CONVOLVULUS - Mot-clé - Colette2024-02-18T20:51:22+01:00Agnès Oroscourn:md5:fa6f5f97ade6456febc2f55c1aaec32dDotclearHélène Picard citée par Colette.urn:md5:8f0cb739141f2f4f426fa808bf7e2d232013-08-30T20:29:00+02:002013-12-17T20:38:37+01:00Agnès OroscoLittératures française et francophonesColetteHélène PicardPoésie <p><!--[if gte mso 9]><xml>
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<![endif]--><img title="Courbet-La_femme_au_perroquet.jpg, août 2013" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="" src="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/public/.Courbet-La_femme_au_perroquet_m.jpg" /></p>
<p class="MsoNormal">A titre de curiosité, et pour accompagner cette étrange <em style="mso-bidi-font-style:normal">Femme au perroquet</em> de <a href="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2010/11/28/Fran%C3%A7ois-Dupeyron-Le-Grand-soir">Courbet</a> dont on
trouve <a href="http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-1007271623.html ">ici</a> une ébauche de commentaire, un poème d’Hélène Picard, cité par <a href="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2013/08/28/Herbert-Lottman-Colette">Colette</a> en exergue de l’hommage qu’elle a
rendu à son amie, morte en février 1945. </p>
<p class="MsoNormal">Poétesse originaire de Toulouse, assez sauvage, et
passablement fêlée, Hélène Picard avait rencontré Colette lorsque celle-ci assumait au
<em>Matin</em> le rôle de directrice littéraire des <em style="mso-bidi-font-style:normal">Contes
des 1001 matins</em>. Leur amitié a duré 22 ans, jusqu’à la mort d’Hélène
Picard. </p>
<p class="MsoNormal">Colette, qui, dans <em style="mso-bidi-font-style:normal">Le
Pur et l’impur</em>, a reproché avec un sens meurtrier de la formule à Renée
Vivien (née Pauline Tarn) d’avoir « <em>exsudé son baudelairisme avec vingt
ans de retard </em>», <span style="mso-spacerun:yes"> </span>- je cite de
mémoire, le texte n’étant naturellement pas à sa place sur les rayonnages et
donc sans doute prêté ou égaré – aurait bien pu l’appliquer aussi au poème
ci-dessous, dans lequel on trouve, cependant, quelques beaux vers, en
particulier les trois derniers, qu’elle citait volontiers. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:center" align="center"><span style="mso-spacerun:yes"> </span></p>
<blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align:center" align="center"><em>Délivrance</em></p>
<p class="MsoNormal"><em> … O perroquets si lourds d’un si léger plumage,<br />J’aime à vous voir régner sur le trafic des ports,<br />Dans ces limpides bars couleur de paysage<br />Où l’on tache de gin les nobles passeports</em></p>
<p class="MsoNormal"><em>Transpercé de couchant, qu’un phonographe saigne,<br />Qu’une fille s’enroue au brouillard de l’alcool,<br />Que l’excentrique mer brille comme une enseigne,<br />Qu’importe à l’arc-en-ciel captif de votre vol…</em></p>
<p class="MsoNormal"><em>Qu’un jeu de dominos s’écroule sur la ruine<br />D’un frais marchand de fleurs, d’huîtres ou de corail,<br />Que la chanson des ports ait mal à la poitrine,<br />Qu’importe à la langueur de vos chauds éventails…</em></p>
<p class="MsoNormal"><em>Qu’un triste matelot, sur son caban, épuise<br />Les ressources du soir et de l’accordéon,<br />Qu’importe à votre huppe orange, bleue et grise,<br />Pareille, vains oiseaux, au punch de l’horizon !</em></p>
<p class="MsoNormal"><em>De toutes les couleurs, aux rires des fontaines,<br />Vous mangiez un biscuit quand Rimbaud s’embarquait,<br />Il ne vous atteint pas, l’affreux cri des sirènes,<br />Dans les bars de cristal, éclatants perroquets,<br />Frivoles favoris des sombres capitaines.</em></p>
</blockquote>
<p class="MsoNormal">Colette est donc restée fidèle jusqu’à la mort à cette amie
quelque peu égarée, à qui elle avait fait obtenir un prix de 3000 francs pour le
recueil <em style="mso-bidi-font-style:normal">Pour un mauvais garçon (1927), r</em>ecueil
dont est issu le poème <em style="mso-bidi-font-style:normal">Délivrance</em>. Picard
était semble-t-il très amoureuse de Carco, lequel s’est toujours tenu
soigneusement à distance. </p>
<p class="MsoNormal">Quelques éléments <a href="http://www.amisdecolette.fr/-Lettre-a-Helene-Picard-">ici</a>, sur le site des Amis de Colette.</p>
