des lignes de démarcation entre le fait, l’opinion et l’interprétation, ni d’excuse à l’historien pour manipuler les faits comme il lui plaît. Même si nous admettons que chaque génération ait le droit d’écrire sa propre histoire, nous refusons d’admettre qu’elle ait le droit de remanier les faits en harmonie avec sa perspective propre ; nous n’admettons pas le droit de porter atteinte à la matière factuelle elle-même. »

Hannah ARENDT

1 Inhérent : qui appartient essentiellement à quelque chose.

La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

dimanche, février 5 2017

Réponses aux questions de contrôle sur notion de SUJET

1/ Comment le concept d’âme permet-il à Descartes de répondre au problème de l’identité de l’individu malgré les changements qu’il subit au cours de sa vie ?

Réponse de Descartes : L'âme est une substance immatérielle . "Substance" signifie étymologiquement "ce qui se tient (toujours là) sous (les changements)é: la substance est le principe de la permanence . L'âme est selon Descartes immatérielle puisque pensante et non matérielle (cerveau). Nous sommes depuis toujours la même âme, et cela fait que nous sommes et restons "nous-mêmes" quelques soient les changements que nous vivons.

2/ Etre soi-même, cela peut être « rester égal à soi-même » et cela peut consister dans l’harmonie des différentes parties de l’âme : cela implique que la meilleure partie de notre âme dirige l’ensemble de l’âme (Platon). Expliquez. Réponse : la raison est ce qui introduit l'ordre dans l'âme (constituée de 3 parties : la Raison, le Thumos = le "coeur" et les appétits = les désirs en nourriture et sexuels). En raisonnant, nous sommes capables de déterminer ce qu'il convient de faire, et donc de désirer, alors que les appétits et le coeur (fonction du "courage") sont incapables de se diriger par eux-mêmes.

3/ Etre maître de soi-même et cultiver son individualité sont deux choses différentes. Expliquez.

Réponse : l'idéal de maîtrise de soi implique de se soumettre à des normes (la Raison, censée être la même pour tous), et cela peut être opposé à l'expression de ma singularité (valorisation de la singularité , par exemple: romantisme)

4/ Pour Stirner, l’idée d’un vrai Moi qu’il faudrait atteindre ou réaliser conduit nécessairement à la soumission et à la perte de liberté. Pourquoi ? Réponse : atteindre le vrai Moi , cela implique d'exiger que le Moi tel qu'il existe actuellement se soumette à ce vrai Moi qui existera seulement dans le futur; il y a alors soumission à quelque chose qui dépasse, mon être actuel = à une transcendance (Repère du programme, opposé à immanence)

5/ Citez deux objections que l’on peut faire à Stirner. Réponse : a) nous avons besoin d'autrui pour nous définir , parce que nous n'existons jamais sans relation à un et même à plusieurs autres (Autrui), tandis que Stirner imagine un Moi complètement séparable de toute société, de tout rapport avec autrui , puisque indépendant de tout rapport à autrui. b) nous avons besoin d'idéaux pour nous définir : vivre, c'est se transformer, et cela implique pour l'être humain de viser un idéal, dont la poursuite nous conduira au-delà de nous-mêmes tout en nous "fabriquant" nous-mêmes ;

6/ « Deviens ce que tu es » : comment Nietzsche justifie-t-il cette exigence ? Réponse : les espèces vivantes ne sont pas données de toute éternité (Nietzsche rejoint ici Darwin). L'espèce humaine, en particulier, se transforme. Il serait en effet lamentable que l'être humain ne soit même pas apte à faire ce que les autres espèces sont capables de faire. En outre, l'espèce humaine est encore plus susceptible de transformation que les autres espèces. Chez l'être humain, la transformation est possible au sens où il est constitué d'une pluralité 'd'instincts' (qui d'après Nietzsche ne sont pas donnés de toute éternité) , de forces auxquelles il s'agit de trouver une forme (comme l'artiste donne forme à une matière malléable) , grâce au dynamisme d'une force dominante qui entraînera toutes les autres dans son élan , et procèdera à une synthèse de ces différentes forces. Si cette synthèse n'a pas lieu, les deux possibilités sont : soit que ces forces entrent dans un conflit trop violent ("anarchie"), soit qu'elles soient quasiment réduites à néant (au terme d'une lutte contre les passions qui les "mate" et produit l'uniformisation, une égalité au lieu de donner à chacune une place). Ce dernier cas est celui où la "morale" (qui a ici un sens péjoratif chez Nietzsche) qui réduit toutes les formes de vie (et donc tous les instincts) à une seule forme de vie, et empêche l'émergence de personnalités originales. La transformation réussie de l'individu n'a pas pour vecteur privilégié la conscience , mais une sagesse du corps , qui nous guide presque malgré nous, mais qui peut aussi nous manquer.

7/ Expliquez cette phrase de Freud : « Là où était le ça, le Moi doit advenir ».

Réponse : la maladie psychique consiste dans un manque d'unité du sujet, dans lequel certaines pulsions (éléments dynamisant) sont considérées par le Moi et le Surmoi comme indésirables, au point qu'elles ne sont plus en communication avec eux . Alors que dans le cas de la santé, ces pulsions parviennent à s'exprimer tout en étant conciliées avec la réalité, dans le cas de la névrose, elles ne peuvent plus s'exprimer qu'en conflit avec la réalité, et doivent donc le faire inconsciemment (la conscience étant la fonction du réel), par des symptômes où elles sont déguisées.

8/ Quel sens la phrase « Je sais bien , mais quand même » a-t-il a dans l'optique de la psychanalyse  ? Expliquez-le en relation avec la notion de « clivage du Moi ».

Réponse : Le psychisme réagit à deux exigences contradictoires , donc inconciliables (exigences de certaines pulsions ET exigences posées par les interdits (moraux , culturels) , en donnant une sorte de satisfaction à chacune , ce qui n'est possible qu'en les cloisonnant , en les rangeant dans deux parties du psychisme hermétiquement fermées. Ces deux exigences restant déparées, le sujet sait quelque chose d'une part (je sais bien par exemple que jouer au poker va me ruiner), mais n'en tire pas les conséquences (mais quand même, je m'autorise à jouer) . Cette situation peut être aussi celle d'un clivage du Moi pathologique. Exemple de ce bon père de famille qui étrangla des prostituées , puis alla voir la police pour demander que les cauchemars qu'il faisaient à la suite de ces meutres, cessent. Il agissait comme s'il n'était pas la personne qui avait commis ces actes. De son point point de vue, ce n'était pas tout à fait faux.

9/ On peut parler d’un manque de communication avec soi-même (ou d’aliénation) dans un sens qui n’est pas psychiatrique. Justifiez.

Réponse : a) lorsque je ne peux pas donner une cohérence à des comportements que j'ai; b) dans le cas d'une humilité excessive , de haine de soi, d'autodestruction c) dans l'apathie, il y a la perte d'un rapport vivant à mes propres possibilités

ces deux dernières situations peuvent se comprendre comme perte d'un rapport au monde extérieur: car je suis séparé des objets qui me permettraient de me réaliser (cas "c") , ou bien je vis une expérience de mérpis social qui me persuade de l'absence de potentialités en moi (cas "b") l'aliénation est alors aussi bien sociale

10/ Expliquez l’opposition faite par Bergson entre moi superficiel et moi profond.

Réponse : la vie sociale exige de chacun de snous qu'il sélectionne une partie de ses capacités, qu'il accomplisse certaines actions dont les effets soient utilisables par cette société , et qui seront "stimulées" par stimuli, incitations appropriées, mais qui restent étrangères à ma personnalité profonde : j'agis alors mécaniquement, impersonnellement, et tous ces comportements sont séparables les uns des autres; dans le Moi profond au contraire, chaque aspect du Moi exprime d'une certaine manière tous les autres; on peut ainsi reconnaître l'individu singulier dans un seul de ses comportements (il a en quelque sorte un style reconnaissable) lorsque cet individu "s'y met tout entier", s'y engage pleinement

vendredi, février 3 2017

Questions de révision Cours Sur le SUJET

REMARQUE : le travail de révision consistant aussi à bien comprendre le cours, je posterai les réponses seulement Dimanche au cours de l'après-midi. il faut donc que vous cherchiez d'abord les réponses afin de mieux assimiler l'ensemble. Bon courage à tous !

Questions de cours sur le SUJET - 2017

1/ Comment le concept d’âme permet-il à Descartes de répondre au problème de l’identité de l’individu malgré les changements qu’il subit au cours de sa vie ?

2/ Etre soi-même, cela peut être « rester égal à soi-même » et cela peut consister dans l’harmonie des différentes parties de l’âme : cela implique que la meilleure partie de notre âme dirige l’ensemble de l’âme (Platon). Expliquez.

3/ Etre maître de soi-même et cultiver son individualité sont deux choses différentes. Expliquez.

