Quatre jour complets près de cet arbre - terminales spécialité histoire des arts du lycée de l'Authie

Quatre jours complets près de cet arbre.

D'abord on a rempli le vide, sans téléphone, seuls, sans enseignant, sans trop de consigne claire, on s'est rattaché naturellement à ce qu'on connaissait : on a fait de la peinture, de la musique, du dessin, des poèmes avec cet arbre, pour lui, devant lui, selon chacun.

Et puis, le temps, il en restait, alors on s'est d'abord un peu ennuyé, et on a bien fini par réussir à sortir un peu de notre zone de confort. On a observé vraiment, on s'est perdu et puis de nombreuses réflexions, questions sont arrivées. Comment on fait pour oublier ce qu'on sait ? Comment on trouve une connaissance locale, en oubliant ce qu'on croit connaitre déjà. Comment on trouve une posture d'apprentissage autrement qu'assis devant un professeur ? Comment on trouve des choses soi-même sans recourir aux livres ou à internet ?

On a observé les relations de cet arbre, les vivants autour. Cet arbre, il est retiré du mouvement du lycée, des interactions sociales évidentes, c'est d'ailleurs aussi pour ça qu'on l'a choisi, pour être tranquilles. Et puis finalement, on s'est rendu compte d'abord que les centres, ça s'invente, l'arbre est devenu le centre. Et avant cela, on s'est rendu compte que dans cet endroit invisible, il y avait du passage : techniciens, jardiniers, femmes de ménage, infirmière, cuisiniers du lycée y passaient quotidiennement, et même, connaissaient cet arbre. Tous ces invisibles dans les endroits invisibles, on a relié.

On a aussi observé comment nos corps savaient des choses que nous ne savions pas. Assis, debout, allongé, le matin, le soir, quand j'ai faim, quand j'ai chaud, je ne réfléchis pas pareil. On est aussi passés de la notion de décor à celle de paysage, on a marché, on a interrogé le lien entre le fait de dominer la nature et dominer les femmes, les pauvres, les personnes racisées.

On s'est demandé ce que voyait et entendait cet arbre, lui qui ne parle pas.

On s'est dit que peut-être on s'offrirait à nouveau des moments suspendus comme celui-ci.

 

 

 

 


 

 

 

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