Vers 15h00: Rideau et bouches béantes à la première note. Arrivés pile à l’heure, nous fûmes installés rapidement sur des sièges de velours aux premiers rangs, et prévenus que nous allions être les tout premiers spectateurs de jeunes chanteurs et musiciens à peine sortis du Conservatoire national de Paris
Le rideau s'ouvrit brusquement, la tension montait. Tous enfoncés dans leurs sièges, les élèves furent bouche bée à l'écoute de la première note: l'introduction musicale fut impressionnante pour des lycéens n'ayant jamais assisté à un concert de musique classique.
Une suite de lettres jaunes énormes posées à même la scène se dévoile, le spectateur lit peu à peu le mot "Chapellerie", sur les lettres "ap" et "ri" sont posées des tables. Une jeune fille assise embrassa un petit animal qu'elle tenait dans les mains, puis disparut dans l'ombre. Une servante, la "bonne" de la maison, arriva. Elle chanta alors en tant que soliste; "Dans une famille, qu'est-ce que ça gueule!"; tout en servant le petit déjeuner. Elle se plaignait de la façon de la traiter et des caprices de la maisonnée. Les oreilles des premières rangées bourdonnèrent aux premiers mots: la puissance des voix lyriques n'était plus à démontrer. Arriva alors la famille au complet: la jeune fille déjà aperçue au début, le père, l'air sévère, et la mère en bigoudis. Tous trois commencèrent alors à se plaindre de leur petit déjeuner. Le père prit alors la situation en main; il s'affirma alors clairement comme le chef de famille. Cette fois-ci, les premières rangées furent clouées sur place par la puissance du baryton énervé. 
La pièce raconte les déboires sentimentaux d'une famille de la riche bourgeoisie commerçante. La famille est propriétaire d'une chapellerie: la pièce est centrée autour d'une image emblématique, l'homme invisible, son chapeau melon flottant dans l'espace. Cette image est à la fois partie intégrante de l'œuvre de Magritte (ex: Le pèlerin, Surréalisme) et la couverture d'une œuvre de H. G. Wells, The Invisible man (on s'en serait douté). Prosper, le père (j'ai capté ce nom au hasard avant la pièce cela vient peut-être de la présentatrice), qui s’ennuie dans sa vie de couple, écrit une annonce dans un journal pour rencontrer l'âme soeur.
Dans le même temps, un homme, tombé amoureux de sa femme se rend plusieurs fois par jour à la boutique pour essayer de la voir, - et à chaque fois, il achète un chapeau melon – toujours très loufoque dans la mise-en-scène. Parallèlement à cela, la fille se fait un amant élégant. Peu de temps après, le père reçoit une réponse à son annonce de la part d'une Comtesse. Il était loin d'imaginer qu'il recevrait également des réponses de sa femme et de sa fille !!! dont il reconnaît les écritures. Exaspéré contre elles, il décide de s'en venger. Il fomente alors un coup: il loue une villa en bord de mer et donne rendez-vous à ladite comtesse dans la chalcographie du musée du Louvre (galerie où l’on expose des gravures sur cuivre). mais la comtesse se révèle être sa bonne, qui a en outre « emprunté » une robe de sa femme. C'en est trop pour lui. - Rideau. Applaudissements.
Nous n'en saurons malheureusement pas plus -. Tout s’arrangera à la villa de Biarritz, où la Comtesse-bonne épousera le propriétaire de la villa, madame et monsieur reviendront l’un à l’autre, et la fille épousera son jeune soupirant.

  • Vers 16h50: Retour vers la Picardie, pluie et boue en avant-première. (Notez l'élément étrange de ce trajet retour: il s'est mis à pleuvoir aussitôt le bus arrivé en Picardie, le panneau l'attestait. Cela ne rappelle pas à quelques uns une scène du film, Bienvenue chez les Ch'tis ?) Nous sommes donc remontés dans notre omnibus. Au moment de sortir les baladeurs, nos mains se sont ravisées; en effet, un groupe de filles du fond – les terminales L - avaient commencé à chanter. Elles nous interprétèrent donc une grande partie des classiques de Disney et des chansons françaises accompagnées et encouragées par Madame Orosco, bien malheureuses de voir la foule si passive.
  • Vers 18h10: Arrivée au Lycée, Home, sweet home ! Un à un les élèves prirent donc congé des professeurs. Ces derniers durent attendre, grelottant sous la pluie que le dernier d'entre eux soit parti. Mon père m’attendait, sous la pluie, depuis 17h35... C'est ainsi, à travers des sorties pédagogiques, que nous enrichissons notre infime culture et que nous appréhendons, de façon très conviviale, le plaisir de découvrir et d'apprendre.