4/ Pour Stirner, l’idée d’un vrai Moi qu’il faudrait atteindre ou réaliser conduit nécessairement à la soumission et à la perte de liberté. Pourquoi ?

5/ Citez deux objections que l’on peut faire à Stirner.

6/ « Deviens ce que tu es » : comment Nietzsche justifie-t-il cette exigence ?

7/ Expliquez cette phrase de Freud : « Là où était le ça, le Moi doit advenir ».

8/ Quel sens la phrase « Je sais bien , mais quand même » a-t-il dans l'optique de la psychanalyse ? Expliquez-le en relation avec la notion de « clivage du Moi ».

9/ On peut parler d’un manque de communication avec soi-même (ou d’aliénation) dans un sens qui n’est pas psychiatrique. Justifiez.

10/ Expliquez l’opposition faite par Bergson entre moi superficiel et moi profond.

lundi, janvier 23 2017

Texte de Pascal sur la Vérité et la démonstration

« Cette véritable méthode, qui formerait les démonstrations dans la plus haute excellence, s’il était possible d’y arriver, consisterait en deux choses principales l’une, de n’employer aucun terme dont on n’eût auparavant expliqué nettement le sens; l’autre, de n’avancer jamais aucune proposition qu’on ne démontrât par des vérités déjà connues; c’est-à-dire, en un mot, à définir tous les termes et à prouver toutes les propositions.

Certainement cette méthode serait belle, mais elle est absolument impossible: car il est évident que les premiers termes qu’on voudrait définir, en supposeraient de précédents pour servir à leur explication, et que de même les premières propositions qu’on voudrait prouver en supposeraient d’autres qui les précédassent; et ainsi il est clair qu’on n’arriverait jamais aux premières. Aussi, en poussant les recherches de plus en plus, on arrive nécessairement à des mots primitifs qu’on ne peut plus définir, et à des principes si clairs qu’on n’en trouve plus qui le soient davantage pour servir à leur preuve. D’où il paraît que les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable de traiter quelque science que ce soit, dans un ordre absolument accompli. Mais il ne s’ensuit pas de là qu’on doive abandonner toute sorte d’ordre. Car il y en a un, et c’est celui de la géométrie, qui est à la vérité inférieur en ce qu’il est moins convaincant, mais non pas en ce qu’il est moins certain. Il ne définit pas tout et ne prouve pas tout, et c’est en cela qu’il lui cède; mais il ne suppose que des choses claires et constantes par la lumière naturelle, et c’est pourquoi il est parfaitement véritable, la nature le soutenant au défaut du discours. Cet ordre, le plus parfait entre les hommes, consiste non pas à tout définir ou à tout démontrer, ni aussi à ne rien définir ou à ne rien démontrer, mais à se tenir dans ce milieu de ne point définir les choses claires et entendues de tous les hommes, et de définir toutes les autres ; et de ne point prouver toutes les choses connues des hommes, et de prouver toutes les autres. »

Blaise PASCAL , De l’esprit géométrique (1658)

vendredi, janvier 6 2017

Exemple d'introduction d'explication de texte Nietzsche sur l'art (pour l(art) T.S.

Pour l'introduction : Les thèmes : Art, Vérité, Réel, Vie (existence)

La question : A quoi sert l'art ? Peut-il servir à quelque chose ?

Le problème : L'art peut-il concilier culte des apparences (beauté) et souci de la vérité , du réel ? On peut repérer une sorte de dilemme: * si l'on reconnaît une fonction à l'art , peut-on sauver l'autonomie de l'art ? En effet, l'art est censé se distinguer de la technique par le fait que cette dernière produit des moyens qui doivent se soumettre au but recherché. L'art est donc censé être libre (d'où la doctrine de "l'art pour l'art"), c'est sa spécificité par rapport à la technique.

           **   mais alors , si les oeuvres d'art   "ne servent à rien" , leur existence  peut-elle être justifiée ?  En particulier, à quoi bon l'art s'il ne nous dit rien d'important sur le réel ?  s'il nous plonge dans la seule illusion, n'est-il pas insignifiant ?

Enjeux : la liberté de l'art ; son sens et sa valeur ; son lien avec le réel

Les étapes du texte :

  1) la doctrine de l'art pour l'art , entre remise en cause des préjugés et préjugé

a) première signification de la doctrine de "l'art pour l'art": le refus de la morale b) l'erreur contenue dans cette doctrine : elle accepte comme présupposé une idée morale fondamentale : tout but doit toujours avoir une valeur morale ;

   2)  La connaissance de l'artiste par le psychologue

a) le moyen d'échapper au préjugé moral : le regard du psychologue (des profondeur): c'est celui d'un médecin , qui observe et interpréte des symptômes en vue de la santé , de la vie pleine; b) ce que le psychologue observe dans le comportement de l'artiste : l'artiste évalue , sélectionne (il sépare le laid, le beau, etc..); cette activité d'évaluation est essentielle à l'art , puisque la spécificité de l'artiste est d'être créateur (de beauté entre autres) ; les valeurs posées par l'artiste sont des manières de normer la vie dans le but de l'intensifier, de l'amplifier en vue de la vitalité, de la créativité et au moyen notamment de la beauté

   3) Application de ces résultats au cas de l'artiste tragique ; la beauté, le style, de ses oeuvres etc doivent permettre de continuer à vivre en dépit de la connaissance de l'aspect le  plus tragique de la vie, du réel (et non en réfugiant dans un univers consolant ou en s'évadant)

Exemple d'introduction d'explication de texte Sartre sur le Langage

Pour l'introduction : Thèmes : le langage, la pensée, la liberté Question : le langage peut-il tout dire (tout nommer) ? Thèse : il n'y a a priori aucune inadéquation radicale du langage à ses objets Problème : comment pouvons-nous tout exprimer (une infinité de choses) par les mots alors que d'une part ce que nous vivons est fait d'autre chose que de mots et que d'autre part le nombre des mots de notre vocabulaire est fini (limité)? Etapes de l'argumentation : 1) le texte part d'une observation : parfois nous sommes insatisfaits des capacités du langage à exprimer nos sentiments, etc. 2) Puis il se demande si notre réaction signifie bien ce que nous croyons spontanément qu'elle signifie (opinion commune): que le langage ne pas peut tout dire ; La réponse de l'auteur est négative car : a) cette réaction traduit une exigence d'expression , que nous ne pouvons avoir que parce que nous sentons que l'expression doit être possible; en outre, dire que ce que nous éprouvons ne peut pas être dit, c'est déjà une manière d'exprimer ce ressenti; b) ensuite, il faut distinguer entre "ne pas réussir à dire" et "l'impossibilité de dire": nommer les choses est un art, une activité qui exige dans certains cas une initiative de notre part pour que nous adaptions nos instruments (les mots) à ce qui doit être précisément dit (dans des phrases, des discours, etc.) ; bref, l'invention caractérise la parole ; il faut donc se méfier des façons courantes de parler, qui peuvent ne pas correspondre à une situation inédite ; c) enfin, le lien entre sentiments et mots existe bien, parce que le sentiment est une forme d'expression, et que la parole en est une autre, qui la prolonge, et que réciproquement, l'usage correct des mots ouvre sur une meilleure manière de ressentir les choses ; Enjeux : pouvons-nous comprendre, expliciter et faire comprendre aux autres ce que nous vivons, ce que nous éprouvons , ressentons ? Pouvons-nous nous expliciter à nous-mêmes ce que nous ressentons et vivons ? Et si oui, le talent de bien nommer les choses n'est-il pas réservé aux écrivains (dont Sartre était) ? Enfin, avons nous une marge de liberté dans l'usage du langage, ou bien le langage (en tant que réalité sociale, collective) ne laisse-t-il dire que ce qu'il contient , sans que nous puissions réellement en décider ?