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</p>
<p class="MsoNormal">Si l’œuvre d’Hélène Picard n’est donc pas impérissable, et l’on
n’en trouve d’ailleurs quasi aucune trace sur la toile, la lecture de la
correspondance entre les deux femmes, éditée par Claude Pichois chez Flammarion,
ne manque pas d’intérêt. On y<span style="mso-spacerun:yes"> </span>trouve
toutes sortes d’anecdotes privées – sur Colette, essentiellement -,<span style="mso-spacerun:yes"> </span>mais aussi des échanges d’ordre plus
littéraire. J’adore lire les correspondances, regards à la fois obliques et
intimes sur les auteurs, qui nous deviennent ainsi plus proches, plus
familiers.</p>http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2013/08/30/H%C3%A9l%C3%A8ne-Picard-cit%C3%A9e-par-Colette.#comment-formhttp://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?feed/atom/comments/561Herbert Lottman - Coletteurn:md5:656ae46d9e7b04f1c430474750289bbd2013-08-28T00:15:00+02:002013-12-17T20:38:37+01:00Agnès OroscoLittératures française et francophonesAutobioColette <p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal">Petite chronique rapide : </p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal">En quête de références bibliographiques précises au sujet du compagnonnage de <a href="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2013/08/20/Louis-Feuillade%2C-Les-Vampires%2C-Musidora">Musidora</a> avec Colette, Marguerite Moreno, Annie de Pêne pendant la guerre de 14, je me suis trouvée en train de lire in extenso <em style="mso-bidi-font-style: normal">Colette</em>, d’Herbert Lottman (1990), dont je crois qu’en fait je ne l’avais jamais lu. Biographie à l’américaine, très documentée, en quarante-quatre chapitres dont certains reprennent les titres d’œuvres, tant il y a une dimension autobiographique dans l’œuvre de Colette, et tant son écriture parfois douloureuse a ponctué sa vie : <em style="mso-bidi-font-style: normal">Claudine s’en va, La Vagabonde, L’Entrave, La Naissance du Jour</em>… Musidora n’y est mentionnée que de façon allusive, tant pis. Mais ce qui était intéressant, c’était la façon dont il fait très clairement apparaître combien Colette était dès l’origine une déclassée, qu’elle est restée presque jusqu’à la fin, combien elle a été, dans sa sensualité affichée, dans son incarnation si charnelle, scandaleuse, et enfin combien sa vie a été, avant même le mariage avec Willy (<strong style="mso-bidi-font-weight: normal">V</strong>illy, parce que Gauthier-<strong style="mso-bidi-font-weight: normal">V</strong>illars), au temps où elle vivait chez ses parents, mais surtout après, placée sous le signe du manque d’argent, de la course contre la dèche, jusqu’à ce qu’enfin, les royalties venues de l’<a href="http://www.amisdecolette.fr/-Films-adaptes-de-l-oeuvre-">adaptation à succès de certaines de ses œuvres</a> - <em style="mso-bidi-font-style: normal">Gigi</em> surtout, en France (de Colette Aubry avec Danièle Delorme, 1949) et aux USA (de Vincente Minelli, 1958, avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Louis Jourdan, je l’ai vu, celui-là, c’est une comédie musicale assez charmante, sinon que je regrette qu’à la fin Gigi reste en robe du soir, au lieu de remettre sa robe d’écolière, comme elle fait dans l’<em style="mso-bidi-font-style: normal">explicit</em> dans cette nouvelle absolument réussie, l’une des œuvres de Colette que j’adore. Légère, fine, allègre.) – jusqu’à ce qu’enfin les royalties donc la mettent tout à fait à l’aise. Ce qui est intéressant, aussi, et c’est un sujet que Lottman connaissait bien, c’est le récit de la vie pendant la guerre, la seconde en particulier. Où l’on voit que la nécessité de vivre, simplement, de manger, obligeait à bien des contorsions, loin de l’image manichéenne si habituelle d’une petite France romantiquement résistante contre une grande France veule et collabo. On y apprend aussi des tas de choses sur les frères Jouvenel, spécialement Renaud, et sur Colette de Jouvenel. Sur Maurice Goudeket (« good quéquette », le mot est de Valéry, mouarf !) comme promoteur de l’œuvre de sa femme : les éditions du Fleuron, c’est lui, je l’ignorais. C’est un ouvrage très documenté, avec notes et références à des articles parfois peu connus, une biblio, et un index. Assez bien traduit, malgré ici ou là des anglicismes ou des bizarreries que j’ai la flemme de rechercher. Du coup, j’ai remis le nez dans la <em style="mso-bidi-font-style: normal">Correspondance</em>, que je butine, lorsque je suis fatiguée ou distraite. <em style="mso-bidi-font-style: normal">Lettres à Marguerite Moréno </em>(l’amie de toujours), <em style="mso-bidi-font-style: normal">à <a href="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2013/08/30/H%C3%A9l%C3%A8ne-Picard-cit%C3%A9e-par-Colette."