Tiens, c’est bizarre, si c’est bien la cathédrale de Limoges qu’on aperçoit du quai de la gare – j’en ai un souvenir, mais c’était à pied et côté face -, ils ont dû la trouver trop sombre – ainsi était-elle dans mon souvenir – alors ils ont collé une sorte de rubixcube vertical le long de la paroi est. Le fond du chœur, quoi, qui a dû être coupé à un moment ou à un autre, parce qu’il est tout plat. Mais non, ce n’est-ce pas la cathédrale, finalement.
Quoi qu’il en soit, c’est la première chose que j’aie vue en levant le nez de mon bouquin, La Lamentation du prépuce, de Shalom Auslander, qui équivaut donc à un Paris-Limoges, 3 heures et demie, plus ou moins.
Car oui, j’ai voulu voir ce que donnait le premier livre, réputé hilarant, d’Auslander. Dans un compartiment SNCF, avec à peine un embryon de table où s’appuyer, et plus jamais les petites photos en noir et blanc accrochées qui faisaient découvrir la France.
Eh bien, La Lamentation du prépuce. J’ai bien ri - pas à gorge déployée dans mon compartiment d’ « Intercités » - mais j’ai sacrément pouffé. C’est une sorte de grand flashback de Shalom le pessimiste englué dans ses conversations avec Dieu, aux alentours – avant, après, pendant – de la naissance de son fils Pax (un Shalom laïcisé). A certains égards, ce texte a constitué pour moi une sorte de revers comique – juif, et excessif – d’Emmaüs de Baricco. Même frénésie religieuse, même angoisse de la chair, mais en pire côté juifs orthodoxes. Un univers d’interdits et de ratiocinations. De subtilités byzantines pour baliser entièrement les bizarreries du monde, par exemple dans le domaine alimentaire. Et au milieu, des enfants pleins d’obsessions et de terreurs, destinés, si tout va bien (mal ?) à perpétuer de génération en génération interdits et subtilités byzantines, au mépris de toute souplesse, de toute fantaisie, de toute bienveillance, de toute ouverture.
Seuls remèdes, seules révoltes : l’injure / le juron, la scatologie, l’humour.
Un petit échantillon :