REM: pour l'examen critique : se référer au commentaire de texte de Bergson (année 2016)

jeudi, janvier 5 2017

Texte et questions Cicéron sur les Echanges 2017

Le lien de cette société du genre humain, c’est la raison et le langage  (1) ; grâce à eux, on s’instruit et on enseigne, on communique, on discute, on juge. Ceci rapproche les hommes les uns des autres et les unit dans une sorte de société naturelle  (…). Cette société (2) est largement ouverte ; elle est société des hommes avec les hommes, de tous avec tous. En elle, il faut maintenir communs tous les biens que la nature a produits à l'usage commun de l'homme. Quant à ceux (3) qui sont distribués d'après les lois et le droit civil, qu'on les garde selon ce qui a été décidé par les lois ; quant aux autres (4) , que l'on respecte la maxime (5) du proverbe grec : " Entre amis, tout est commun. " Les biens communs à tous les hommes sont du genre de ceux dont Ennius (6) donne un exemple particulier qui peut s'étendre à beaucoup de cas : " L'homme qui indique aimablement son chemin à un voyageur égaré agit comme un flambeau où s'allume un autre flambeau ; il n'éclaire pas moins quand il a allumé l'autre. " D'après cet unique exemple, on voit qu'il prescrit de concéder (7) même à un inconnu tout ce qu'on peut lui donner sans dommage. De là ces formules habituelles : " Ne pas empêcher de puiser à l'eau courante, permettre qu'on prenne du feu, donner, s'il le veut, à celui qui délibère (8) un conseil de bonne foi ", toutes choses (qui sont) utiles pour ceux qui les reçoivent, sans dommage pour ceux qui les donnent. C'est pourquoi il faut suivre ces formules et toujours participer à l'intérêt commun. Mais puisque les ressources de chacun sont petites et qu'il y a une infinité de gens dans le besoin, notre générosité envers tous en général doit rester dans la limite indiquée par Ennius (9) (…) pour avoir la possibilité d'être généreux envers nos proches. CICERON , Traité des devoirs, 1, § 47-49 (Les Stoïciens, pp.512-513)

(1) Selon l’auteur, tout homme possède la raison et le langage, et il n’y a que les hommes qui les possèdent (2) celle du genre humain, qui rassemble tous les êtres humains (3) les biens (4) les biens répartis dans un groupe d’amis ou de proches (5) la règle (6) peu importe qui était Ennius, c’est ici une référence de l’auteur (7) exige de donner (8) qui réfléchit pour trouver une solution à un problème (9) se référer aux lignes précédentes du texte où il question d’Ennius

Corrigé des questions sur texte de Cicéron les échanges ST2S Janvier 2017

Corrigé texte Echanges Cicéron Janvier 2017

1/ a) idée principale  : les êtres humains forment une société naturelle (distincte des sociétés regroupées sur des territoires délimités) du fait qu'ils partagent tous la raison et le langage  . Appartenant à cette même société, ils ont des devoirs (obligations) mutuels les uns envers les autres.

cosmopolitisme

b) étapes de l'argumentation  :

étape 1 : il existe une sorte de socété englobant tous les hommes du fait que tout homme partage avec les autres la raison et le langage ,qui les relient par la pensée et la parole (lignes 1 à 3) étape 2: Enoncés des règles de distribution des biens au sein des différentes sortes de sociétés (lignes 3 à 12) : */ dans la société du genre humain; c'est la règle énoncée par Ennius qui s'applique (donner même à un étranger tout ce que l'on peut donner sans dommage pour nous); cette règle est universelle, touche toute l'humanité, quelque soit la position géogrpahie et le moment de l'histoire ; elle déborde le cadre des frontières; **/ dans la société régie par des lois; ce sont les lois positives qui régissent les rapports entre les membres de la société (citoyens) : elles sont énoncées par l'Etat , elles ne sont valables qu'à l'intérieur des frontières de l'Etat ***/ dans une société d'amis ou de parents ; la règle est "entre amis, tout est commun" étape 3: exemples de biens à répartir au sein de la société du genre humain , éclairant le principe de réparition qui y est en vigueur ; (lignes 12-17) étape 4 : Comment les règles touchant le genre humain et celles touchant les amis sont elles articulées ? (ligne 17 à la fin) ;

2/ a  : au moyen de la parole on échange des conseils, des arguments, des points de vue  : cela s'effectue par le biais de la discussion  ; 2/b – 1  : exemples de biens donnés par la nature à l'usage commun des hommes  : donner un conseil à quelqu'un qui le demande  ; donner du feu (flambeau)  ; donner de l'eau b-2 -  : l'air  ; il est vrai que l'air ne peut pas être transmis par échange  ; 2-c  : le permis de conduire  ; des allocations  ; tout cela est distribué inégalement , mais en se fondant sur le mérite (la situation des individus, leurs efforts, leurs compétences)  ; le droit existant dans un Etat inflige aussi des peines en cas d'infraction aux lois  ; 2-d  : le flambeau n'éclaire pas moins une fois qu'on a allumé le sien grâce à lui  ; de même, il n'y a pas moins d'eau dans la rivière qui traverse notre jardin une fois qu'on y a puisé de l'eau  ; on n'a pas moins d'intelligence, de raison ou de connaissances une fois qu'on les a communiquées à quelqu'un  ; 2-e  : Non  : «  entre amis, tout est commun  »  : on partage tout  ; tandis qu'avec un étranger la règle consiste à donner seulement ce qui ne nous manquera pas une fois qu'on l'a donné, ce que l'on peut donner «  sans dommage  » , et qui a déjà été donné par la nature à l'usage commun de tous les hommes  ;

3/ Non  : l'échange sur un marché vise à obtenir ce qui nous manque en contrepartie de la cession de quelque chose que nous avons et que l'autre désire  ; en tant qu'échange économique il a pour but de nous procurer des ressources, en gérant celles dont on dispose  : on doit donner le moins possible pour obtenir le plus possible  : Ceci nous amène à mesurer la valeur des choses échangées (les comparer pour déterminer combien de X valent un Y)   ; Ici, c'est l'intérêt personnel de chacun qui est le ressort de l'échange  ; sur un marché, si l'on discute, c'est pour marchander  ; Dans une discussion , par la raison et le langage, l' échange ressemble davantage à un partage  :*/ le langage et la raison sont communs ; et **/ on ne procède pas à une mesure de la valeur des choses échangées (on ne «  compte pas  »)  ; on peut même discuter dans le seul but de bavarder  (de passer un moment en commun)

4/ Pour répondre à la question, il faut se demander comment se définit la société . La société se définit ainsi  : c'est un état de vie collective , un mode d'existence caractérisé par la vie en groupe  ; c'est aussi un ensemble de relations humaines éphémères ou durables , de rapports organisés ou fortuits que les humains entretiennent entre eux. 4- a/ On peut parler de société de genre humain dans la mesure où selon Sénèque il y a bien des rapports réglés (par une sorte de loi naturelle qui les oblige à s'entraider quand cela ne leur nuit pas) entre tous les hommes. On peut parler de société dans la mesure où le mot société englobe les relations éphémères entre des individus 4- b / Mais ceci n'est qu'un sens faible du mot société. Au sens fort, la société établit des relations durables, elle suppose une vie collective, presque permanente. Ainsi, la société du genre humaine n'a que peu de poids par rapport à la société française par exemple.

Note : Retrouvez le texte et les questions sur un autre document posté sur le site !

jeudi, décembre 15 2016

Questions de contrôle du cours sur la Technique

1) Définir ce qu'est UNE technique 2) Définir ce qu'est LA technique 3) sens du mot "Art" dans lune formule comme "l'art du dribble" ou "l'art de persuader les autres" 4) Mentionner un exemple de "technique" ou du produit du travail qui pourrait être dit "de gauche" 5) Mentionner un exemple de règle ou de mesure qui semble seulement "technique" et qui paraît neutre mais ne l'est pas 6) Les normes techniques n'imposent pas un modèle pour la production d'un objet déterminé. Expliquer. 7) Définir "valeur" 8) Sous quelle forme s'écrivent les impératifs techniques ? Quel qualificatif leur donne Kant ? 9) Donnez un exemple d'impératif catégorique (cf. Kant). Quelle différence avec l'impératif technique ? 10) Si je poursuis un but moralement bon, cela implique-t-il que tous les moyens permettant d'atteindre ce but sont eux aussi moralement bons ? Justifiez votre réponse. 11) Pourquoi le principe qui veut que, quand nous devons prendre une décision, nous devions toujours chercher "le plus grand bonheur du plus grand nombre" est-il discutable ? 12) En général, un être humain peut choisir entre deux techniques différentes, mais il ne peut jamais refuser LA technique en général. Expliquez . 13) Quel parallèle peut-on faire entre la main de l'homme et son cerveau? 14) On peut relier le développement successif des techniques au cours de l'histoire avec les fonctions du corps humain. Expliquez. 15) Qu'est-ce que la loi de Gabor ? 16) Quelle conséquence déplaisante résulte du fait que les objets techniques existent toujours au sein de systèmes techniques ? 17) Selon Mill, qu'est-ce que sous-entend l'éloge de la technique ? 18) Expliquez pourquoi, selon Arendt, la transformation d0e la nature par l'homme conduit à une forme de démesure. 19) Nommez au moins 3 valeurs techniques. 20) Expliquez le sens de la fable du jardinier chinois racontée par Heisenberg. 21) Selon Russell,; pour "l'esprit moderne", "tout est instrument" . Montrez ce que cela a comme conséquence sur les valeurs. 22) Quel est le dilemme concernant le rapport entre technique, liberté et raison ? 23) "Le calcul du capital sous son aspect le plus formellement rationnel suppose la lutte de l'homme contre l'homme" Illustrez cette affirmation de Weber. A quelle évolution historique fait-elle allusion? 24) En quel sens du mot "neutre" est-il neutre de ne pas tenir compte de la misère produite par un système économique – technique ? 25) Pourquoi l'idée de remplacer la technique et la rationalité existantes est-elle fragile ? 26) Pour Habermas, il n'est ni nécessaire ni possible de changer la Raison. Ce qu'il faut , c'est distinguer entre deux domaines de rationalité existants. Expliquez. 27) Pour Habermas, la solution à l'excès de contrainte imposé au nom des exigences techniques se trouve dans la distinction nette entre ce qui est technique et ce qui est politique. Mais cette solution est fragile: pourquoi ?

