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mardi, avril 10 2012

Camilleri, un autre

La peur de Montalbano - oui, c’est bien le titre, en italien aussi -  c’est, plutôt qu’un roman, quatre nouvelles juxtaposées. Pas mal, mais pas non plus de quoi fouetter un chat. Et puis, peut-être est-ce le style sui generis de Camilleri, mais si j’ai goûté dans d’autres textes les traductions-transpositions de Quadruppani, celle-ci m’a fait tiquer, comme trop envahissante. Ça grippe la lecture. Et encore : à force d’éloignement, Livia finit par perdre toute consistance, ou par virer à la mégère, c’est dommage ! et Salvo’ Montalbano se pastiche lui-même. Mmmm. J’ai mieux aimé Le Ciel volé, sans Montalbano, ni sicilien reconstitué. Sans prétention, en somme.

lundi, avril 9 2012

Andrea Camilleri - Le Ciel volé

Le Ciel volé, d’Andrea Camilleri - aperçu au détour d’un rayon de la bibliothèque municipale, comme je cherchais autre chose à me mettre sous la dent que les volumes empruntés pour travailler les Bucoliques de Virgile au programme des Terminales latinistes - est un petit livre parfait en période de coup de bourre, aussitôt commencé, aussitôt achevé. Ou comment l’auteur élabore avec astuce, autour d’un petit mystère sicilien de la vie de Renoir, Auguste soi-même, une historiette policière vivement troussée. Resterait-il des traces d’un hypothétique séjour du peintre à Agrigente, évoqué par son fils, mais absent de l’œuvre ? C’est le sujet d’une correspondance bientôt passionnée adressée par le vieux notaire sicilien Michele Riotta à la belle et mystérieuse Alma Corradi. S’ensuit un second mystère, dont je ne vous dirai rien. Il y en a pour une petite centaine de pages et quelques reproductions, et l’on s’endort, la Sicile et Renoir en tête, avec quelques fragments quasi abstraits de paysages réels ou disparus. Publié chez Skira en 2009, aussitôt traduit avec talent par Dominique Vittoz en 2010, chez Fayard.

dimanche, avril 11 2010

Camilleri - L'odore della notte

L’Odeur de la nuit, autre beau titre suggestif. C’était celui-là que je voulais lire, d’autant plus qu’il s’annonçait comme la suite du Voleur de goûter, où je crois avoir abandonné pour quelques années les aventures de Montalbano. À moins que ce ne soit à La Voix du violon. Lecture plaisante quoi qu’il en soit, même si, pour le coup, cette fois-ci, je suis un peu restée sur ma faim, malgré l’abondance des mets que s’offre Montalbano, entre les nunnatu (boulettes frites d’alevins pêchés clandestinement, et « constellées de points noirs : les yeux des minuscules poissons à peine nés »), ou les pirciati surépicés qui répandaient des odeurs de paradis terrestre, et autres merveilles offertes par la mer, la terre, et les talents des cuisinier(e)s sicilien(ne)s.

Peut-être y a-t-il dans ce volume quelque chose d’un peu systématique. La langue y est très sicilianisée jusqu’au cœur de la narration – au moins au début de l’histoire -. Et quoi qu’en dise le traducteur, toujours Serge Quadruppani, toujours en préambule, cette étrangeté familière m’est pour le coup apparue comme trop mécanique. (Au passage, il y a dans ce préambule un petit développement sur la nécessité « moderne » de ne pas céder à la tentation d’une traduction fluide par laquelle je me sentie, en quelque sorte, « visée ». Je conçois qu’une traduction rende les aspérités originelles de la langue d’un écrivain, fût-ce aux dépens de la grammaire classique. Je continue à protester contre le fait que le traducteur ignore les règles élémentaires de la grammaire dans sa propre langue, comme c’est évidemment le cas pour les exemples tirés de Doppler dont j’ai déjà oublié le traducteur). Cela dit, mes critiques d’aujourd’hui visent plus Camilleri soi-même en l’occurrence que Quadruppani, dont le travail est pour le moins intéressant et inventif. Mais trêve de ronchonnements.

