Éloge d’un lycée de proximité. Par Baptiste Carré, 3ème année de Sciences Po Paris, ancien élève
Par Baptiste C. le vendredi, février 11 2011, 13:04 - Débats et opinions - Lien permanent
Je suis fier d’avoir fait des études au Lycée Lamarck

« Et toi ? Tu viens de quel lycée ? »
Cette question est l'une des premières que l'on se pose entre étudiants qui font connaissance. Et les étudiants de l'IEP Sciences Po Paris ne font pas exception. C'est pourquoi, alors que nous longions les boutiques de luxe et les hauts-lieux de la vie intellectuelle d'après-guerre, j’ai toujours été fier de répondre que je venais du Lycée Jean-Baptiste Lamarck à Albert. Sachant que la plupart de mes camarades avaient précédemment cité des lycées dont on est au moins capable de situer la ville sur une carte, je m'empresse de préciser : « C'est un lycée de l'Est de la Somme, à une trentaine de kilomètres d'Amiens ». Cette fierté peut peut-être surprendre : pourquoi risquer ainsi de passer pour un « bouseux » sorti d'une ténébreuse campagne, au milieu du clinquant des magasins Giorgio Armani, Sonia Rykiel… et des dernières étincelles du Café de Flore ? C'est de la reconnaissance. En effet, je ne peux pas affirmer que je serais là où je suis si je n'étais pas allé au Lycée Lamarck. Au fil des discussions avec mes camarades de Sciences Po, j'ai distingué trois atouts majeurs du Lycée Lamarck, qui devraient intéresser les collégiens actuellement en train de s'orienter et de choisir leur futur établissement. Trois atouts majeurs Le premier fera peut-être sourire, tant il peut paraître anodin : être au Lycée à Albert, ce n'est pas être à Amiens, et donc c'est avoir à subir moins de temps de trajet. Vous avez bien lu : être au Lycée Lamarck, c'est bien parce que l'on a moins de temps de trajet lycée-domicile. Cela n'est pas défendre un droit à la paresse ni être partisan du moindre effort. Ce fait prosaïque est au contraire intimement lié au principe de l'égalité des chances, sur lequel est fondée notre République. Ce principe veut que deux personnes, quelle que soit leur origine sociale, territoriale et culturelle, qui consentent à des efforts d'égale intensité accèdent à la même réussite. Ce n'est pas l'égalité des conditions, où certes chacun peut réussir, mais où l'on accepte que certains auront pour cela à faire beaucoup plus d'efforts que les autres.

« Et toi ? Tu viens de quel lycée ? »
Cette question est l'une des premières que l'on se pose entre étudiants qui font connaissance. Et les étudiants de l'IEP Sciences Po Paris ne font pas exception. C'est pourquoi, alors que nous longions les boutiques de luxe et les hauts-lieux de la vie intellectuelle d'après-guerre, j’ai toujours été fier de répondre que je venais du Lycée Jean-Baptiste Lamarck à Albert. Sachant que la plupart de mes camarades avaient précédemment cité des lycées dont on est au moins capable de situer la ville sur une carte, je m'empresse de préciser : « C'est un lycée de l'Est de la Somme, à une trentaine de kilomètres d'Amiens ». Cette fierté peut peut-être surprendre : pourquoi risquer ainsi de passer pour un « bouseux » sorti d'une ténébreuse campagne, au milieu du clinquant des magasins Giorgio Armani, Sonia Rykiel… et des dernières étincelles du Café de Flore ? C'est de la reconnaissance. En effet, je ne peux pas affirmer que je serais là où je suis si je n'étais pas allé au Lycée Lamarck. Au fil des discussions avec mes camarades de Sciences Po, j'ai distingué trois atouts majeurs du Lycée Lamarck, qui devraient intéresser les collégiens actuellement en train de s'orienter et de choisir leur futur établissement. Trois atouts majeurs Le premier fera peut-être sourire, tant il peut paraître anodin : être au Lycée à Albert, ce n'est pas être à Amiens, et donc c'est avoir à subir moins de temps de trajet. Vous avez bien lu : être au Lycée Lamarck, c'est bien parce que l'on a moins de temps de trajet lycée-domicile. Cela n'est pas défendre un droit à la paresse ni être partisan du moindre effort. Ce fait prosaïque est au contraire intimement lié au principe de l'égalité des chances, sur lequel est fondée notre République. Ce principe veut que deux personnes, quelle que soit leur origine sociale, territoriale et culturelle, qui consentent à des efforts d'égale intensité accèdent à la même réussite. Ce n'est pas l'égalité des conditions, où certes chacun peut réussir, mais où l'on accepte que certains auront pour cela à faire beaucoup plus d'efforts que les autres.
