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dimanche, janvier 9 2011

2011, avec Nasreddine Hodja

Curieuse idée que de commencer l’année par un conte qui voit noyer, avec leur arrogant lecteur, de vénérables livres. C’est que cette histoire me fait rire, et que je n’ai pas envie d’ouvrir 2011, après un silence de plus de dix jours (bug informatique, puis perplexité) sur une note grave. J’en ai emprunté le texte, légèrement revu, à la très jolie édition Jeunesse chez Albin Michel, qui collectionne en petits formats carrés reliés aux couvertures colorées des recueils d’histoires de sages et de fous collectés dans toutes les cultures (Socrate, Confucius, M’Bolo, le lièvre d’Afrique, Madi, l’idiot voyageur….)http://www.albin-michel.fr/categorie-thematique-Sagesses-et-malices-11110412,délicieusement illustrés. Je ne suis pas une fan de littérature jeunesse, mais je dispense avec prodigalité ces petits volumes autour de moi, et ils trouvent à chaque fois leurs lecteurs, ravis de l’humour avec lequel ces historiettes sont contées. Ce sont de parfaites lectures-avant-d’aller-se-coucher !

Adoncques, voici une histoire de Nasreddine, ce « fou-sage » connu tout autour de la Méditerranée et bien au-delà, pour ouvrir l’année sur un sourire, fût-il aux dépens d’un lecteur.

Et que l’année soit douce à tous mes visiteurs !

                                                           

La vie

 A l’époque où les ponts étaient encore rares sur le fleuve, Nasreddine travaillait comme passeur. Avec sa petite barque, il faisait traverser les gens d’une rive à l’autre contre quelques misérables piécettes.

Un jour, un grand savant, les bras chargés de livres, prit place dans la barque. Nasreddine lui souhaita la bienvenue et parla avec lui de choses et d’autres. Le savant se rendit compte que Nasreddine ne maîtrisait pas bien la grammaire, et que sa façon de parler n’était pas très recherchée. Il lui demanda :

       -          Mon ami, n’es-tu jamais allé à l’école ?
-          Non, lui répondit timidement Nasreddine en continuant de ramer.
-          Alors, mon ami, sache que tu as perdu la moitié de ta vie.

Nasreddine, vexé, garda le silence.

Lorsque la barque fut parvenue au milieu du fleuve, un remous violent la renversa, et les deux hommes se retrouvèrent à l’eau, à bonne distance l’un de l’autre.

Nasreddine vit le savant qui se débattait pour ne pas se noyer. Il lui cria :

       -          Est-ce que tu as appris à nager, maître ?
-         
Nooon ! répondit le savant en continuant à se débattre.
-          Alors, mon ami, sache que tu as perdu ta vie tout entière !

Ah ben tiens, Tout un monde, aujourd'hui même sur France culture, est consacré à Nasr Eddin