Questions de contrôle du cours sur le Travail

1/ Que veut dire Gorz lorsqu’il dit qu’il y a eu une « invention » du travail ?

2/ Si le travail est une nécessité, comment pourrait-il être une valeur ?

3/ Pourquoi la différence entre LABEUR /LABOR/ LABOUR et ŒUVRE / OPUS /WORK est-elle importante pour comprendre ce qu’est le travail ?

4/ Expliquer ce qu’est la « valeur travail » chez Smith

5/ Expliquer le passage de l’activité artisanale et féodale au travail de type industriel et capitaliste. Quelle conséquence essentielle en découle ?

6/ En quoi la « libération » du travail à l’âge capitaliste est-elle une fausse bonne nouvelle ?

7/ En quoi consiste l’aliénation du travail chez Marx ?

8/ En quoi consiste l’exploitation du travail chez Marx ?

9/ Comment Marx envisageait-il la « libération » du travail ?

10/ Pourquoi le système soviétique d’organisation du travail devait-il échouer à libérer le travail ?

11/ Citez plusieurs éléments constituant l’idéologie du travail dans le monde capitaliste. Expliquez au passage le sens du mot « idéologie » dans le cas qui nous occupe.

jeudi, décembre 1 2016

Exemple Sujet texte Type Bac Techno Montesquieu sur les Echanges + Corrigé

L'effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l'une a intérêt d'acheter, l'autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels. Mais si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers. Nous voyons que, dans les pays où l'on n'est affecté que de l'esprit de commerce, on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l'humanité demande, s'y font ou s'y donnent pour de l'argent. L'esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte, opposé d'un côté au brigandage, et de l'autre à ces vertus morales qui font qu'on ne discute pas toujours ses intérêts avec rigidité et qu'on peut les négliger pour ceux des autres. La privation totale du commerce produit au contraire le brigandage, (…). . L'esprit n'en est point opposé à de certaines vertus morales : par exemple, l'hospitalité, très rare dans les pays de commerce, se trouve admirablement parmi les peuples brigands.

MONTESQUIEU De l’esprit des lois 1748

QUESTIONS :

1° Dégagez la thèse du texte et les étapes de son argumentation.

2° Expliquez :

a) "toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels" ; b) "si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers" ; c) "l'esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte".

3° Les échanges commerciaux rendent-ils les hommes meilleurs  ?

CORRIGE :

REMARQUE : j'ai beaucoup détaillé pour être le plus clair possible, il n'est pas demandé à un élève de terminale de faire aussi long

1° Dégagez la thèse du texte et les étapes de son argumentation

la thèse  (= l'affirmation essentielle de l'auteur dans ce texte)

Montesquieu dans cet extrait de son ouvrage De l’esprit des lois veut montrer que le commerce ou plutôt son esprit unit les nations et les particuliers, mais par le seul intérêt , chacun ayant intérêt à échanger pour obtenir quelque chose qu'il souhaite au moindre prix.

Mais l'auteur montre en même temps que l'intérêt n'unit pas les individus particuliers de la même manière que les nations , e t peut-être qu'il les unit moins bien. La thèse est donc nuancée, elle apporte une nuance. En effet, alors que le commerce permet la paix entre les nations, et qu'il guérit des préjugés à l'égard des étrangers, il contribue à la disparition de la sociabilité entre les individus d'une même nation. L'effet du commerce est donc différent selon qu'il porte sur le lien entre les individus (particuliers) ou qu'il porte sur le lien entre les nations : « Mais si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même tes particuliers. » Par là même Montesquieu dégage ce qu’une société fondée sur le seul échange commercial ou sur le seul marché peut avoir de rétrécissant pour l’âme et pour l’homme.

2° les étapes de son argumentation :

La progression du texte est la suivante : Montesquieu présente d'abord l'effet du commerce sur les rapports entre les nations : il favorise la paix. Puis il montre par contraste l'union par le commerce entre les individus d'une même société : c'est aussi une union par l'intérêt, certes, mais alors que cette union est un progrès dans les rapports entre les pays, elle ne l'est pas complètement entre les membres d'une même société. C'est ce que montre la 3ème étape (3ème paragraphe). Quand c'est l'intérêt de l'individu qui est à l'origine des liens entre les individus, il remplace d'autres sources de liens, plus anciens, qui étaient en vigueur dans les sociétés dites traditionnelles . Exemple : l'hospitalité, qui consiste à accueillir gracieusement pour un moment un voyageur qui est sans toit . Cette règle d'hospitalité est respectée chez les peuples traditionnels et qui sont aussi « brigands » ( pratiquent le vol pour s'enrichir). Ces peuples montrent ainsi qu'ils savent faire quelque chose par simple souci d'humanité : (je prête mon toit à un autre homme, parce qu'il est un homme comme moi), et non pour de l'argent. Par contre, chez les peuples qui pratiquent l'échange commercial (et non le vol) (et qui sont plus « civilisés , l'hopitalité est remplacée par les hôtels. Pour dormir à l'abri, un voyageur devra louer une chambre d'hôtel . En un sens, il est logique que lorsqu'on se procure de l'argent en le volant, on soit moins regardant à en donner sans rien en contrepartie : il est plus facile d'être généreux avec de l'argent qu'on a pris dans la poche de quelqu'un d'autre , car le sentiment de propriété est moins fort. Par contre, dans une société où presque tout s'achète, il semble logique de demander une compensation financière en échange d'un lit . Dans une telle société, tout ce que je possède est plus logiquement considéré comme ma seule propriété, parce qu'on comptabilise de façon précise et exacte toute possession. En effet, l'échange marchand implique que le prix fixé soit exactement respecté, et que le client ne paye rien de plus que ce qu'il doit, et que le vendeur ne donne rien de plus que ce qu'il a promis. Ainsi les limites de ce qui m'appartient et de ce qui ne m'appartient pas sont très rigoureuses, nettement tracées. Par conséquent, l'effet du commerce n'est pas aussi bon lorsqu'il porte sur les rapports entre les individus que lorsqu'il porte sur les rapports entre les nations.

L'effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l'une a intérêt d'acheter, l'autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels. Mais si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même tes particuliers. Nous voyons que, dans les pays où l'on n'est affecté que de l'esprit de commerce, on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l'humanité demande, s'y font ou s'y donnent pour de l'argent. L'esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte, opposé d'un côté au brigandage, et de l'autre à ces vertus morales qui font qu'on ne discute pas toujours ses intérêts avec rigidité et qu'on peut les négliger pour ceux des autres. La privation totale du commerce produit au contraire le brigandage, qu'Aristote met au nombre des manières d'acquérir. L'esprit n'en est point opposé à de certaines vertus morales : par exemple, l'hospitalité, très rare dans les pays de commerce, se trouve admirablement parmi les peuples brigands.

2° Expliquez :

a) "toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels" ; (ligne 3) b)"l'esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte". c) "si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers" ;

a) "toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels" ;

il s'agit pour Montesquieu de montrer que les rapports de commerce ne sont qu'un cas particulier d'union, c a d de relation étroite entre deux ou plusieurs personnes ou choses de façon à former un tout homogène ou à ne faire plus qu'un. Il faut donc d'abord éclaircir l'idée que toute union est fondée « sur des besoins mutuels »(premier moment de la démonstration) Cette phrase soutient l'idée qu'il n'existe pas d'union entre des individus sans que des besoins soient satisfaits pour chacun des membres de l'union ; si les besoins de l'un sont satisfaits, il faut que les besoins de l'autre soient dans une certaine mesure eux aussi satisfaits. Plus précisément, toute union (qui consiste à fait un tout, une unité) suppose une forme de réciprocité (mutualité):. non seulement il n'y a de lien qu'entre des parties qui y trouvent leur intérêt, mais surtout, il faut que cet intérêt soit permis par l'action des autres comme de mon côté je satisfais l'intérêt des autres. Ainsi, chacun est attaché à l'autre parce qu'il lui doit quelque chose. Une sorte de solidarité s'établit de ce fait, qui garantit l'unité par delà la diversité des membres qui composent l'union. Cette solidarité doit être établie dès lors qu'on a affaire à des individus différents, qui ont de leur côté chacun leur vie, une vie séparée de celle des autres. C'est parce que les individus sont différents qu'il faut les relier, les unir. Et une union solide suppose une forme de réciprocité. Par exemple, dans une République, les citoyens ont tous des droits (en principe les mêmes) , mais ces droits, ils ne peuvent les avoir que parce qu'en retour ils remplissent un certain nombre de devoirs . Comment en effet, ce que je reçois de la collectivité pourrait-il m'être offert si d'autres ne contribuaient pas de leur côté à la satisfaction de mes besoins ? Exemple des impôts , payés par le contribuable (= celui qui contribue). On peut aussi proposer l'exemple d'un mariage ou d'une vie de couple : chacun apporte à l'autre ce que par définition il n'a pas, qu'il ne peut pas se donner à lui-même. Ceci implique que, inversement, lorsque les contribuables n'ont plus le sentiment de recevoir en échange de la République ce qui leur est nécessaire, ils se désolidarisent de l'union, et de même lorsqu'un des deux membres du couple ne reçoit plus l'affection que de son côté il procure.

