Ce mardi 7 février, un comédien professionnel – Benjamin ZIZIEMSKI, est venu interpréter L’Etranger d’après Camus dans la salle Jamet au Lycée HENRI MARTIN
Compagnie Théâtre de l’Horizon Adaptation et Mise en scène : Joël Lagarde
Avec : Benjamin Ziziemsky
Durée 1 h 15 2 séances : MARDI 7 février 2012 10h -12h ou 14h – 16h (avec débat)

 Derrière les barreaux, Meursault livre sans concession ni fioriture son « affaire » dans une succession d’analepses (=flash-back). Il y a le télégramme « Mère décédée, enterrement demain », le voisin Raymond, l’accablante chaleur, les arabes et le procès. Face à un monde agité et figé dans ses certitudes, Meursault, seul dans sa cellule, dévoile les limites de nos sociétés où « toute personne qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère est susceptible d’avoir la tête tranchée. » On le découvre cruellement vrai. Il nous renvoie avec violence la nature de nos rapports à l’autre, à nos petits jeux féroces qui dévorent notre humanité … C’est un nouveau montage du texte qui sera ici proposé. Un texte reconstruit qui propose une autre temporalité. Meursault, seul en scène, se met à nu avec toute la fougue et la vigueur de sa jeunesse ! LA PAROLE EST A L’ACCUSE.
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D'emblée, les spectateurs sont étonnés « L'étranger ? Au théâtre ? Le livre ne fait-il pas presque 200 pages ? » et impressionnés « t'imagines, pour la mémorisation du texte ?! » . En effet , l'idée de transposer un roman au théâtre n'est pas nouvelle, le plus déroutant, c'est bien le choix de l'auteur . Aux questions des élèves, le comédien répondra après la représentation.
Dans la salle Jamet nous sommes accueillis par deux professeurs de lettres féminines : Dames Théo et Abraham. La salle, un peu trop petite pour l'ensemble des élèves, la représentation aura lieu deux fois : le matin et l'après-midi. Il y a très peu d'espace entre la maigre scène du comédien et les chaises des spectateurs, le chauffage fonctionne à bloc. Des chaises supplémentaires, vite ! La salle et la tension sont à leur comble. Le comédien est dans la coulisse. La chaleur monte, la lumière irradie, s'éteint, les projecteurs s'allument.
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Que le spectacle commence… Sur scène, une modeste bassine, un broc d’eau, une chaise noire dont les barreaux ne sont pas sans rappeler, par métonymie, ceux de la prison. Des rideaux, noirs, entourent le plateau .Pas de décor, sobre mise en scène. C'est sur le monologue qu'il va falloir se concentrer. Sur la langue de Camus que nous rêverons. Benj2.jpg
Quelques 2 heures plus tard, c'est terminé. Impressions ? Superbe, à l'unanimité. Nous avons vécu avec lui, voyagé avec lui, nous avons tué avec lui, nous étions témoins de sa vie. L'étranger, roman que les élèves veulent désormais lire, le comédien a réussi son boulot. Après le spectacle, il reste en scène, des questions sont posées, il y répond malgré la fatigue. Qu'est ce qui vous a donné envie de mettre Camus, l'étranger au théâtre ? Demande une première lycéenne. Il répondra qu'il « apprécie particulièrement Camus » l'impact de ses mots, son style, et que cette envie date de ses 17 ans. Une autre demandera pourquoi la mise en scène est si sobre, et à cela Benjamin répondra que c'est l'aspect pragmatique qui a dominé, il faut qu'il transporte son décor avec lui dans sa voiture, et il ne peut pas, par conséquent, se permettre des objets trop lourds ou trop encombrants. Aussi, il mentionnera qu'il n'y a pas besoin de véritable décor pour l'étranger, le but étant de stimuler l'imagination du spectateur et de le faire voyager par les mots, les émotions.