La chasse aux Anglais

La présence de soldats anglais dans la ville occupée

Au début de l’occupation de Saint-Quentin, à partir de la fin août 1914, des soldats anglais étaient encore présents dans le ville. Certains étaient blessés et se trouvaient au palais de Fervaques où, selon Elie Fleury, "on les laissait mourir, faute de personnel et d'objets de pansement". D'autres se trouvaient dans la ville car ils n’avaient pas eu la possibilité de fuir devant l'ennemi. Elie Fleury estime qu'il y en avait une centaine.
Des Français décidèrent de recueillir les Anglais qu’ils trouvaient dans la rue avant qu’ils ne se fassent arrêter. Pendant trois ans, une "chasse aux Anglais" fut organisée par les Allemands. "Ils en prirent quelques uns et les traitèrent en sauvages : ils en fusillèrent deux à Saint-Quentin et beaucoup aux environs ; mais il leur en échappa".

Témoignage recueilli par Elie Fleury

Elie Fleury reproche à certains Anglais d'avoir été imprudents et d'avoir ainsi mis en danger la vie des Saint-Quentinois qui les avaient accueillis.
Il nous raconte ainsi qu'après l'entrée des Allemands à Saint-Quentin un jeune homme recueille deux Anglais. Le premier l'a abordé sur place de l'Hôtel-de-Ville : "un homme vient à moi, tenant entre les doigts une cigarette éteinte : il me fait comprendre qu'il veut du feu. Je n'ai pas de peine à démêler que c'est un Anglais que, la veille, on a habillé n'importe comment puis flanqué à la rue, car c'est trop dangereux". Il repère le lendemain un autre Anglais qu'il accueille aussi chez lui.
« Tout aurait bien marché, si le premier Anglais avait été raisonnable ; mais, alors que son camarade ne sortait qu’en ma compagnie et le soir, lui, il se promenait perpétuellement en ville et il finit par se faire arrêter dans la journée du 15 octobre ». L'Anglais révèle aussi où il loge. La maison est alors envahie par les Allemands qui mettent en prison le jeune homme et son père. Ils sont jugés par un conseil de guerre et condamnés à dix ans de travaux forcés. Le père sera déporté à Werden, en Rhénanie du Nord-Westphalie qui est une région proche de la frontière française. Il sera gracié quinze mois après en raison de son âge (64 ans) et d'une intervention du maire de Saint-Quentin. Le fils fut déporté à Crefeld, une autre ville située dans la même région. Il ne sera délivré qu'après l'armistice.

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