Deuxième moment de la démonstration : il faut maintenant montrer que le commerce est bien une forme d'union. Cela est évident, puisque, par commerce, il faut entendre un échange qui a pour principe que l’on offre à quelqu’un ce dont il a besoin et dont nous n’avons pas besoin et que , réciproquement, l'autre nous propose en contrepartie ce dont nous avons besoin et que nous n’avons pas. Bref, chacun donne et reçoit en même temps quelque chose de différent qui satisfait son intérêt.

Par conséquent, dans un 3ème moment, on peut tirer la conclusion qui s'applique au commerce entre les nations : si l'une a intérêt à acheter et l'autre à vendre, leur relation commerciale établira entre elles un lien, une forme d'« union ».

b) "si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers" ;

le commerce international guérit des préjugés  parce qu'il conduit des populations qui ont des coutumes, des cultures différentes, à se rencontrer régulièrement. En effet, un préjugé consiste à juger avant de connaître, à avoir des idées toutes faites sur quelque chose ou quelqu'un. En faisant connaître les populations de culture étrangères, le commerce guérit des préjugés au sens où il nous « soigne » de notre ignorance des étrangers.

En guérissant des préjugés, il favorise l'entente (on se comprend mieux) et donc la bonne entente ; cette bonne entente favorise la paix

Mais il y a aussi un autre facteur, plus matériel celui-là, qui force presque les nations  qui commercent entre elles à rester en paix : le commerce  porte à la paix les nations car deux nations qui commercent « se rendent réciproquement dépendantes ». Un échange économique est une opération par laquelle on cherche à se procurer une chose qu'on ne possède pas et dont on a besoin, en proposant en contrepartie quelque chose qu'on possède et qu'on possède déjà en quantité largement suffisante .  En effet, par l'intermédiaire du commerce, il se produit une division internationale du travail : chaque pays se spécialise dans la production d'un type de produits. Par conséquent, puisque, comme lorsque la guerre est déclarée, les pays cessent de s'échanger leurs produits, des pays qui commercent ensemble vont y réfléchir à deux fois avant d'entrer en guerre avec un pays acheteur ou fournisseur. C'est d'ailleurs une des raisons qui a poussé à la formation de l'Union Européenne : après les désastres des deux guerres mondiales, on s'est dit que l'intensification du commerce entre les pays européens (par la voie de l'abaissement puis de la suppression des taxes sur les produits étrangers) serait un facteur de paix.

(transition avec la question c) Mais en même temps que le commerce permet la paix entre les nations, et guérit des préjugés à l'égard des étrangers, il contribue à la disparition de la sociabilité entre les individus d'une même nation. L'effet du commerce est donc différent selon qu'il porte sur le lien entre les individus (particuliers) ou qu'il porte sur le lien entre les nations : « Mais si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers. » la même cause (la réciprocité qui s'établit dans le commerce et celle qui s'établit entre les acheteurs et les vendeurs d'une même société) ne produit pas les mêmes effets selon qu'il s'agt du rapport entre des nations différentes et du rapport entre les individus d'une même nation

c) "l'esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte".

l’esprit d’une nation par analogie avec l’esprit d’un individu, c’est d’abord faire signe vers ce qui en constitue l’unité. C’est ensuite indiquer le principe qui sous-tend toutes les actions. Enfin, il faut comprendre que le commerce est l’attitude dominante qui imprègne toutes les autres.

Le commerce produit « un sentiment de justice exacte ». L'échange commercial consiste à opérer une transaction dans laquelle chacun cherche à se procurer une chose qu'il ne possède pas et dont il a besoin, en proposant en contrepartie quelque chose qu'il possède déjà en quantité largement suffisante . Et lorsque l'on vend ou achète, (sur un marché) on cherche à obtenir un objet, une marchandise ou une somme d'argent dont la valeur donne une contrepartie exacte de ce que l'on va céder. (donc vendre) Les métiers du commerce reposent en effet sur la concurrence entre les vendeurs , et sur la loi de l'offre et de la demande : plus un produit est cher, moins il aura d'acheteurs, mais plus il aura de vendeurs, et en même temps les vendeurs doivent s'adapter aux ressources des acheteurs, et donc cherchent à faire baisser leurs prix. Par conséquent de faibles différences de prix peuvent amener de nouveaux clients ou faire fuir ceux que l'on a déjà. D'où l'importance, dans le commerce, des prix, et le fait que le prix exact d'une marchandise est une caractéristique du commerce. Lorsque les gens sont habitués à pratiquer quotidiennement des échanges dans lesquels le prix exact est une règle essentielle, ils finissent par prendre l'habitude de considérer que tout ce qui s'échange doit avoir un prix exact, et donc que tout échange entre individus passe par une contrepartie exacte, (précise) de la part de celui qui reçoit en échange de ce qui lui est proposé. Ceci présente un inconvénient majeur : si tout ce qui s'échange ne s'échange que contre une contrepartie exacte, les individus calculent tout ce qu'ils offrent. Or beaucoup de liens s'établissent entre les individus sans arrière-pensée, sans calcul intéressé. Ce sont des liens de sociabilité, d'amitié, de politesse, voire d'hospitalité. On offre un service, une récréation (un café, une verre) sans en attendre autre chose que la plaisir de la sociabilité, du partage d'un moment en commun. Si donc nous prenons l'habitude de « tout compter », de compter exactement tout ce que nous donnons aux autres, et d'en attendre quelque chose de strictement équivalent en retour, on peut imaginer que les liens de sociabilité spontanée se fragilisent, voire disparaissent. Or sans ces liens, reste-t-il encore à proprement parler une société ? Premièrement les vertus morales amènent à ne pas discuter de son intérêt de façon stricte, ce qui est le cas de la justice exacte qu’implique l’esprit de commerce qui implique de mesurer de façon quantitative les intérêts de chacun. Deuxièmement, ces vertus morales peuvent dans certains cas amener le sujet à négliger ses intérêts au profit des autres. Là se situe la possibilité d’une justice inexacte mais qui est une vertu morale.

On peut donc dire que la justice exacte qu’engendre l’esprit de commerce est dénuée de toute moralité. Montesquieu ne propose pas comme les libéraux de penser que le calcul des intérêts peut suppléer à la moralité. Il pense qu’il conduit à éliminer la vertu.

3° Les échanges commerciaux rendent-ils les hommes meilleurs  ?

REMARQUE Ici je n'ai pas fait toute la dissertation, mais seulement l'analyse approfondie de la question du sujet

Analyse du sujet rendre les hommes meilleurs : par rapport à quoi ? à leur humanité donc : rendre les hommes plus humains rendre meilleur = rendre plus excellent = plus vertueux donc aussi par rapport à leur vertus morales : rendre les hommes plus capables d'accomplir des actes qui ont une valeur morale

il y a problème parce que la réponse qu'on peut apporter est contradictoire : d'un côté, les hommes qui commercent se font moins la guerre et ont des mœurs plus douces : ils ont moins de préjugés et donc sont plus tolérants, et plus « civilisés » (coexistence des différentes cultures) mais de l'autre, les hommes ont tendance à ne plus être liés que par l'intérêt, au point qu'on peut se demander s'ils considèrent les autres seulement comme des moyens pour parvenir à leurs fins ou bien réellement comme des semblables , dans lesquels ils se reconnaissent , et reconnaissent donc des hommes , comme eux-mêmes (notion de réification) ; Les individus, intériorisant « l’esprit du commerce », deviennent incapables d’accomplir des actes désintéressés ; or une action morale est une action désintéressée selon Rousseau, le sentiment de pitié, qui est naturel , a tendance à être écrasé par le désir de posséder , désir que cultive le développement du commerce (puisqu'il faut vendre davantage, il faut que les gens consomment, donc possèdent davantage) , qui développe aussi les instruments permettant de se comparer aux autres cf. aussi Mandeville : les vices privés font la fortune publique ; la société tiendra debout, mais ce sera par les seuls ressorts de l'intérêt

en outre, il n'est même pas certain que le commerce produise la paix : cf. les guerres de l'opium ; l'invasion de l'Irak (accès au pétrole) ; il y a eu de nombreuses guerres depuis 50 ans, seulement elles n'ont pas jusqu'alors touché notre sol … dire qu'il n'y a plus de guerres revient à dire que nous n'en sommes (presque) plus les victimes …. ; mais c'est peut-être l'existence de la bombe atomique qui a permis la paix entre les puissances qui la possèdent (USA / URSS) en maintenant l'équilibre de la terreur le développement du commerce implique aussi le développement des inégalités (cf. Hegel) ; les inégalités produisent des conflits au sein des sociétés

mardi, novembre 22 2016

Réponses aux autres questions sur le cours sur le Travail

Réponses aux autres questions sur le cours sur le Travail

5/ Expliquer le passage de l’activité artisanale et féodale au travail de type industriel et capitaliste. Les artisans n'étaient pas en concurrence; le marchand les met en concurrence ; cela implique de rendre les coûts calculables. La rationalité économique existait certes auparavant, mais à présent elle prend le pas sur toutes les autres rationalités (par exemple l'ordre social, la garantie que les traditions sociales sont prolongées). Quelle conséquence essentielle en découle ? La mesure des coûts implique d'obtenir une force de travail interchangeable . Le travail doit être traité comme une simple quantité. Le travailleurdoit perdre sa personnalité; ses buts et ses désirs ne doivent plus intervenir dans la définition du travail. Le "travailleur" au sens contemporain fait son apparition.