Imaginons maintenant qu'il n'y ait pas de Lycée Lamarck : celui ou celle qui habite Albert, Sailly-le-Sec ou Curlu et qui sera rentré chez lui à 19h, 19h30 voire 20h pourra-t-il fournir les mêmes efforts que l'Amiénois qui est rentré chez lui une demi-heure après avoir quitté le lycée ? Lorsque j'étais à Lamarck je rentrais chez moi vers 18h20-18h30, soit trois quarts d'heure après la fin des cours. Il me restait donc suffisamment de temps pour travailler, et j'avais tout le loisir d'approfondir par des lectures les connaissances apprises en cours. On dira peut-être que le temps de trajet est négligeable, et les conteurs du monde merveilleux de l'homo aeconomicus nous diront que quand on veut on peut, et que les individus rationnels arbitreront entre loisirs présents et loisirs futurs, etc...
A ces théories magnifiques, je répondrai par mon expérience : lorsque je rentrais plus tard parce que le bus était en retard, j'avoue que je n'avais pas très envie de m'asseoir à mon bureau après une demi-heure d'attente dehors et une autre de transports.
Le deuxième atout du Lycée Lamarck, ce sont les conditions d'étude. Avant qu’il ne soit considéré comme naturel que les classes soient très chargées, il était fréquent d’y voir des effectifs, sinon réduits, du moins peu nombreux. Quant au lieu, s’il est très étendu, les salles y sont claires, les bâtiments remarquablement propres, le paysage agréable. Il y a au lycée Lamarck un CDI vaste, clair et bien pourvu en livres et en revues, des salles d’étude, deux foyers… On y propose des heures d’étude dirigée, des oraux blancs, de façon à la fois informelle et rigoureuse.
Les 1ère L en atelier d'écriture avec Odile Glinel, écrivain
Importance de la culture
Le lycée offre des enseignements variés, et toutes sortes d’expériences pédagogiques ou culturelles. Lors de mes études, j’ai pu suivre une option facultative de latin sans aller pour cela dans un lycée amiénois, j’ai été lauréat d’un concours d’écriture autour de la guerre de 14 qui m’a permis de faire un voyage à Terre-Neuve.
J’ai participé en 1ère au Prix Goncourt des Lycéens , et, comme délégué élu par mes camarades, je suis allé les représenter à Metz. j’ai effectué un séjour dans une Académie Européenne à Otzenhausen dans la Sarre - où j’ai rencontré des lycéens allemands - , et une visite à Luxembourg au siège du Conseil Européen. Sans compter les très nombreuses sorties au théâtre qui nous ont été proposées au fil des années.
Un lycée à taille humaine
Autre qualité du Lycée Lamarck, sa taille humaine : une cantine où l'on peut entrer sans avoir à attendre longtemps, une Vie Scolaire accessible et attentive aux problèmes individuels... un décor paysagé où l’on respire à l’aise. On est loin des centaines de lycéens et d'étudiants de la Cité scolaire d'Amiens, de la cohue de la gare d'Amiens, des rues et des bus bondés d’Amiens Cœur de Ville.
Une certaine idée de la République : un peu d’histoire
Le troisième caractère du Lycée Lamarck est celui qui me tient le plus à cœur et qui m'a le plus apporté : il porte une certaine idée de la République. Sur les ruines de la société d'avant 1940, les membres du Conseil National de la Résistance déclarèrent que, pour que l'égalité et la démocratie plus jamais ne soient menacées, l'égalité et la démocratie ne devaient pas être seulement civiques. Cette idée s'est retrouvée dans l'Éducation : à l’image de l’enseignement primaire, il fallait désormais que la communauté nationale permette l'accès de tous à l'éducation secondaire et supérieure . C'est ainsi que dans les années 60 et 70 ont été construits des lycées, afin de concrétiser cette noble ambition. Le Lycée Lamarck était l'un deux. Une carte scolaire a été dessinée afin que les lycées ne soient pas des ghettos sociaux, mais un lieu de mixité sociale. Hélas, alors que la géographie évoluait et que les passe-droits se multipliaient, la carte scolaire ne remplissait plus son rôle. Et au lieu de la redessiner, on l'a supprimée... Chacun allant où il veut, surtout les enfants issus de famille suffisamment aisées et connaissant le système, les lycées se sont ghettoïsés.
