Le chemin des dames (avril-octobre 1917)

Le Chemin des Dames dans la Première Guerre Mondiale(avril-octobre 1917)

(par Manon Jean)

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Avec Verdun, l'Argonne, la Somme et Ypres, le Chemin des Dames est l'un des plus grands champs de batailles de la guerre 14-18.

Après trois années de guerre le nouveau commandant en chef de l'armée française, Robert de Nivelle, qui remplace en décembre 1916 Joffre, promet une victoire avant la fin du printemps 1917. Ainsi, lorsqu'il parle des nouvelles méthodes opératoires avec lesquelles il espère gagner, il déclare :

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« J'insiste sur le caractère de violence, de brutalité et de rapidité que doit revêtir notre offensive et, en particulier, son premier acte: la rupture, visant du premier coup la conquête des positions de l’ennemi et de toute la zone occupée par l’artillerie. L’exploitation doit suivre la rupture sans arrêt. »

Le secteur de front choisi pour l'affrontement est le Chemin des Dames, dans le département de l'Aisne.

Entre le 6 et le 16 avril, l'artillerie française tire 5 millions d'obus sur les positions allemandes, dont 1 500 000 de gros calibre, Deux offensives alliées de diversion sont successivement lancées dans les jours qui précédent l'attaque principale : le 9 avril par les Britannique et les Canadiens sur le secteur Arras-Vimy et le 13 par les Français, devant Saint-Quentin. L'armée française a prévu près d'un million d'hommes dans la bataille dont 10 000 tirailleurs sénégalais et 20 000 Russes.

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L'attaque d'infanterie est lancée les 16 et 17 avril, sur un front de 40 km,  loin de se dérouler comme prévue, cette attaque rencontre des difficultés dès le premier jour : c'est un échec meurtrier, sur le Chemin des Dames comme dans la pleine champenoise voisine : l'infanterie française est abattue par les mitrailleuses allemandes. Après une relance de l'offensive le 5 mai, le constat de l'erreur de Nivelle est définitif le 8 mai. Le 15 mai, Nivelle est remplacé par Pétain.

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L’échec du Chemin des Dames met un terme à l'espoir d'une offensive décisive. Les états-majors alliés réfléchissent donc à une nouvelle manière de poursuivre la guerre et optent pour des attaques limitées et sur le renforcement de l’armement, pour tenter de limiter les pertes humaines. Cette nouvelle orientation, portée notamment par Pétain, vise à « industrialiser la guerre ». Pour diminuer l’impact considérable de la mortalité provoquée par l’artillerie, il est décidé de réorganiser le système défensif afin de réduire la proportion des troupes exposées directement en première ligne et de permettre des replis sur des lignes bien protégées.

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Le 20 mai, suite au désastre de la bataille du Chemin des Dames et pendant différentes de ses attaques, de nombreux soldats refusent d’attaquer et l’armée française voit se développer les mutineries. Phénomène qui atteint les deux camps, c’est la déception consécutive à l’échec d’une offensive perçue comme décisive et l’ampleur des pertes subies qui sont à l’origine de ces mutineries, ou plus exactement de ces refus de participer à de nouvelles attaques inutiles. Le contexte difficile et la lassitude des horreurs de la guerre entraîneront des agitations mineures, souvent à l’arrière, pendant deux mois. 42 poilus seront fusillés, d’après des choix plus ou moins arbitraires, « pour l’exemple » et afin de rétablir l’ordre.

L’accroissement des permissions et l’amélioration des conditions de vie des combattants permirent un retour à la normale dès le mois de septembre 1917 ; dès lors, l’armée française combattit sans faillir, jusqu’au bout.

Le 23 octobre, les Français parviennent à s’emparer du fort de la Malmaison, à l’ouest du Chemin des Dames, à l’issue d’une attaque bien préparée ; c’est un succès, avec des pertes inférieures à celles infligées aux Allemands, qui valide la nouvelle conduite de la guerre par Pétain. Entre le 31 octobre et le 1er novembre 1917, les Allemands abandonnent leurs positions sur le Chemin des Dames pour se replier derrière une nouvelle ligne de défense, au nord de l’Ailette.

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Les pertes sont de 17 000 morts, 20 000 disparus (dont les prisonniers) et 65 000 blessés du côté français ; du côté allemand, elles sont estimées à 35 000 (tués, disparus, blessés).

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