6/ En quoi la « libération » du travail à l’âge capitaliste est-elle une fausse bonne nouvelle ? Dans le système féodal, l'artisan appartient à sa corporation et le serf appartient à son seigneur et il est rivé à sa terre. Mais au moins le serf et l'artisan disposent eux-mêmes de leurs outils de travail et d'une grande partie de leur produit. Avec l'apparition du capitalisme , le travailleur est séparé de l'outil de travail (les machines appartiennent à l'entrepreneur, au commerçant, la terre appartient à un propriétaire foncier) et ce propriétaire des moyens de production peut se débarrasser à tout moment de ses travailleurs, puisqu'il n'est engagé vis-à-vis d'eux que par un contrat. Ce contrat est censé être signé librement par les deux parties, censées être égales (elles le sont juridiquement). "Etre libre" signifie pour le travailleur avoir le droit de travailler dans n'importe quelle entreprise et le droit d'en partir dès qu'il le souhaite. Mais cela signifie aussi qu'il ne peut pas s'opposer à la décision de l'entrepreneur de le licencier. (Cette situation est amortie lorsque la législation vient limiter ou même encadrer - soumettre à des conditions - ce droit de licencier). Ne possédant lui-même aucun moyen de production, n'ayant aucun droit sur le produit de son travail, le travailleur ne possède plus qu'une seule chose : sa force de travail. Or lorsqu'il n'existe pas de filet de protection (assurance chômage, etc.), la nécessité de survivre le contraint à accepter à peu près n'importe quel travail (et à n'importe quel prix s'il n'y a pas de salaire minimum).

8/ En quoi consiste l’exploitation du travail chez Marx ? Il se trouve que, dès que l'outil de production est un peu développé, le travail permet de produire plus de ressources qu'il n'en dépense . Par exemple, si je travaille 8 heures, je produis l'équivalent d'assez de ressources pour me permettre de dépenser mon énergie en travaillant pendant 10 heures. C'est cette différence (dans notre exemple théorique, elle est de 2 heures) que Marx nomme "surtravail". Ce dernier n'est pas payé et n'a pas "besoin" de l'être (du point de vue de l'entrepreneur) , puisque le salaire versé permet à l'ouvrier de survivre jusqu'au lendemain , et donc de revenir travailler. L'ouvrier sera contraint d'accepter ce salaire qui lui permet juste la survie tant qu'une législation n'imposera pas un salaire allant au-delà. Il y sera contraint parce qu'il n'a que sa force de travail pour vivre. Mais il signera "librement" son contrat d'embauche. La législation apparue après le moyen-âge et le système féodal (et même après l'Ancien régime) assure en effet le "droit" de choisir son emploi...Ainsi la Révolution française à aboli les corporations d'artisans, qui fixaient le nombre des individus ayant le droit de travailler dans telle ou telle branche (drapiers, tanneurs, etc.) En fait, cette législation permet seule la souplesse dans l'embauche , souplesse nécessaire à la production capitaliste, fondée sur la concurrence, concurrence qui implique en effet la recherche d'un "plus" de productivité, et donc la recherche de "solutions" nouvelles dans la production (achat de machines remplaçant les ouvriers) et d'un plus de "compétitivité" ("délocalisation" de la production vers des pays à main d'oeuvre meilleur marché – ex: aujourd'hui vers la Chine).

10/ Pourquoi le système soviétique d’organisation du travail devait-il échouer à libérer le travail ? Marx avait émis l'idée que les travailleurs devaient pouvoir organiser eux-mêmes leur travail. A cette condition, le travail deviendrait réellement humain: il consisterait en la réalisation de projets et non dans une contrainte. Cela supposait que les travailleurs puissent décider en commun de cette organisaition. Berf cela supposait une sorte de démocratie dans l'entreprise. Mais la division du travail générée lors de la révolution industrielle a rendu quasiment impossible pour un individu d'avoir une connaissance claire de l'ensemble de l'appareil de production (l'ensemble des branches concourrant à la production), à moins d'être lui-même spécialisé dans ce domaine. Cette division du travail a conduit à une spécialisation toujours plus grande des métiers. Ceci rendait très improbable l'éventualité d'une décision collective touchant les objectifs et la forme que prendrait la production, puisque personne n'était réellement compétent pour pouvoir en discuter, sauf les spécialistes.

Lorsque le régime soviétique a voulu organiser la production, il a donc été contraint de recourir à des spécialistes , des experts dans la connaissance de l'appareil de production. C'est ainsi cette catégorie de spécialistes qui a fixé pour tous les autres travailleurs leur tâche, leurs objectifs, etc. Ainsi, ces spécialistes ne faisaient que remplacer les hommes qui dirigeaient les travailleurs dans les entreprises capitalistes.

Comme par ailleurs la production devait être organisée à l'échelle de toute la société , il fallait que la société ne soit plus qu'une immense usine. (Alors que dans le système capitaliste, le niveau et la nature de la production de chaque entreprise sont fixés par l'offre et la demande, autrement dit "le marché"). Or, puisqu'une usine peut difficilement être une démocratie, c'est la démocratie qui était d'emblée exclue du système soviétique.

11/ Citez plusieurs éléments constituant l’idéologie du travail dans le monde capitaliste. Expliquez au passage le sens du mot « idéologie » dans le cas qui nous occupe.

Le mot "idéologie" peut se comprendre comme un ensemble de représentations mentales prétendant défendre l'intérêt commun, :mais traduisant en réalité seulement des intérêts particuliers. Un cas extrême d'idéologie est l'idéologie nazie, qui prétendait sauver l'humanité en soumettant l'ensemble de la société européenne à une dictature de fer, et qui servait en réalité à permettre une minorité de "cadres" de s'arroger toutes sortes de pouvoirs et de privilèges . Un cas parallèle est celui de l'Union soviétique surtout pendant l'ère stalinienne. Dans le monde capitaliste contemporain, l'idée que le travail est une vraie valeur prétend être au service de l'intérêt de tous. Ainsi, on vante les mérites du travail , censé permettre à l'individu l'épanouissement personnel de tous ceux qui travaillent. Or cela ne concerne en réalité qu'une minorité (plus ou moins étendue cependant selon les époques et la géographie). En outre, les entreprises ont besoin pour leur développement de cadres "créatifs" totalement investis dans leur tâche, et prêts à sacrifier l'essentiel de leur vie et de leur créativité au profit du développement de l'entreprise. Mais même pour ces cadres, la réalité est beaucoup moins rose. On peut se référer à l'exemple de l'Open Space m'a tué où des cadres sont atteints par le 'burn-out', étant soumis à une pression constante jusque chez eux, par le biais d'internet. Une autre variante consiste à dire que travailler "dur" (il s'agit alors des travaux les plus pénibles) serait utile à toute la société... donc y compris à ceux qui exercent ces travaux. Pourtant, les travaux les plus ingrats sont aussi souvent les moins bien payés et les moins reconnus. Il y a donc un décalage entre ce qui est prétendu et ce qui est réellement fait par la société. C'est ce décalage qu'on peut appeler "idéologie"

lundi, novembre 21 2016

Réponses complémentaires au contrôle sur le cours sur la Culture

Réponses complémentaires au contrôle sur cours – Culture

2/ Discipline chez Kant : partie négative de l'éducation : arracher les mauvais penchants est un préalable nécessaire avant de pouvoir transmettre des connaissances (de même qu'il faut retirer les mauvaises herbes d'un terrain avant de l'ensemencer)

3/ Le meilleur moyen de lutter contre les passions serait l'intérêt. Pourquoi ? Les passions (sentiments dominants) sont très fortes , difficiles à maîtriser ; faire la morale aux gens ne suffit pas, est dérisoire ; une solution serait alors d'opposer les passions aux passions (la lâcheté → la honte) ; mais alors le sujet devient -il réellement raisonnable ? Par contre l'intérêt, en introduisant le calcul , en différant le moment du passage à l'acte , lorsqu'il est réduit à l'intérêt économique, conduit les individus à devenir des « marchands », à négocier, et cela développe finalement leur sociabilité