Un lieu de mixité sociale
Mais au Lycée Lamarck, la contrainte de transports permet encore la mixité sociale : on ne peut pas lorsqu'on habite Beaumont-Hamel choisir le lycée mieux coté de l'autre côté du boulevard, comme à Amiens. C'est ce qui fait qu'au Lycée Lamarck, qui est à la fois un Lycée Général et Technologique et un Lycée Professionnel, des individus de toutes les origines sociales se mêlent : le fils de l'ouvrière du textile dont l'emploi a été délocalisé, la fille d'agriculteur, le fils de l'employée de la banque locale, la fille du cadre, etc. Tous les avenirs aussi se mêlent : de la classe préparatoire au BEP secrétariat, du BTS Maintenance des Automatismes Industriels à Sciences Po, de la Faculté de Droit au Bac pro Technicien d'usinage. Telles sont les raisons qui me poussent à vous inviter fortement, collégiens qui vous destinez à entrer en Seconde, à choisir le Lycée Lamarck. Si vous êtes tentés par les lycées d'Amiens, leur réputation, leurs options attrayantes, sachez que la réputation n'est souvent qu'un amas de rumeurs, de préjugés et de statistiques à qui l'on fait dire plus que ce qu'elles signifient. Peut-être vos parents sont-ils inquiets et craignent-ils pour votre sécurité. Qu’ils se rassurent : Si les fléaux sociaux que sont l’alcool, la drogue ou la violence existent à Lamarck comme ailleurs (et de manière très réduite à ce que j'en ai vu), croyez-vous vraiment qu'il existe un lycée où cela n'existe pas ?
Pour clore mon témoignage…. Pour ma part, je suis sorti du Lycée Lamarck avec un bac ES mention TB, et je suis entré aussitôt à Sciences Po Paris sur dossier. Les classes préparatoires prestigieuses n’ont pas boudé mes camarades, et nombreux sont ceux de Lamarck qui ont fait d’excellentes études. Voilà pourquoi se « taper » une bonne heure de transports avec tous les aléas que cela implique pour aller dans un Lycée amiénois « qui a bonne réputation », cela n'en vaut pas la peine ! Bornez-vous à 30 minutes de train ou de bus, pour rejoindre un Lycée où l'administration n'est pas une industrie, où les profs se soucient de vous et de votre culture, dans une filière et une classe où vous préparerez sereinement votre avenir.
À vous, futurs lycéens, Bienvenue au Lycée Jean-Baptiste Lamarck !
Avril 2010
NB : Les écrivains présents sur la scène du Grand Théâtre de Troie à l'occasion d'une rencontre dans le cadre du Goncourt sont Gilles Lapouge, Antoine Audouard, Amélie Nothomb et Christophe Bataille.
A ces théories magnifiques, je répondrai par mon expérience : lorsque je rentrais plus tard parce que le bus était en retard, j'avoue que je n'avais pas très envie de m'asseoir à mon bureau après une demi-heure d'attente dehors et une autre de transports.
Le deuxième atout du Lycée Lamarck, ce sont les conditions d'étude. Avant qu’il ne soit considéré comme naturel que les classes soient très chargées, il était fréquent d’y voir des effectifs, sinon réduits, du moins peu nombreux. Quant au lieu, s’il est très étendu, les salles y sont claires, les bâtiments remarquablement propres, le paysage agréable. Il y a au lycée Lamarck un CDI vaste, clair et bien pourvu en livres et en revues, des salles d’étude, deux foyers… On y propose des heures d’étude dirigée, des oraux blancs, de façon à la fois informelle et rigoureuse.

Importance de la culture
Un lycée à taille humaine
Autre qualité du Lycée Lamarck, sa taille humaine : une cantine où l'on peut entrer sans avoir à attendre longtemps, une Vie Scolaire accessible et attentive aux problèmes individuels... un décor paysagé où l’on respire à l’aise. On est loin des centaines de lycéens et d'étudiants de la Cité scolaire d'Amiens, de la cohue de la gare d'Amiens, des rues et des bus bondés d’Amiens Cœur de Ville.
Une certaine idée de la République : un peu d’histoire
Le troisième caractère du Lycée Lamarck est celui qui me tient le plus à cœur et qui m'a le plus apporté : il porte une certaine idée de la République. Sur les ruines de la société d'avant 1940, les membres du Conseil National de la Résistance déclarèrent que, pour que l'égalité et la démocratie plus jamais ne soient menacées, l'égalité et la démocratie ne devaient pas être seulement civiques. Cette idée s'est retrouvée dans l'Éducation : à l’image de l’enseignement primaire, il fallait désormais que la communauté nationale permette l'accès de tous à l'éducation secondaire et supérieure . C'est ainsi que dans les années 60 et 70 ont été construits des lycées, afin de concrétiser cette noble ambition. Le Lycée Lamarck était l'un deux. Une carte scolaire a été dessinée afin que les lycées ne soient pas des ghettos sociaux, mais un lieu de mixité sociale. Hélas, alors que la géographie évoluait et que les passe-droits se multipliaient, la carte scolaire ne remplissait plus son rôle. Et au lieu de la redessiner, on l'a supprimée... Chacun allant où il veut, surtout les enfants issus de famille suffisamment aisées et connaissant le système, les lycées se sont ghettoïsés.