><em style="mso-bidi-font-style: normal">Hélène Picard</em>,</a></em> la poétesse solitaire et azimutée, <em style="mso-bidi-font-style: normal">au « Petit Corsaire</em> », rassemblées ensemble chez Flammarion. C’est une correspondance extrêmement vivante, alerte, inventive, dont des fragments entiers, au mot près, étaient restés dans ma mémoire. Au-delà des facilités, des afféteries parfois, de la préciosité par moments excessive de certaines des œuvres, Colette était une sacrée épistolière.</p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify" class="MsoNormal">Le site de la Société des Amis de Colette est <a href="http://www.amisdecolette.fr/-Accueil-">ici.</a></p>http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2013/08/28/Herbert-Lottman-Colette#comment-formhttp://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?feed/atom/comments/560Louis Feuillade, Les Vampires, Musidoraurn:md5:8eb216f7cd3833f267e67fd5881d07592013-08-20T12:06:00+02:002017-01-07T11:57:41+01:00Agnès OroscoCinémaColetteFeuilladeGautierGuerre de 14Musidora<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">Qui poursuit qui, de Philippe Guérande et de son acolyte Mazamette (Oscar-Cloud. Os-car-Cloud-Mazamette ! quel scénariste est allé chercher un nom pareil ???) ou du Comte de Kerlor, de Satanas ou de Vénénos et de leur bande ? Il y a encore la charmante Fleur-de-lys, mais surtout il y a Irma Vep. Cela ne vous dit rien ? <span style="mso-spacerun:yes"> </span>L’amie de Colette et l’objet de tous les fantasmes des surréalistes cinéphiles, moulée dans son collant noir…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><img alt="" height="287" src="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/public/Musidorardt.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Musidorardt.jpg, août 2013" width="181" />Irma Vep, anagramme de <em style="mso-bidi-font-style:normal">Vampire</em>. C’est l’héroïne féminine sulfureuse, maléfique, des <em style="mso-bidi-font-style:normal">Vampires</em> de Louis Feuillade, feuilleton cinématographique en dix épisodes aux titres croustillants : <em style="mso-bidi-font-style:normal">L’Homme aux poisons, Le Maître de la foudre, Les Noces sanglantes… </em>Irma Vep, c’est Musidora, presque nue dans son maillot noir moulant dessiné par Paul Poiret - quel dommage qu’il ne lui ait pas associé des ballerines ou chaussons de cirque comme chaussures, parce que ses bottines à talons alourdissent sa silhouette et sa tenue, au demeurant un peu décevante en notre temps de latex et d’élasthane.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">1915, en pleine guerre, dix épisodes de vols, de meurtres, d’enlèvements, d’escalades des toits de Paris, de voitures brimbalantes, de chevaux, de vélos … de grands hôtels et de beuglants, de melons et de huit-reflets, de soubrettes et de grisettes, de magnats et de malfrats, de jeunes et de vieilles gens, gens de maison, gens d’église, gens sans foi ou gens d’honneur, gendarmes et gens de plume, car Philippe Guérande est journaliste, et s’est voué à traquer les Vampires.