jeudi, décembre 18 2014

Contrôler les informations venues du front

Amplifier les victoires, taire les défaites

Les Allemands, pensant avoir gagné la guerre contre les Russes lors de l’offensive d’Hindenburg en février 1915, crient leur joie, sonnent les cloches et annoncent la nouvelle aux Saint-Quentinois par des affiches. Mais les Allemands ont bien trop vite crié victoire puisque les Russes contre-attaquent. Elie Fleury rapporte la réflexion d'un officier de la Kommandantur : « Nous avons peut-être été un peu trop vite ».
Les Allemands utilisent la propagande et le "bourrage de crânes". Ils essaient de ranger les Saint-Quentinois de leur côté en discréditant systématiquement l'Angleterre qu'ils accusent d’être le seul responsable de cette « guerre néfaste ». Ils accentuent le côté coupable de l’Angleterre en proférant à plusieurs reprises des accusations – souvent fausses- à leur encontre : « Fidèle à ses traditions et à son histoire, l’Angleterre a abandonné le malheureux pays la Belgique ».

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Les Allemands font tout pour décourager les derniers espoirs d’une possible libération de Saint-Quentin. Ainsi, le 15 janvier 1915, dans une dépêche officielle, les Allemands relatent les derniers évènements du front : ces derniers ont livré une bataille contre les Français quelques jours plus tôt et ont gagné. Dans cette dépêche, les Allemands insistent sur les pertes françaises et les prises d’artillerie. Les Allemands enjolivent sûrement la réalité : ils font tout pour rabaisser le moral de la population saint-quentinoise, notamment grâce à cette phrase : «le succès des Allemands est d’une haute portée».

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La Gazette des Ardennes

Les Allemands ont créé un journal, écrit en français et destiné aux populations occupées de France et de Belgique, la Gazette des Ardennes. Le premier exemplaire est publié en novembre 1914 et sera suivi de 527,734 numéros jusqu'en juin 1916. Ses objectifs étaient de donner des informations du front totalement contrôlées par les Allemands. Elie Fleury était contre ce journal qu'il considérait comme « une arme de guerre » car il publiait des traductions de communiqués allemands officiels. Cependant, l'habilité des Allemands est de joindre à ces dépêches la publication de la liste des prisonniers ou des morts français. C'est pour cette raison que les Français des zones occupées achètent la Gazette des Ardennes. Elie Fleury déplore cependant que certains Français envoient des articles pour qu'ils soient publiés.

Exercer une censure

Les Allemands organisent une censure à Saint-Quentin. L’ordonnance du 10 mai 1915 en est la preuve. Ainsi, les Saint-Quentinois sont obligés de soumettre tout ce qui est imprimé au bureau de censure. Toutes personnes ne respectant pas cette ordonnance soit par négligence soit intentionnellement étaient punies d’une amende pouvant aller jusqu’à 12.000 marks soit 15.000 francs et un emprisonnement allant jusqu’à 3 ans.

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