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lundi, janvier 7 2013

Puisqu'on parle de con-trepets...

Farfouillant dans mon rayon Queneau, d’ailleurs scandaleusement dégarni, j’ai retrouvé dans le numéro 150-11 de la revue Temps Mêlés, février 1981, cet hommage de François Caradec à Queneau :

               Hommage à Raymond Queneau

 Si j’ouvre ma fenêtre et monte à mon balcon
                     je vois passer les cons
      c’est aujourd’hui dimanche et c’est le jour pour qu’on
                     ne rencontre que cons
              qui toute la semaine ont tissé leur cocon
                     tel est le lot des cons
              c’est le péché d’Adam qui les rend si féconds
                     travailleurs pauvres cons
              dominicalement ils sortent rubiconds
                     de leurs tablées de cons
              la parole facile et leur esprit facond
                     ils prennent un air con
              pour parler de l’hiver si fertile en flocons
                     qui neigent sur les cons
              évoquant la biture où vidant les flacons
                     une bande de cons
              ricanait en citant les poètes abscons
                     ce sont bien les plus cons
              dont les muses jamais n’ont connu l’Hélicon
                     mais ont un si beau cul.

En distiques que nous hésiterons, malgré Ovide, à qualifier d’élégiaques. « Sarcastiques » serait sans aucun doute plus... congru.

Occasion, pour moi, de rendre hommage à Caradec, amateur sourcilleux de contrepets réguliers, comme à Queneau.

J’y ajoute, issus du même numéro, un souvenir, du même Caradec, autour de « R.Q. »,
et une hypothèse « anthroponymique » qui, je l’espère, ne manquera pas de réjouir les lecteurs des aventures de Sally Mara, grande sœur, passablement extravagante, de Zazie.

samedi, novembre 14 2009

François Caradec

Il nous a quittés il y a un an, laissant en partant un roman étrange dès son titre : Le Doigt coupé de la rue du Bison, et un opuscule de Contes et Devis, aux « Mille-et-une-nuits » : Entrez Donc, je vous attendais.

Alors pour saluer sa mémoire, quelques fragments de ce dernier ouvrage, où j’entends à le lire la voix râpeuse et souriante de François Caradec, en ces apostilles loufoques et souvent macabres données aux vies ou aux œuvres des héros de son Panthéon personnel.

Par exemple : Rrose Sélavy

Rrose Sélavy aurait bien aimé être Madame Bovary, mais la place était déjà prise.

Rrose Sélavy s’aperçoit que le Titien est un peintre ouah-ouah.

Rrose Sélavy aime citer les grands penseurs de son temps :

Raymond Queneau : « C’est en écrivant qu’on devient écriveron. »

Francis Blanche : « C’est en sciant que Léonard devint scie. »

Léo Campion : « Le poêle à bois, la caravane passe. »

Louis Scutenaire : « J’ai plus de souvenirs que si j’avais Turin. »

Camille Bryen : « L’art commence où Léonor Fini. »

Rrose Sélavy pose une compote de pommes sur la table : si c’est un Cézanne, il est trop cuit.

Rrose Sélavy pense que si Je est un autre, il pourront faire une partie de ping-pong. :-D

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vendredi, novembre 14 2008

François Caradec est mort hier.

Pour moi, c’était avant tout une voix râpeuse, gouailleuse avec élégance. Celle d’un des compagnons de toujours de Bertrand Jérôme, chef d’orchestre de la seule émission de radio que j’aie toujours écoutée : les Décraqués (enterrés un jour de caprice par Laure Adler de sinistre mémoire) et/ou les Papous dans la tête, toujours vifs, malgré la mort de BJ, en juillet il y a deux ans. Caradec, donc, grand jongleur de mots - contrepéteur rigoureux et adversaire déclaré des déviances anagrammatiques de son compère Jean-Bernard Pouy - lexicographe collectionneur d’argot, grammairien des gestes ! savant Willologue contre les colettophiles de tout poil (dont je suis), ouilipien, oubapien, pataphysicien, quenellien, docteur es marges et marginaux… deux sourcils, et une moustache.
Je lui dois bien des sourires et des éclats de rire, aux repas du dimanche. Que les retrouvailles, là-bas, au banquet grouillant des excentriques, lui soient douces.
Une recension de son dernier livre sur l'Alamblog

23/ 11 : Bel hommage en ce dimanche neigeux de fin novembre, rendu par Françoise Treussard très émue à François Caradec.

jeudi, mai 31 2007

Rue des maléfices, chronique secrète d'une ville, de Jacques Yonnet, chez Phébus, Libretto.

Précédemment publié en 1954 sous le titre "Les enchantements de Paris". Je n'avais jamais entendu parler de l'auteur, pourtant ami de Queneau, Prévert, Audiberti ou Desnos, et homme d'un seul livre - nous apprend la préface de JPS, encore, - car "bavard inspiré" des "bistres" des quartiers de "la Mouffe" ou de "la Maubert au sourire secret" et peu porté à l'effort qu'exige la composition d'un livre. Ses poèmes et pièces pour marionnettes ont disparu des boîtes des bouquinistes. Marginal définitif donc, de la société comme de la littérature.
Composé pendant la guerre, alors que l'auteur était membre d'un réseau de Résistance dans Paris, le livre est une promenade dans le temps et le périmètre défini par les quartiers susdits et les alentours de la Bièvre. Un objet littéraire non identifié, unique représentant de ce que j'appellerai le "réalisme magique". La langue est savoureuse, à la fois souple et élégante, mêlant archaïsmes et argot, une langue de conteur, à la fois orale et très écrite, jamais artificielle. Une langue qui enchante. Quant aux personnages, ils grouillent. Clochards, bohémiens, ivrognes, prostituées, tous auréolés d'histoires, d'Histoire aussi, car l'air de rien, ils promènent une science du passé qui pour être ésotérique n'en croise pas moins les récits très anciens que l'auteur lui-même a collationnés au fil des grimoires et des bibliothèques. Tissu, tissage d'anecdotes, d'autrefois et d'aujourd'hui : Cyril , l'horloger au temps arrêté, Danse-Toujours, le "dur des durs", le voyou "inséparable de Paris" et lecteur de Villon, son frère en amour de Paname, les cabarets aux enseignes de bois d'épave, Paris des maléfices et des enchantements, des maisons ou des ponts maudits, et les surgissements silencieux du Vieux d'après-Minuit (qui, sur la photo, de Doisneau?, ressemble tellement à Moustaki!), et le dormeur du Pont-au-Double, qui guérit dans son sommeil…. Paris de la guerre aussi, avec ses mouchards et ses Chleuhs, ses agents de liaison et ses radios clandestines… Paris du "mystère et boule de gomme", des morts inexplicables et des catastrophes récurrentes, univers parallèle fascinant, inquiétant… et drôle.

Il y a des dessins de l'auteur, des photos de Doisneau.
J'ai adoré ce livre, que je n'ai pas fini de relire.
11 janvier 2009 : En musant à la recherche de Caradec, trouvé ceci sur le site "L'Alamblog" : http://www.lekti-ecriture.com/blogs/alamblog/index.php/post/2008/08/26/Jacques-Yonnet-un-autre-portrait