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">C’est une bande de criminels de haut vol, sans aucun scrupule. Sous la conduite du docteur Nox (clin d’œil à Jules Verne), des comtes de Noirmoutier ou de Kerlor, ou du baron de Mortesaigues – puis des susdits Satanas et Vénénos ^^ - , <span style="mso-spacerun:yes"> </span>ils jouent de la gâchette, du poignard, du poison, du canon ou du gaz comme aussi de la prunelle. Car en travers de leur route, avant de se rallier à leur bande, s’est jeté Moreno, occasionnel amant d’Irma Vep, l’homme aux « yeux qui fascinent ». Bijoux et magots volés (avec enregistrement de voix sur rouleaux de cire !), tête coupée, cadavres et victimes enfermés dans des malles ou des placards, les Vampires sont suivis à la trace par le coriace Philippe Guérande, mimiques et postures expressives, la raie médiane et le cheveu horriblement plaqué (très difficile à gober comme jeune premier aujourd’hui), qui les démasque, les débusque, les harcèle de ses articles et de ses plaintes en justice. C’est lui qui dès le premier épisode devine en Mazamette (Oscar/Cloud/Mazamette !) le voleur de son dossier d’enquête. Lequel, de Vampire devenu honnête homme (croque-mort, puis richissime philanthrope) et ami de tous les instants, est doté avec son nez interminable d’un flair à toute épreuve pour tous les coups tordus et se mue souventes fois en sauveur providentiel.</p> <p><!--[if gte mso 9]><xml>
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<p><!--[if gte mso 9]><![endif]--><!--[if !mso]>
<![endif]--><!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->Il faudra que je retrouve – pas moyen pour l’instant – le texte où Colette évoque le phalanstère de femmes qu’elles avaient constitué pendant la guerre de 14, avec Musidora et Moreno (Marguerite), et la façon dont elles déclamaient des vers dans le placard où elles s’étaient réfugiées pendant les bombardements, pour résister<span style="mso-spacerun:yes"> </span>à la peur. La jeune femme, d’une parfaite liberté de mœurs en ces temps de mœurs très libres, aurait été à la fois l’amante de Colette et celle de son compagnon d’alors, Sidi alias Henry de Jouvenel, très aristocratique directeur du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Matin, </em>où Colette assurait la publication des <em style="mso-bidi-font-style:normal">Contes des Mille et un matins</em>, et où elle compta, parmi ses auteurs, le jeune Georges Sim, futur Simenon. Quant à « Musi », bientôt passée des deux côtés de la caméra, elle a réalisé, en 1918, à Rome, dans un scénario adapté par Colette, la seconde ( ?) version filmique de <em style="mso-bidi-font-style:normal"><a href="http://www.imdb.com/title/tt0331044/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm">La Vagabonde</a></em>, version depuis disparue, quel dommage ! </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">En attendant, voici le chapitre de Théophile Gautier auquel Musidora (<em style="mso-bidi-font-style:normal">Don des Muses</em>), née Jeanne Roques avait emprunté son pseudo :</p>
<blockquote>
<p>« <em style="mso-bidi-font-style:
normal">À droite de George, à côté de la chaise vide de Fortunio, est placée Musidora, la belle aux yeux vert de mer : elle a dix-huit ans tout au plus, jamais l’imagination n’a rêvé un idéal plus suave et plus chaste ; on la prendrait pour une vignette animée des <span style="mso-bidi-font-style:
italic">Amours</span> <span style="mso-bidi-font-style:italic">des</span> <span style="mso-bidi-font-style:italic">anges</span>, par Thomas Moore, tant elle est limpide et diaphane. La lumière semble sortir d’elle, et elle a plutôt l’air d’éclairer que d’être éclairée elle-même ; ses cheveux, d’un blond si pâle qu’ils se fondent avec les tons transparents de sa peau, se tournent sur ses épaules en spirales lustrées ; un simple cercle de perles, tenant de la ferronnière et du diadème, empêche les deux flots dorés de chaque côté du front de s’éparpiller et de se réunir ; ils sont si fins et si soyeux, que le moindre souffle les soulève et les fait palpiter.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style:
normal">Une robe d’un vert très pâle, brochée d’argent, rehausse la blancheur idéale de sa poitrine et de ses bras nus, autour desquels s’enroulent, en forme de bracelets, deux serpents d’émeraudes avec des yeux de diamant d’une vérité inquiétante. C’est là toute sa parure.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style:
normal">Son visage pâle, où brille dans son printemps une indicible jeunesse, est le type suprême de la beauté anglaise : un duvet léger en adoucit encore les moelleux contours, comme la fleur sur le fruit, et la chair en est si délicate, que le jour la pénètre et l’illumine intérieurement.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style:
