samedi, juillet 11 2009

Le Cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Ma jeune et joyeuse amie Hélène appelle cela un « roman de bichette ». Dans sa nomenclature personnelle, cela semble désigner ce que j’appelle pour ma part un « roman reconstituant », avec une nuance supplémentaire de romanesque, versant féminin. Est-ce d’ailleurs un roman susceptible de plaire aux messieurs ? Oui, sans doute, si l’on considère que c’est LE libraire qui nous l’a conseillé, et que le succès mondial d’un bouquin ne peut tout de même pas venir de ses seules lectRICES ? Encore que. En tout cas, nous nous en entretînmes avec une satisfaction joyeuse, après l’avoir lu quasiment au même moment. Nous n’en avons même pas évoqué tel ou tel personnage ou telle ou telle anecdote. Seulement la sorte de plénitude éprouvée à trouver chaque situation et chaque personnage à sa place avec le ton juste, et le plaisir de dévorer  un-roman-qui-reste sans arrière-pensées en une période de grande fatigue. Autre « roman-de-lecteurs », au passage. Il faudrait se pencher sérieusement sur cette tendance, mais je n’ai certes pas pour l’heure l’esprit en état. Brèfle.
C’est un roman épistolaire, dont la voix « dominante » (encore qu’elle ne domine guère, en proie qu’elle est à toutes les incertitudes) est celle Juliet Ashton, 33 ans, autrice d’un best seller d’après-guerre, les Chroniques d’Izzy Bickerstaff pour le Spectator rassemblées en volume. Articles légers écrits au fil des six années de guerre pour lutter par l’humour contre le désarroi et le marasme. Mais Juliet en a assez d’Izzy, de la campagne de promotion du livre organisée par son cher ami, éditeur et mentor Sidney à travers le pays, et ses lettres à son amie Sophie (au demeurant sœur de Sidney mariée en Écosse) et à Sidney lui-même en témoignent. Elle en a assez de la guerre, et son prochain livre piétine. Jusqu’à ce qu’elle reçoive de Guernesey une lettre inattendue, cependant qu’un riche et séduisant éditeur new-yorkais a entrepris de l’assiéger à grands renforts de fleurs rares, de dîners fins, de sorties au théâtre et de soirées dansantes, à la grande réprobation de Sidney d’ailleurs.

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