J’arrête, avec Fred Vargas. J’ai voulu lire encore
celui-là, et comme d’habitude, je me suis laissé prendre, et je l’ai lu quasi
d’un trait – il faut dire que le train, ça aide -. Mais la recette devient trop
répétitive : une louche de légende locale revivifiée, ici en Normandie celle
de l’Armée Furieuse du seigneur Hellequin, variante du Diable, qui vient
annoncer par son déferlement de cavaliers cadavres une avalanche de
catastrophes locales, de sombres histoires de famille, Adamsberg mandaté contre
toute vraisemblance pour enquêter (toujours plus nuageux, on se dit qu’il n’apprend
rien, ce type), une touche de couleur locale réinterprétée, – ici, l’immobilité
des vaches -, des dialogues gentiment folklorico-sentencieux, et un cheminement
vers la solution de l’intrigue (des intrigues, y compris celle du pigeon aux
pattes cisaillées) qui ne doit plus rien à un quelconque raisonnement, et tout
à des aléas quasiment féériques. Et puis les personnages maniés et remaniés par
l’autrice au gré de ses besoins, de façon un peu trop désinvolte à mon gré :
là, Adamsberg se retrouve avec un fils adulte (et nuageux), qui intervient au
poil dans l’histoire, histoire de relayer papa quand nécessaire. Pendant ce
temps, l’autre, le mouflet né de Camille, a totalement disparu avec icelle, y
compris de la psyché de son père, sans parler du frérot de celui-ci, et qui
sais-je encore. Il y a un certain charme, c’est vrai. L’autrice ne m’inspire
nullement la violente antipathie que
suscitent chez moi certains de ses confrères et -sœurs contemporains, bien au
contraire, c’est une femme intelligente, inventive et généreuse, et une conteuse !!!
mais je trouve depuis quelque temps déjà qu’elle charrie. Ça éveille en nous
des échos d’enfance, les Fred Vargas, comme les séries d’Alice ou autres Club
des cinq que je dévorais autrefois. Mais il y a comme une contradiction entre
le substrat légendaire d’une part, et puis la dimension humaine et la
construction individuelle des personnages. A un moment, moi aussi, je me mets à
flotter, je râle - et j’oublie. Tant pis.
(Et puis, je suis désolée pour le travail éditorial visiblement intelligent et la politique d’auteurs accomplis par Viviane Hamy, mais comme je trouve les bouquins moches !)