Everett - Glyphe, roman cabalistique

Je n’ai pas raffolé de Glyphe, lu aussitôt qu’emprunté. On y retrouve un argument analogue à celui de Désert Américain, i.e. une traversée de la société américaine, ou de quelques-unes de ses institutions, par un « monstre » dont elles se sont emparé pour tenter d’en tirer profit. Dans Désert Américain, c’était Ted Street, le mort ressuscité ( ?), que poursuivaient la télé, l’armée, et des sectes religieuses, prétextes à une satire féroce et débridée de ladite société. Dans Glyphe, il s’agit d’un bébé sarcastique doté dès l’origine de la capacité de comprendre, d’assimiler TOUT ce qu’il lit (les ouvrages scientifiques les plus complexes compris), et d’écrire, alors même qu’il refuse de parler. Réflexion trapue sur le langage, la linguistique, et l’apport ( ?) de l’analyse barthésienne à la critique littéraire – on rencontre à plusieurs reprises Barthes soi-même, concupiscent, abscons et hétérosexuel, au détour de tel ou tel épisode du roman -, le roman est construit comme un puzzle hyper érudit et truffé de références philosophiques, biologiques, et autres sciences classiques ou modernes qui nécessitent de la part du lecteur une connaissance du grec, du latin, de la sémiologie et qui sait quoi encore, lesquelles le lecteur moyen ignore radicalement, ce qui a pour effet de le faire se sentir un peu sot – c’est désagréable, on a l’impression que l’auteur, au lieu de nous inviter, nous laisse sur le seuil de son roman. Lequel se lit au demeurant fort bien, parce qu’il raconte quand même une histoire, mais, je le crains, une histoire trop désincarnée : Ralph est moins un bébé qu’un prétexte, et sa puissance intellectuelle ne compense pas une certaine sécheresse diffuse, à laquelle échappe presque seule la mère, peintre, fragile, aimante, de l’enfant. Très cérébral, tout ça. Virtuose, mais à quoi bon ?  Je l’ai lu, j’ai souri, j’ai râlé intérieurement - et je suis allée me coucher, déçue, frustrée, sur ma faim.

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