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samedi, octobre 29 2011

Michel Schneider : Marilyn, dernières séances

528 pages. Au moins 200 de trop.

Sujet passionnant : la dernière année de Marilyn Monroë, entre dépendance absolue aux tranquillisants  et à l'alcool, engluement dans des films douloureux qu'elle n'arrive pas à mener à leur fin, et relation exclusive et aliénante avec son psychanalyste Ralph Greenson, dont elle est devenue quasi la seule patiente, tandis qu'il s'est métamorphosé en son unique mentor, artistique, financier, sentimental …

Le titre joue habilement sur l'ambiguïté, le lien consubstantiel entre psychanalyse et cinéma, à travers la violente déchéance de Marilyn. On y apprend des tas de choses sur Hollywood, sur la psychanalyse et les acteurs, sur l'aspect quasi institutionnel qu'elle avait à Hollywood – les psys ramenant les actrices en rupture de rôle sur les plateaux, ainsi de Marilyn pendant le tournage des Désaxés – sur les héritiers de Freud, de Vienne à Londres, New York et sur la côte Ouest. Anna Freud a elle-même suivi pour quelques séances Marilyn, à la demande de Greenston, avec qui elle a entretenu une correspondance à son sujet. Fort bien tout cela. J'ai découvert un univers. Alors ? - Alors, c'est sec. Cela se veut brillant, c'est construit selon un étoilement savant de fragments chronologiques et biographiques entre aujourd'hui et hier, derniers moments de Marilyn ou ses années de formation, entre L.A., New York et Londres. Mais on se noie dans les noms, d'acteurs, de psys, d'amants, de réalisateurs, de lieux…. On perd et on retrouve le fil sans que la composition y soit pour quelque chose, mais surtout, plus on avance, et plus on perd Marilyn et son Romi (Ralph Greenston était né Romeo Greenschpoon.). On sent Schneider fasciné par ce type qui a lâché tous les garde-fous de la psychanalyse jusqu'à se perdre dans sa relation avec l'actrice, jusqu'à se laisser égarer dans sa folie, mais la documentation l'emporte sur la création. L'auteur a beau affirmer en préambule que la fiction est le seul mode d'approche du réel, on est content quand Marilyn meurt – enfin. Quant au sort de Greenston, il est touchant, sans plus.