Un lieu de mixité sociale
Mais au Lycée Lamarck, la contrainte de transports permet encore la mixité sociale : on ne peut pas lorsqu'on habite Beaumont-Hamel choisir le lycée mieux coté de l'autre côté du boulevard, comme à Amiens. C'est ce qui fait qu'au Lycée Lamarck, qui est à la fois un Lycée Général et Technologique et un Lycée Professionnel, des individus de toutes les origines sociales se mêlent : le fils de l'ouvrière du textile dont l'emploi a été délocalisé, la fille d'agriculteur, le fils de l'employée de la banque locale, la fille du cadre, etc. Tous les avenirs aussi se mêlent : de la classe préparatoire au BEP secrétariat, du BTS Maintenance des Automatismes Industriels à Sciences Po, de la Faculté de Droit au Bac pro Technicien d'usinage. Telles sont les raisons qui me poussent à vous inviter fortement, collégiens qui vous destinez à entrer en Seconde, à choisir le Lycée Lamarck. Si vous êtes tentés par les lycées d'Amiens, leur réputation, leurs options attrayantes, sachez que la réputation n'est souvent qu'un amas de rumeurs, de préjugés et de statistiques à qui l'on fait dire plus que ce qu'elles signifient. Peut-être vos parents sont-ils inquiets et craignent-ils pour votre sécurité. Qu’ils se rassurent : Si les fléaux sociaux que sont l’alcool, la drogue ou la violence existent à Lamarck comme ailleurs (et de manière très réduite à ce que j'en ai vu), croyez-vous vraiment qu'il existe un lycée où cela n'existe pas ?
Pour clore mon témoignage…. Pour ma part, je suis sorti du Lycée Lamarck avec un bac ES mention TB, et je suis entré aussitôt à Sciences Po Paris sur dossier. Les classes préparatoires prestigieuses n’ont pas boudé mes camarades, et nombreux sont ceux de Lamarck qui ont fait d’excellentes études. Voilà pourquoi se « taper » une bonne heure de transports avec tous les aléas que cela implique pour aller dans un Lycée amiénois « qui a bonne réputation », cela n'en vaut pas la peine ! Bornez-vous à 30 minutes de train ou de bus, pour rejoindre un Lycée où l'administration n'est pas une industrie, où les profs se soucient de vous et de votre culture, dans une filière et une classe où vous préparerez sereinement votre avenir.
À vous, futurs lycéens, Bienvenue au Lycée Jean-Baptiste Lamarck !
Avril 2010
NB : Les écrivains présents sur la scène du Grand Théâtre de Troie à l'occasion d'une rencontre dans le cadre du Goncourt sont Gilles Lapouge, Antoine Audouard, Amélie Nothomb et Christophe Bataille.
Commentaires
Totalement d'accord.
Le Lycée Lamarck n'est pas une décharge où vont tous les "bouseux" de Picardie! Pour ma part je pense que quelqu'un qui veut progresser et réussir le fera si il s'en donne les moyens. Il faut arrêter de justifier l'échec scolaire d'un tel par son appartenance à un certain lycée ! Le Lycée Lamarck "relâche" chaque année avec une mention en poche de très bons élèves qui vont briller dans les cycles d'études supérieurs.
Je pense que cette appréhension à aller au Lycée Lamarck est causée par la mauvaise publicité diffusée par exemple par le Journal local ( bien que de bons articles soient parus récemment. ) et par certains élèves eux-mêmes. Avant même d'être rentré au Lycée, on a déjà entendu des bruits par les élèves déjà présents sur tel ou tel professeur, par exemple. Après avoir passé ma seconde à Lamarck, et sans prendre de cours complémentaires, j'arrive en 1e S avec des bases solides. Il faut juste travailler.
Pour finir, il faut aussi dire que des professeurs de 3e font tout, ou presque pour nous pousser à aller sur Amiens.
Voilà, moi aussi je serai fier de dire que j'ai fait ma scolarité à Lamarck plutôt qu'à Amiens.