normal">Cet ovale d’une pâleur divine, accompagné de ses deux grappes de cheveux blonds, avec ses yeux noyés de vaporeuse langueur, et sa petite bouche enfantine que lustre un reflet humide, a un air de mélancolie pudique et de plaintive résignation bien singulière à pareille fête : en voyant Musidora, l’on dirait une statue de la Pudeur placée par hasard dans un mauvais lieu.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style:
normal">Cependant, à l’observer attentivement, on finit par découvrir certains tours d’yeux un peu moins angéliques, et par voir frétiller au coin de cette bouche si tendrement rosée le bout de queue du dragon ; des fibrilles fauves rayent le fond de ces prunelles limpides, comme font les veines d’or dans un marbre antique, et donnent au regard quelque chose de doucereusement cruel qui sent la courtisane et la chatte ; quelquefois les sourcils ont un mouvement d’ondulation fébrile qui trahit une ardeur profonde et contenue, et la nacre de l’œil est trempée de moites lueurs comme par une larme qui se répand sans déborder.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style:
normal">La belle enfant est là, un bras pendant, l’autre étendu sur la table, la bouche à demi ouverte, son verre plein devant elle, le regard errant ; elle s’ennuie de cet ennui incommensurable que connaissent seuls les gens qui, de bonne heure ont abusé de tout, et il n’y a plus guère de nouveau pour Musidora que la vertu [1].</em> »</p>
</blockquote>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">Certes. Dans <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Les Vampires</em>, elle n’en abuse guère, et l’« orgie » qui célèbre ses noces avec Vénénos dans le dixième et ultime épisode du feuilleton la montre (dans une robe assez peu seyante, bien moins que son maillot) en pleine bacchanale, du moins telle que pouvait l’envisager Feuillade.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">J’arrête ici mon évocation du film et de son héroïne. J’y reviendrai avec munitions. Malgré toutes les naïvetés narratives et les maladresses, les excès expressifs aussi de cette « série » des années de la Grande Guerre et la désinvolture manifeste qui présidait à l’écriture du scénario, j’ai enchaîné les épisodes avec le plus grand plaisir. J’y ai retrouvé l'ombre du frisson éprouvé autrefois, dans la « salle de cinéma » du lycée Montgrand, Marseille, années 70, au spectacle de <em style="mso-bidi-font-style:normal"><a class="ref-post" href="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2013/08/26/Georges-Franju-Judex">Judex</a></em>, de Franju - incontinent emprunté à la médiathèque. Justement, Feuillade tournait, en même temps que <em style="mso-bidi-font-style:normal">Les Vampires</em>, un <em style="mso-bidi-font-style:normal">Judex</em>, avec Musidora. Etranges et pertinentes connexions de la mémoire des émotions cinéphiliques.</p>
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<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:12.0pt;font-family:Garamond;
mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:AR-SA">[1]</span></span></span></span> Théophile Gautier – <a href="http://fr.wikisource.org/wiki/Fortunio"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Fortunio</em></a>, chapitre I</p>http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2013/08/20/Louis-Feuillade%2C-Les-Vampires%2C-Musidora#comment-formhttp://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?feed/atom/comments/556Victor Margueritte - La Garçonneurn:md5:6424c78ba30d43304850a02cd35dc4d32012-11-18T16:34:00+01:002015-04-08T12:38:21+02:00Agnès OroscoLittératures française et francophonesColetteMargueritte (V.)<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><img alt="" src="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/public/garconne-margueritte.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="garconne-margueritte.jpg, nov. 2012" />La Garçonne</em>, de Victor Margueritte. Emprunté(e) à la B.M., puis lu(e) en vitesse<span style="mso-spacerun:yes"> </span>dans un intervalle du <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Temps de l’innocence</em> d’Edith Wharton, avant de le passer à deux de mes élèves pour cause de T.P.E. Je n’en connaissais que le parfum de scandale.