jeudi, mars 14 2013

Agnès Jaoui - Au bout du conte

Nous sommes allés voir Au Bout du conte dès sa sortie, mercredi dernier. J’en avais très envie, parce que j’aime beaucoup Jaoui, et plus encore Bacri dont les mimiques, la voix, la diction, sont pour moi une sorte de cristallisation et de quintessence de l’« homme méditerranéen » (l’expression, je crois, est de Camus). J’avais vu la bande-annonce et en particulier cette scène cocasse où il est le moniteur d’auto-école d’une Agnès Jaoui épouvantée, gourde et penaude. J’ai regardé ce film avec le sourire, ri à certaines situations ou certaines répliques. J’ai trouvé très belles certaines images, admiré la façon dont était filmée Agathe Bonitzer, d’une jeune femme lumineuse à un fragile petit chaperon rouge, jusqu’à devenir parfois presque laide. J’ai trouvé le début trop long et languissant, puis je me suis prise à l’histoire et aux personnages. D’où vient alors que le souvenir que me laisse ce film ait quelque chose d’amer et de franchement réticent ?

Si j’y réfléchis, j’y vois plusieurs raisons, à la fois formelles et de contenu. Il me semble que les décors « de conte » -  qui font par instants du film comme un livre illustré dont on pénétrerait les pages - trop répétitifs, finissent par avoir un côté kitch, assez agaçant. Il y a dans ce film trop d’intention, trop d’insistance, tout est trop souligné. Trop de puérilité aussi. Et c’est là, surtout, que le bât blesse. Pourquoi les enfants y sont-ils si laids ? les fillettes y sont-elles si laidement filmées ? serait-ce le regard porté sur elles par le personnage de Bacri, qui n’aime pas les enfants ? Non, puisqu’il en va ainsi aussi de la fille de Marianne, une gamine silencieuse au visage inexpressif, saisie à la suite de la séparation de ses parents d’un accès de mysticisme. Les deux autres sont les fillettes de la nouvelle compagne de Bacri, et franchement, elles ne sont guère favorisées ni par l’intrigue, ni par la caméra.

Marianne. Je me suis demandé pourquoi ce prénom républicain, jusqu’à ce que je m'avise, en le tapant - que c’était une quasi anagramme de « marraine ».

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