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vendredi, avril 9 2010

Andrea Camilleri - La Forma dell'acqua (1994)

Je l’avais déjà lu, La Forme de l’eau. Mais je me suis trompée en l’empruntant. À cause sans doute du titre, très réussi, énigmatique et poétique à la fois, qui m’a attirée derechef. Le roman en donne la clé et l’illustre subtilement. C’est la première enquête du commissaire Salvù Montalbano, hommage de Camilleri à son collègue espagnol récemment décédé Montalban, et à leur goût commun pour la bonne cuisine (Camilleri je suppose, Montalban et Montalbano à coup sûr). Car le commissaire est gourmand, et l’on salive à l’idée des pâtes à l’huile et à l’ail, de la recette de poulpe seulement suggérée de l’épouse du questeur, ou des « frites croquantes et laissées un moment à égoutter sur le papier brun ». Je le vois, le papier brun, comme si j’y étais, ce papier brun absorbant des cornets à friture où l’on pioche avec les doigts, brûlante, la « frittura mista », qu’elle soit de mer ou de rivière, ahhhhhhhh !
Nous sommes donc à Vigàta, en Sicile, du côté de Montelusa. Ni l’une ni l’autre ville n’existent, même si la première se nourrit étroitement du Porto Empédocle natal de l’auteur, et la seconde d’Agrigente.

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dimanche, octobre 14 2007

Andrea Camilleri, La Pension Eva

Je parlerai un jour des romans policiers, enquêtes menées par le gourmand, tenace et désabusé commissaire Montalbano, (dont le patronyme est un hommage de Camilleri à son confrère catalan Montalbán, le créateur du gourmand Pepe Carvalho) - Quand j’aurai remis la main sur au moins l’un d’entre eux, parce qu’il n’y en a aucun sur les étagères où ils sont censés se trouver ; signe infaillible : bouquins prêtés - à qui ? – jamais rendus….
La Pension Eva n’est pas une enquête du gourmet commissaire. Camilleri a même jugé bon de l’introduire par une notule, où il qualifie ce mince opus de « vacances narratives », faute de pouvoir le ranger dans une catégorie littéraire… « Récit heureusement inqualifiable », dit-il… Voire. Récit heureux, celui de l’initiation à la vie de Nenè, de l’aube de ses onze ans à l’aube de l’âge adulte, par bordel interposé. La pension Eva, pimpante villa aux murs toujours crépis de frais, aux volets verts toujours clos, titille dès l’enfance la curiosité de Nenè lors de ses promenades jusqu’au port :

Nenè le savait, ce que c’était qu’une pension, il l’avait demandé à un de ses cousins, qui faisait l’université à Palerme : c’était querque chose de mieux qu’une auberge et querque chose de pire qu’un hôtel. (..) Mais alors pourquoi de jour, devant le porche de cette pension, il n’y avait vraiment aucun mouvement ?

Nenè gamberge sec, à propos de cette auberge, et il a bien du mal à se faire une religion :

- Papa, c’est vrai, que dedans cette maison, les hommes peuvent louer des femmes nues ?
C’est tout ce qu’il avait aréussi à saisir des explications de ses petits copains. À part qu’il avait appris que la pension Eva pouvait s’appeler aussi
bordel ou boxon et que les femmes qui étaient là-dedans et qu’on pouvait louer étaient appelées putains. Mais bordel et putain, c’était des gros mots qu’un minot correct ne devait pas dire.
- Oui, arépondit, frais et tranquille, son père.
- Ils les louent à l’année ?
- Non, pour un quart d’heure, une demi-heure.
- Et qu’est-ce qu’ils en font ?
- Ils se les regardent, dit son papa.

Son initiation amoureuse, Nenè la connaîtra en dehors de la pension. Mais ses rêves s’y accrochent opiniâtrement.

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