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">- Très éventé, ma foi. C’est un roman antipathique. Du post-Zola, avec une intention polémique et didactique très marquée, et pas un personnage pour lequel on puisse éprouver quelque sympathie tant ils relèvent tous de la charge, de la caricature ou de l’allégorie. Il y a donc Monique (dont je crains fort que la rime ne soit délibérée, on rencontre bien aussi un gynécologue nommé Hilbour !!!), née avec le siècle, élevée avec tendresse, le souci de la santé du corps et de la sincérité du cœur par sa vieille tante célibataire, tante Sylvestre, sur les rives de la Méditerranée, loin de ses parents richissimes et indifférents. L’évocation de l’enfance ne manque pas de justesse, et donne au personnage de Monique une certaine épaisseur dans la détresse, la joie de vivre ou la tendresse. Jusqu’à son retour dans le Tout-Paris de l’après-guerre, où elle s’éprend du beau Lucien Vigneret, justement le parti qui convient, pour affaires, à son père. Las, Lucien n’est qu’un viveur insincère, et après l’avoir plaqué de façon retentissante, Monique se lance seule dans la vie. Elle ouvre un magasin de décoration avec lequel elle s’impose comme l’un des esprits du temps, en même temps qu’elle se jette méthodiquement dans l’exploration des plaisirs de la chair : femmes, hommes, drogues, partouzes, dégringolade et dépressions. Moyen pour l’auteur de vilipender l’hypocrisie bourgeoise, si ce n’est que l’entreprise relève plus du potin égrillard à la Willy que de la verve assassine. Taraudée par le désir d’un enfant qui donnerait sens à sa solitude et à sa féminité, Monique finit par trouver un apaisement momentané dans une liaison avec l’écrivain Régis Boisselot, une sorte de faune athlétique et rageur, rattrapé par une jalousie rétrospective qui aura raison de leur amour. <span style="mso-spacerun:yes"> </span>- Régis, parce qu’il veut commander… Reste Georges Blanchet, héros de la guerre et ex-théoricien du mariage et d’une relative égalité des sexes, qui apportera à Monique, dans les circonstances dramatiques requises par le genre romanesque, l’amour et l’équilibre tant recherchés.</p> <p><!--[if gte mso 9]><xml>
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<p>Idéologiquement, c’est macho avec ingénuité, littérairement, c’est daté et pas très inventif - on y croise un magnat juif épris de Monique, avec toutes les caractéristiques anti-sémites de l’époque, doté d’un patronyme italien, « baron du Pape » ( ?), veuf d’une Sicilienne, qui parle comme Nucingen ! – et la « pornographie », qui fut tellement reprochée à Margueritte qu’il y perdit sa légion d’honneur, est très relative et somme toute presque de bon ton.</p>
<p class="MsoNormal">Le roman est de 1922. Il est, sur un sujet analogue, infiniment moins intéressant que <em style="mso-bidi-font-style:normal">La Vagabonde</em>, de Colette, douze ans plus tôt. En vérité, le romancier, omniscient, est si manifestement le maître de sa créature féminine, que rien d’une parole ou d’une quête « féministes » ne peut s’y exprimer autrement que sur le mode de la démonstration. Monique est pour Margueritte une marionnette à travers laquelle il examine le problème de l’émancipation des femmes issue en particulier de la guerre de 14. Il en fait une histoire laïque de chute et de rédemption dont le lyrisme final frise, vraiment, le ridicule.</p>
<p class="MsoNormal">Seul plaisir authentique de cette édition – Flammarion 1979 – les textes virulents, pré-postface de l’auteur au 150<sup>ème</sup> mille, lettre ouverte de Monsieur Anatole France à la Légion d’honneur, lettre de Victor Margueritte aux membres du Conseil de l’Ordre de la Légion d’honneur, à la suite du scandale engendré par la publication du roman. Trois morceaux de verve polémique, où l’auteur gagne d’être comparé, indûment mais ça pose son homme, avec Flaubert et Baudelaire, et où s’exprime un art fort réjouissant, et très français, de la pointe et du persiflage.</p>
<p><em>Frontispice de Paul Émile Bécat pour l'édition Germaine Raoult de 1957.</em></p>http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2012/11/18/Victor-Margueritte-La-Gar%C3%A7onne#comment-formhttp://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?feed/atom/comments/477