5/ La civilisation produit un malaise chez le sujet (l'individu) lorsque la répression des pulsions est trop intense et brutale (Freud) : expliquez et illustrez avec un exemple. selon Freud, la civilisation implique de repousser les pulsions ; or la réalisation de celle-ci procure du plaisir ; dans la civilisation, le sujet ne peut pas être heureux (et encore moins finalement sans civilisation) : il doit sacrifier son bonheur au sens d'état de plénitude en procédant au refoulement de ses pulsions ; Mais la civilisation est aussi bâtie au moyen de l'intervention de l'énergie du surmoi, et celle-ci est d'origine pulsionnelle, c a d a tendance à se réaliser sans limites : le surmoi est brutal ; le sujet se brutalise donc lui-même par le biais de son surmoi , et cela peut aller jusqu'à interdire l'expression de revendications pulsionnelles légitimes (avoir une vie sexuelle un tant soit peu épanouie) : c'est une partie du « malaise dans la civilisation », et cela produit des névroses (exemple : la répression de la sexualité des femmes fin XIXème début XXème et l'hystérie : la femme névrosée convertit l'énergie sexuelle réprimée en comportement désordonnés, irrationnels et apparemment inexplicables : les pulsions sexuelles trouvent un moyen détourné de s'exprimer à l'insu même de la patiente, dont le surmoi bloque l'accès de ces pulsions à la conscience)

8/ Quel reproche peut-on faire à l'idée de Rousseau selon laquelle l'humanité s'accomplit dans la citoyenneté (Rousseau = thèse de l'humanisme civique) ?

La solution de Rousseau face aux problèmes apportés par la civilisation, est (paradoxalement), de dénaturer encore davantage l'homme, de le dénaturer jusqu'au bout, en transformant l'homme en citoyen, et surtout en un citoyen qui, délibérément, fasse toujours passer son intérêt particulier après l'intérêt commun ; pour cela, il faut des lois qui éduquent le citoyen : le législateur "doit se sentir en état de changer pour ainsi dire la nature humaine , de transformer chaque individu, qui par lui-même est un tout parfait et solitaire, en une partie d'un plus grand tout dont cet individu reçoive en quelque sorte sa vie et son être; d'altérer la constitution de l'homme pour la renforcer; de substituer une existence partielle et morale à l'existence physique et indépendante que nous avons reçue de la nature"' (Du Contrat Social, Livre II, ch. 7) "Les bonnes institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l'homme, lui ôter son existence absolue pour lui en donner une relative, et transporter le moi dans l'unité commune; en sorte que chaque particulier ne se croie plus un, mais partie de l'unité, et ne soit plus sensible que dans le tout" (Emile, I, p. 9 Garnier) Mais cette solution pose à son tour un nouveau problème: ce passage de l'individu dans le Tout ne risque-t-il pas d'absorber toute la vie de l'individu ? Obéir à sa raison, lorsque celle-ci demande de faire toujours passer son intérêt individuel après l'intérêt collectif, n'est-ce pas risquer de se soumettre volontairement à un pouvoir liberticide ? C'est pourquoi on a reproché à Rousseau de donner des arguments au totalitarisme . En particulier, une longue phrase a été pointée du doigt : "Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre" Contrat Social, Livre I, ch. 8, Du Souverain .

10/ Marcuse montre que dans la société actuelle le prétendu principe de réalité est en fait un principe de rendement. Expliquez la différence.

le principe de réalité doit selon Freud être suivi , respecté: l'individu doit s'adapter et produire une transformation de ses pulsions , désirs, etc. Mais il y a une ambiguïté dans cette notion de principe de réalité , et s'autoriser de ce principe est dangereux : devons-nous nous adapter à tout ce qui existe ? Le principe de réalité dit qu'il faut se contenter de ce qu'il y a , et que les biens étant en quantité limitée, qu'il y a une certaine rareté des biens, voire pénurie, il faut savoir renoncer à certains désirs ; mais cette pénurie touche les gens de façon très inégale (1% de la pop mondiale dispose de 45% du patrimoine mondial..): est-ce que cette inégalité est un fait de la nature ? Freud répond que la nature a commis des injustices irréparables ... et justifie ainsi les inégalités dont Rousseau a montré qu'elles étaient en grande partie d'origine sociale mais alors, pourquoi, tandis que la production a nettement augmenté, la proportion de pauvres augmente-t-elle ? Réponse de Marcuse : si , malgré l'augmentation énorme de la production, la pénurie existe toujours autant, cela s'explique par le fait que dans la société actuelle , le travail n’est pas organisé en vue de la satisfaction des individus , et qu’il ne conduit pas à actualiser leurs propres potentialités , mais à alimenter un système qui suit ses propres finalités (la principale étant la reproduction de la hiérarchie sociale) le travail est dans cette société un facteur de répression (= de domination): celui qui dépense toute son énergie à travailler n'a pas l'occasion de contester l'organisation de la société ; Le travail choisi librement est sources de joies  ; en particulier, le travail artistique. Seulement, ce travail choisi librement est rare; Est-il rare parce que tout le monde ne peut pas être artiste, cadre supérieur , etc , ou bien parce que la liberté dans le travail supposerait la libération de l'homme qui travaille, ce qui mettrait ainsi en question l'organisation hiérarchique de la société comment se fait-il que le travail devienne de plus en plus envahissant alors que la productivité n'a jamais été aussi forte ? (cf. L'Open Space m'a tué) ; idéologie de la productivité : être plus productif est une fin en soi ; l'idéologie de la productivité permet de maintenir les individus en état de mobilisation permanent donc il n'y a pas de raison suffisante dans la réalité pour chercher toujours plus de productivité : le "principe de réalité" qui est invoqué pour justifier cela est idéologique : il est en vérité un "principe de rendement" (être plus rentable), et se masque donc sous les apparences de la nécessité; le "principe de réalité" n'est pas essentiellement nécessité du fait de "la réalité", mais pour permettre la poursuite de la domination le principe de rendement  conduit à définir le Moi par l'exigence d'un perpétuel dépassement: or ceci est un dévoiement de l'idée que l'être humain peut tendre toujours vers le mieux (il y a certes une bonne idée dans l'idée de progresser vers un idéal, mais si le dépassement de la productivité devient une valeur en soi, il y a perversion de cet idéal)

11/ Marcuse pense que la sauvagerie des pulsions sexuelles n'est pas naturelles : expliquez.

Principe de la cocotte minute : les pulsions sexuelles sont déclarées anarchiques, explosives par nature par Freud ; or c'est en réalité une trop brutale répression (effectuée par la société, donc par la culture) qui, en produisant la pression → l'explosion , le désordre, etc. selon Marcuse, les pulsions sexuelles pourraient se limiter elles-mêmes (spontanément) : en effet, spontanément , lorsque j'ai un accès possible à toutes sortes de jouissances, il se peut certes que je commence par les satisfaire toutes sans limites , mais plus ou moins rapidement, je m'aperçois que le plaisir s'émousse lorsque je ne me limite pas : je m'aperçois qu'en me limitant un effet de contraste se produit , le plaisir est plus fort lorsqu'il n'est pas continu ; donc je vais spontanément me limiter pour pouvoir éprouver un plaisir plus fort

mardi, novembre 15 2016

INTRO pour le Cours sur la Technique

INTRO pour "Peut-on parler de neutralité de la technique ?"

Opinion commune) Une technique est un savoir-faire, un ensemble de procédés réglés permettant de produire un résultat,: et un objet technique est un moyen permettant d’atteindre une fin jugée utile ou plus généralement, ayant une valeur. Il semble évident que c’est seulement cette fin une fois posée que le technicien déterminera quels moyens sont nécessaires pour l’atteindre. De même , l'outil "internet" peut servir aussi bien à répandre les lumières avec une force inégalée, qu'à endoctriner des individus dans un but criminel. Une technique n’a pas donc pour fonction de choisir les fins, donc de se prononcer sur la valeur des fins poursuivies. En ce sens, dire qu’une technique est neutre c’est rappeler qu’elle n’intervient pas dans l’arbitrage des fins, qu’elle ne fait que répercuter au plan des moyens les décisions effectuées concernant les fins. Elle ne permet pas de prendre parti dans le choix des fins et des valeurs. Le technicien n'est donc qu'un exécutant. C’est bien plutôt dans la politique ou la morale qui sont les sphères de la réflexion humaine où sont affirmées des valeurs, des partis pris, par opposition à la sphère technique, où la qualité première est une forme de froideur et d’objectivité qui seule permet l’efficacité ; (Mise en cause de l'opinion commune) Mais il n'est pas rare que certaines décisions présentées comme "purement techniques" semblent en réalité inspirées par des préférences pour certaines valeurs au détriment d'autres. Lorsque par exemple l'Etat décide d'évaluer les ressources qu'il allouera à chaque hôpital en fonction de son activité, il donne une prime au "plus d'activité", ce qui a pour but de rendre le travail du personnel hospitalier plus efficace. Mais en même temps, cela a pour conséquence que les hôpitaux vont chercher à augmenter le nombre de cas traités, ce qui risque de transformer le malade en client fournisseur de ressources, avec lequel on évitera de "perdre" trop de temps à dialoguer.... On peut aussi penser à M. Thatcher justifiant sa politique en déclarant qu'il n'y avait pas d'alternative (le fameux "TINA"). (Problème) D'une part, les techniques semblent pouvoir être définies à bon droit comme de simples moyens, subordonnés à des fins, et par conséquent , elles semblent ne faire que traduire un choix fait entre ces fins . Bien loin d'influencer nos choix (entre nos fins), elles n'en seraient que le fidèle exécutant; elles seraient donc neutres . Mais d'autre part il semble aussi que , assez souvent, des contraintes présentées comme techniques finissent par nous imposer la préférence de certaines valeurs: elles ne sont alors plus neutres. Comment expliquer alors que, par exemple, ce qui en principe n'est qu'un ensemble de moyens (la technique, les techniques et leur efficacité) apparaisse à un moment donné comme un but suprême, une fin, l'efficacité devenant la règle suprême de toutes nos actions ?

