Organiser la vie des Allemands présents à Saint-Quentin

Le témoignage du journaliste allemand Georg Wegener

Un journaliste allemand, Georg Wegener, "correspondant sur le théâtre de guerre de l'ouest" du journal ''La Gazette de Cologne", est présent à Saint-Quentin en mai 1915. Elie Fleury cite des extraits des articles qu'il a écrit lors de son séjour :
Wegener évoque la qualité des hôpitaux à proximité du front et notamment le grand hôpital de guerre allemand, installé à Saint-Quentin au Palais de Fervaques. L'auteur nous décrit ce "monument moderne" positivement car il emploie les termes suivants : "grandiose, fastueux avec ses deux ailes en saillie et un perron d'un grand effet". Il nous apprend que l'hôpital est installé dans la salle des Fêtes : "Cela vous donne une impression spéciale de voir, en ce brillant lieu de fête des Français, toutes ces longues rangées de lits de campement , ces visages jeunes et pâles, les soeurs s'empressant avec un zèle discret d'un lit à l'autre". Dans le hall d'entrée du Palais de Fervaques, on a érigé un autel destiné au service divin pour les malades.
L'auteur décrit aussi les brasseries allemandes créées dans la ville "principalement pour la garnison de Saint-Quentin et pour le soldats qui sont de passage dans la ville". Il nous apprend notamment que "la maison Kasten, firme bien connue de Hanovre, a installé un restaurant de vin sur le marché et un hôtel à la gare, ce qui est particulièrement agréable pour le officiers venant des tranchées du front en permission dans la ville."
Il décrit aussi le Foyer du soldat qui se situe près de la basilique dans une maison spacieuse et "abandonnée" par ses propriétaires. On y trouve un salon de lecture avec des journaux et des revues, une salle de correspondance, des jeux de toute sorte et un jardin garni de tables et de chaises. Les soldats peuvent aussi acheter, à prix réduit, du thé, du café, de la bière, des petits pains. Des conférences "à la portée de tous" sont faites quasiment tous les soirs. Un cinéma avec des films "patriotiques et amusants" a été installé récemment. Pour un soldat allemand, le Foyer lui permet de se détendre et de surtout ne pas penser à son foyer qui doit lui manquer dans son pays. Il lui permet aussi de s'éloigner des "plaisirs malsains" et des "mauvais lieux" qu'ils seraient ammenés à fréquenter par tristesse ou par ennui...
Wegener nous apprend aussi qu'une école d'artillerie de l'armée a été créée le 4 octobre 1914 "avec un noyau de 53 ouvriers de la fonderie de canons de Spandau" (en mai 1915, il y en a 260). Selon lui, "on utilisa le ateliers et les machines d'une usine que l'on trouva, comme toujours en France, dans un état de saleté, de désordre et de délabrement indicibles". L'objectif est de remettre en état le matériel d'artillerie détérioré au cours des combats.

Règlementer la prostitution à Saint-Quentin

Elie Fleury nous explique que les Allemands ont pris en charge très tôt le problème de la prostitution. Cela s'explique par le fait que toutes les prostituées ayant des maladies sexuellement transmissibles ont été expulsées, comme d'autres malades, de l'Hôtel-Dieu en septembre 1914. Elles ont à nouveau exercé leur métier et, selon Elie Fleury, "l'effet fut rapide et dévastateur pour l'envahisseur". Les Allemands décident de créer "une maison pour y mettre, outre les femmes actuellement en traitement, le grand nombre de celles qui, selon toute vraisemblance, y arriveront". Il s'agit de l'école maternelle de la rue de Fayet. Il y eut cinquante pensionnaires en moyenne originaires de Saint-Quentin ou de ses environs. D'une manière générale, toute femme soupçonnée "d'aller ou d'être allée avec un Allemand" devait se présenter deux fois par semaine dans cette maison. "Elle était photographiée, inscrite et recevait, avec un numéro d'ordre, un petit livret cartonné où un coup de timbre, dans les cases disposées à cet effet, constatait sa venue. Sur la couverture, un papillon vert énumérait les heures interdites après 5 heures du soir".
Selon Elie Fleury, le 21 novembre 1914, 1 020 femmes avaient passé par la maison de la rue de Fayet et 400 avaient reçu un petit livret et étaient soumises à la double visite hebdomadaire. Il conclut ainsi : "La situation s'était assainie, au point même de devenir parfaite"
Elie Fleury montre aussi que la prostitution s'est développée à Saint-Quentin en raison de la proximité du front. Beaucoup d'officiers allemands y venaient "faire la fête" dès que l'occasion se présentait ce qui explique, selon l'auteur, que les "maisons de rendez-vous" (ou maisons closes) y étaient nombreuses.

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