samedi, juillet 7 2012

Caryl Férey - Mapuche

Mapuche. Un titre énigmatique sur la couverture d’un gros volume illustré d’une photo en noir et blanc – en gris plutôt - de la pampa, ciel nuageux immense, immense étendue d’herbes en touffes à la lisière desquels un cheval solitaire galope au loin en direction du bord gauche. Pavé parfait pour occuper une insomnie de début de vacances.

C’est un thriller politique, sur fond d’Argentine encore en proie aux séquelles sanglantes des victimes de la / des dictature(s). Avec deux héros saisissants : Jana, indienne mapuche qui, après des années d’abjection imposée par son statut d’indienne, à Buenos Ayres en proie à la crise des années 2000, est devenue sculptrice, et totalement marginale, une grande fille osseuse aux yeux de biche, sans poitrine, habitée par la fureur et le mépris, mais accessible aussi au « lait de la tendresse humaine », lorsqu’elle croise sur sa route d’autres balafrés de la vie, comme son amie Paula/Miguel, le travelo qui la jette dans l’enquête contée par le roman. Et puis Ruben Calderon, détective privé, autre solitaire, qui, rescapé du terrible ESMA, le centre d’interrogatoires du ministère de la Marine, où il a laissé son père, sa petite sœur, et son cœur mis en pièces, travaille pour les Mères de la Place de mai, ces femmes habitées par la volonté farouche de faire ressurgir des années d’étouffement et d’omertà, pour les rendre à la mémoire des hommes, les milliers de « disparus » assassinés et leurs enfants vendus  pour adoption à des couples stériles liés de près ou de loin au pouvoir. Un pouvoir toujours associé, aujourd’hui, aux crimes des années de dictature.

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