	. (Enjeux)  Si les  techniques employées ne sont en réalité pas neutres  , il est fort probable que l'on fasse passer, sous les apparences de la neutralité, une politique, des choix de valeurs, des préférences. La technique fonctionne alors comme idéologie (des intérêts particuliers sont masqués par l'invocation de l'intérêt général et celui-ci adossé à l'objectivité). En bout de course, on aboutirait  à la réduction de la politique à un ensemble de choix d'autant plus facilement acceptés qu'ils seraient présentés comme techniques. La politique serait vidée de son contenu, et le citoyen deviendrait "inutile", sans pertinence.  Inversement, si la technique est bien neutre, il serait dangereux de vouloir lui substituer une technique "de gauche" ou "de droite" (comme par exemple en URSS Lyssenko prétendait avoir démontré que la génétique de Mendel, science "bourgeoise", était fausse et avait ainsi pu lancer un programme agricole qui s'était révélé catastrophique pour la production). Enfin, si le progrès  technique est un progrès de la raison, de la rationalité, n'est-ce pas tomber dans une forme d'irrationnalité que de remettre en cause le progrès technique ?

Si le choix des techniques n'est pas neutre, plutôt que d'être laissées aux mains des experts (qui sont des hommes comme les autres) ne faut-il pas les remettre dans les mains des citoyens ? (processus délibératif, discussion). Et rendues à la délibération des citoyens les techniques pourraient-elles changer de nature ? Pourrait-on assister à l'éclosion d'une science et d'une technique qui n'exprimeraient plus la domination de l'homme sur la nature (pollution/ écologie) et de l'homme sur l'homme (organisation, division du travail corollaire d'une hiérarchie)? D'une science et d'une technique complètement différentes de celles que nous connaissons actuellement ? (dimension utopique)

lundi, novembre 14 2016

Questions de contrôle du cours sur la culture

Questions de contrôle du cours sur la culture

1/ En quoi , d’après Condorcet le progrès des Lumières (connaissances, savoir) produit-il le progrès moral de l’humanité ?

2/ Quelle est la fonction de la discipline selon Kant ?

3/ Le meilleur moyen de lutter contre les passions serait l'intérêt. Pourquoi ?

4/ Que signifie que, selon Freud la nécessité est- « la grande éducatrice » ? (texte du manuel p.85) (sachant que la nécessité = ce qui dans la réalité ne peut pas être autrement)

5/ La civilisation produit un malaise chez le sujet (l'individu) lorsque la répression des pulsions est trop intense et brutale (Freud) : expliquez et illustrez avec un exemple.

6/ Définir l’amour-propre selon Rousseau : attention, il est à distinguer de l’amour de soi !

7/ Si, malgré les dommages que cause la civilisation, il est impossible de revenir en arrière, quelle solution Rousseau propose-t-il pour remédier à ces dommages ?

8/ Quel reproche peut-on faire à l'idée de Rousseau selon laquelle l'humanité s'accomplit dans la citoyenneté (Rousseau = thèse de l'humanisme civique) ?

9/ Chez Freud  :Qu’est-ce qu’une pulsion ? En quoi consiste la pulsion de mort? En quoi les pulsions sexuelles sont-elles impropres à fonder la civilisation ?

10/ Marcuse montre que dans la société actuelle le prétendu principe de réalité est en fait un principe de rendement. Expliquez la différence.

11/ Marcuse pense que la sauvagerie des pulsions sexuelles n'est pas naturelles : expliquez.

Introduction pour : la culture est-elle un luxe ?

Introduction pour : la culture est-elle un luxe ?

Exemples d’objets luxueux : une Jaguar, des cannes de golf, des robinets en or … Le luxe est une notion lestée d’ambivalence. En effet, d’une part, le luxe suscite l’admiration , en ce sens il a une connotation positive : cette admiration se justifierait par le caractère précieux de l’objet de luxe, par sa valeur (sans cependant que le contenu de cette valeur puisse être défini clairement) . Mais en même temps il est aussi qualifié de superflu. Il est alors chargé négativement, puisque le superflu encombre, et accapare des ressources qui pourraient être mieux employées. La culture , au sens où des gens sont cultivés retient ces deux dimensions du luxe. D’un côté, celui qui possède une grande culture suscite l’admiration : comment peut-on savoir tout cela ? Mais de l’autre cette culture peut apparaître superflue, et on se demandera : à quoi bon savoir tout cela ? En effet, connaître les noms de tous les rois de France depuis l’origine , cela peut procurer une satisfaction à celui qui en est capable. Mais cette satisfaction n’est-elle pas purement subjective, et arbitraire ? En quoi l’homme cultivé se distingue-t-il de celui qui collectionne les boîtes de Camenbert ? Pour dire que la culture est un luxe au sens de quelque chose de précieux, il faudrait déterminer ce qui fait sa valeur spécifique. A cette fin, on pourrait avancer que la culture contribue , voire qu’elle est indispensable à la formation de l’esprit, qui rend le sujet capable de juger et de penser par lui-même. Mais est-il réellement nécessaire de savoir beaucoup de choses , d’avoir lu beaucoup de livres, pour pouvoir penser par soi-même ? Cette capacité n’est-elle pas innée, naturelle donc, présente en nous du fait de notre nature humaine ? Et ainsi, si nous admettons que la culture n’est pas précieuse, c’est peut-être dans le sens négatif qu’on pourra en parler comme d’un luxe. Le luxe , par son superflu, risque bien de parasiter, de déséquilibrer l’épanouissement du sujet.. Or connaître par cœur un ensemble de choses inutiles risque de nuire à l’exercice du jugement en encombrant l’esprit. La mémoire, surchargée ne pourrait plus se consacrer à des tâches plus utiles (cf. Montaigne) Il y a un sens du mot culture dans lequel cependant celle-ci paraît indispensable : la culture comme dénaturation et socialisation de l’individu. La discipline est indispensable pour que les individus apprennent à suivre les règles permettant la vie en commun, et peuvent ainsi entretenir le lien social. Elle serait donc la culture utile, et même nécessaire, tandis que la culture cultivée serait inutile. Mais dans la mesure où la formation de l’esprit élargit l’esprit du sujet, elle le rend davantage capable de vivre avec les autres. En même temps, elle permet au sujet de prendre du recul sur sa culture d’appartenance. Or c’est précisément ce que ne veulent pas les esprits bornés, qui craignent que l’esprit critique ne mette en péril la société (la discipline, l’obéissance aveugle aux règles de la société leur semble être indispensable à sa survie : ce sont les défenseurs de la « société close »). Pour eux, la société doit rester fermée, et toute ouverture est un luxe inutile et dangereux. Pourtant, on peut se demander si la force de l’esprit et celle d’une société repose nécessairement sur son étroitesse, ou si au contraire, élargir l’esprit, ce n’est pas le rendre plus fort.

Commentaire sur le mouvement de l’intro : Je pars de la contradiction qu’il y a dans le mot luxe pour élaborer le problème. Je montre que l’on peut concevoir la culture au sens C (cultivée) comme étant du luxe au sens négatif mais aussi au sens positif : qu’il y a donc problème. Cependant, l’idée que la culture cultivée est superflue semble bien fondée. Je consulte alors un autre sens du mot culture (dénaturation) et je constate que celle-ci est nécessaire, vitale. Puis je montre qu’on peut concevoir que la culture cultivée est le prolongement de cette culture , mais aussi qu’on peut concevoir qu’elles sont en conflit l’une avec l’autre (dans ce cas la culture cultivée encombre la société de doutes et de réflexions inutiles et dangereuses). D'où finalement encore un problème.

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